20 juin 1996 |
Plusieurs premières ont marqué les sept cérémonies
de collations de grades qui ont eu lieu en deux fins de semaine consécutives,
les 8, 9, 15 et 16 juin, au pavillon de l'Éducation physique et des
sports.
Pour la première fois, depuis plus de 20 ans, les finissants et les
finissantes du baccalauréat, de la maîtrise et du doctorat
ont reçu ensemble le diplôme sanctionnant la fin de leur cycle
d'études. D'autre part, la Faculté des lettres, la Faculté
de philosophie et le Programme de baccalauréat multidisciplinaire
(ou bac général) ont joint, cette année, le cortège
des unités participantes. La Faculté d'architecture et d'aménagement,
de son côté, a déplacé du Vieux Séminaire
à la cité universitaire la scène de sa collation.
Autre première: l'Université Laval a diplômé,
en 1995-1996, un nombre record de 233 docteurs et docteures. Au total, ce
sont 7 469 diplômes que le Bureau du secrétaire général
aura émis pour les trimestres d'automne 1995 et d'hiver 1996, dont
5 872 au seul 1er cycle.
Les sept collations de grades ont attiré plus de 12 000 personnes
dans le stade couvert du PEPS, c'est-à-dire quelque 3 000 étudiants
et étudiantes accompagnés des parents, conjoints, enfants
ou amis, auxquels il faut ajouter professeurs et professeures, et invités
spéciaux.
Le meilleur de deux mondes
La cohabitation des trois cycles d'études au sein d'une seule et
même collation a quelque peu modifié l'allure que prenait auparavant
la cérémonie traditionnelle dans ses versions séparées.
Ainsi sont disparus les présidents ou les présidentes d'honneur
(sauf en Sciences de l'administration) sous le patronage desquels on avait
l'habitude de placer la tenue de la collation des grades du 1er cycle.
Un des bons côtés de cette fusion du cérémonial
des grades: nombre de bacheliers et de bachelières auront été
témoins de gestes posés uniquement lors des collations des
cycles supérieurs. Plusieurs parmi eux ont pu de la sorte assister
à la remise d'un des neuf doctorats d'honneur décernés,
cette année, à une personnalité de renommée
nationale ou internationale, et à la proclamation d'un ou de quelques
professeurs émérites.
L'ultime fête soulignant la fin de l'aventure universitaire ou, pour
certains et certaines, de l'un de ses épisodes, comporte son décor,
son décorum et son apparat communs, ses mots dits, ses actes posés
devant la toile de fond d'une simplicité solennelle. Mais chaque
séance réussit à conserver son caractère distinctif,
son cachet propre.
Chaque fois, c'est sur les premières mesures d'une chaconne tirée
de The Fairy Queen de Purcell, interprétée par les talentueux
membres du quatuor Romance de l'École de musique, que s'est mis en
branle le défilé universitaire ouvrant les festivités,
précédé d'un porteur ou d'une porteuse de masse. Puis,
c'est sur ces mêmes mesures que la procession de dignitaires mettra
fin à la célébration en quittant la salle, une heure
et demie ou deux heures plus tard.
D'esprit et de coeur
L'un après l'autre, chacun des débuts de rencontre a été
le moment choisi par le recteur Michel Gervais pour louer la détermination
et la persévérance dont ont fait preuve les étudiants
et les étudiantes qui ont réussi à mener à terme
leur projet. «Il y a toujours de la place dans la société
et sur le marché du travail pour ceux et celles qui ont un idéal,
de l'ambition, et une bonne formation de base», les a-t-il encouragés.
Dinh N. Nguyen, doyen de la Faculté des études supérieures,
n'a pas manqué de remercier à chaque reprise, dans son message
final, les finissants fraîchement diplômés et diplômées
qui ont permis à l'Université de continuer à apprendre.
«L'Université Laval a été au centre de votre esprit
au cours des dernières années. J'espère qu'après
l'avoir quittée, vous la garderez dans votre coeur», a-t-il
lancé.
Un Nobel se souvient
C'est avec le secteur des sciences de la santé qui le bal des graduations
a débuté, le samedi 8 juin à 16 h. Des diplômes
ont été remis aux finissants et aux finissantes des trois
cycles de la Faculté de médecine, de la Faculté de
médecine dentaire, de l'École de pharmacie et de l'École
des sciences infirmières. Les professeurs André J. Collet,
Jacques Leblanc, Paul-J. Lupien et André Moisan ont été
proclamés «émérites».
Roger Guillemin, Prix Nobel de médecine (1977), Wendy Cukier et Heidi
Rathjen, cofondatrices de la Coalition pour le contrôle des armes
à feu, se sont vu décerner, pour leur part, des doctorats
honoris causa. Le Prix Nobel de médecine a profité de la tribune
qui lui était offerte pour rendre un vibrant hommage à Claude
H. Fortier, regretté professeur de l'Université Laval, qui,
a-t-il avoué, lui a appris la rigueur scientifique. Roger Guillemin
a également souligné au passage la «qualité internationale»
des travaux du docteur Fernand Labrie. «On peut pratiquer et aider
autant auprès du lit que dans un laboratoire», s'est-il plu
à rappeler aux diplômés.
Une université reconnue
Le lendemain, à 10 h 30, c'était au tour des finissants et
des finissantes des facultés de Foresterie et de géomatique
et de Sciences de l'agriculture et de l'alimentation de recevoir leur parchemin.
Le moment fort de la séance: la remise d'un doctorat d'honneur à
Jacques Diouf. Le directeur général de l'Organisation des
Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) n'a pas caché
la très haute estime qu'il éprouve à l'égard
de l'Université Laval, un «motif de fierté pour le Canada
et pour le Québec», un «élément important
de développement national» et une expertise «reconnue dans
le monde». L'Association des étudiantes et des étudiants
de Laval inscrits aux études supérieures (ÆLIÉS)
a par ailleurs donné son prix pour la meilleure thèse de doctorat
à Christian Bélanger, étudiant de microbiologie.
En fin d'après-midi, la Faculté des sciences et de génie
occupait à son tour le stade couvert du PEPS. Là encore, une
remise de doctorat d'honneur a rehaussé la cérémonie.
La personne honorée: William Claude Leggett, principal et vice-chancelier
de l'université Queen's, dont les travaux de recherche en écologie
des poissons ont, selon le doyen André Cardinal, profondément
marqué le monde scientifique. «Vous possédez une éducation
unique grâce à une université extraordinaire»,
a confié W. C. Leggett aux nouveaux et nouvelles diplômés
de la faculté.
La Faculté des sciences et de génie a également décerné
des prix Summa à quatre de ses membres et diplômés:
Jean-Yves Leblanc, président du Groupe matériel de transport
Amérique du Nord de Bombardier inc.; Pierre Reid, recteur de l'Université
de Sherbrooke; Jules Thibault, professeur titulaire au Département
de génie chimique; et Denis Poussart, professeur titulaire au Département
de génie électrique et de génie informatique. Monique
Poulin, étudiante de biologie, a, quant à elle, mérité
la médaille d'argent du Gouverneur général du Canada
pour l'excellence de son dossier scolaire.
La vraie réussite
Le stade couvert du PEPS aura été le théâtre,
le samedi 15 juin, à la fois de la cérémonie la plus
courte ­p; celle de la Faculté des sciences de l'administration,
en matinée, d'une durée d'une heure et 20 minutes ­p; et
de la plus longue de la série ­p; celle des facultés de
Droit et de Sciences sociales, dont la «longueur» a atteint les
deux heures et 30 minutes.
Présentée sous la présidence d'honneur de Denis Jalbert,
chef de la direction des Aliments Krispy Kernels inc., la collation de la
Faculté des sciences de l'administration fut relativement brève
mais fort goûtée de l'auditoire. Celui-ci semble d'ailleurs
avoir particulièrement apprécié le témoignage
(saupoudré d'exemples alimentaires) du président d'honneur,
qui a divulgué ses cinq ingrédients du succès: information,
intégrité, travail, chance et persévérance.
Nabil Khoury qui, incidemment, participait à sa dernière
collation de grades à titre de doyen, devait renchérir plus
tard: «Il y a beaucoup plus que le succès en affaires. La vraie
réussite est celle que l'on atteint par l'estime de soi.»
La séance de collation des facultés de Droit et de Sciences
sociales a suivi vers 16 h 40. Jean-Paul Montminy y a été
proclamé professeur émérite. Le sociologue Guy Rocher,
professeur titulaire de l'Université de Montréal, et l'anthropologue
Nicole-Claude Mathieu, théoricienne au Laboratoire d'anthropologie
sociale de Paris, ont alors revêtu l'épitoge réservée
aux récipiendaires d'un doctorat honorifique.
L'ÆLIÉS a remis des prix d'excellence à Stéphane
Bouchard (psychologie), pour la meilleure thèse de doctorat, et à
Claudette Moïse (études féministes), pour le meilleur
dossier scolaire de 2e cycle. La Faculté des sciences sociales rend
hommage annuellement, à l'occasion de sa collation des grades, à
un diplômé ou une diplômée en sciences sociales
«dont le rayonnement et la contribution à l'avancement de la
société, au pays ou à l'étranger, dans des domaines
liés à leur formation universitaire, ont été
particulièrement remarquables». La médaille d'honneur
Georges-Henri-Lévesque pour l'année 1996 est allée
à Louise Bellavance, membre de la communauté des Soeurs de
la Charité de Québec et fondatrice du Service Handi A., un
centre communautaire pour personnes sourdes.
Fais ce que dois
La série des collations de grades a pris fin le dimanche 16 juin
avec la présentation des deux cérémonies auxquelles
ont participé, en avant-midi, les facultés de Philosophie,
de Sciences de l'éducation, de Théologie, et le Programme
de baccalauréat multidisciplinaire, et en après-midi, les
facultés d'Architecture et d'aménagement, des Arts, et de
Lettres.
L'Université a décerné un doctorat en sciences de l'éducation
honoris causa à la journaliste Lise Bissonnette. La directrice du
quotidien Le Devoir a livré, pour l'occasion, un long et percutant
«éditorial» sur l'éducation au Québec qui
lui a valu non seulement une salve d'applaudissements bien nourris, mais
également une ovation debout tant de la part des dignitaires présents
sur scène que de l'assistance remplissant le stade couvert. (On trouvera
le texte de son allocution en page 7 du présent numéro). Un
doctorat d'honneur a finalement été remis à Jerzy Soltan,
architecte et professeur émérite de l'Université Harvard.