6 juin 1996 |
Connaissez-vous René Richard? Si ce nom vous est inconnu, il ne
l'est certes plus pour les 17 étudiantes et étudiants de l'École
d'architecture qui ont peiné dur et fort durant d'innombrables heures
sur un projet de centre commémoratif dédié à
la mémoire de cet illustre peintre québécois d'origine
suisse.
Dans le cadre d'un atelier de composition architecturale portant sur le
thème des équipements socioculturels, les étudiants
devaient en effet imaginer un lieu témoignant de la carrière
et de la personnalité de cet artiste. Le site proposé était
le hall situé au coeur du pavillon J.-A.-DeSève. Récemment,
les étudiants exposaient le fruit de leur imagination fertile et
de leur travail acharné au domaine Cataraqui, présentant au
public les maquettes et les plans de l'espace René-Richard.
«Le projet était assez complexe pour les étudiants qui
ne pouvaient s'appuyer sur un large programme technique, comme c'est souvent
le cas en architecture, explique Claude Bélanger, architecte et responsable
de l'atelier. Ils devaient plutôt faire appel à leur sens artistique
pour créer une architecture qui exprime la vie et l'oeuvre de René
Richard, et ceci, en tenant compte de la configuration de l'espace proposé,
c'est-à-dire un lieu abondamment éclairé de lumière
naturelle et fréquenté à toute heure du jour.»
Les grands espaces
Pour mieux connaître ce peintre passionné des grands espaces,
le groupe d'étudiants s'est rendu à Baie-Saint-Paul, dans
Charlevoix, visiter la maison où René Richard a longtemps
vécu et où il s'est éteint, en 1982, à l'âge
de 86 ans. Après une période intensive de recherche, les concepts
ont commencé à poindre dans la tête des futurs architectes:
la montagne, la forêt, l'opposition errance-sédentarité,
autant de thèmes ayant servi de base aux différents projets.
«De là, souligne Claude Bélanger, il s'agissait de rendre
d'une certaine manière les projets plus abstraits, moins caricaturaux,
d'en faire en quelque sorte des "objets construits ".»
Par exemple, Catherine Daigle a créé un espace où le
bois est omniprésent, respectant en cela l'idée du «peintre
coureur des bois» accolé au nom de René Richard. «Les
colonnes évoquent les lignes verticales que sont les arbres et les
totems dans l'oeuvre de l'artiste, souligne-t-elle. Dans ce type de démarche,
il est important d'être authentique et qu'il n'y ait rien d'artificiel.»
Dans cet ordre d'idées, Mélanie Bergeron a imaginé
une sculpture en bois ayant la forme d'une toile évoquant à
son tour une rivière qui «volerait» au-dessus de l'espace.
Édith Morin, elle, a imaginé la construction de panneaux de
bois faisant penser à des palissades. Bien qu'elles aient trouvé
le thème difficile à respecter, ces étudiantes considèrent
avoir bénéficié «d'une bonne marge de manoeuvre».
«De façon globale, l'atelier visait à développer
un langage de la création architecturale qui soit basé sur
une approche authentique des lieux et des matériaux, évitant
le mimétisme, le pastiche ou l'intervention cosmétique, soutient
Claude Bélanger. En définitive, cette expérience a
été l'occasion de constater avec quelle énergie les
jeunes veulent apprendre, et notamment ceux et celles qui veulent faire
de l'architecture.»