6 juin 1996 |
L'amniotomie, une procédure médicale consistant à
«crever les eaux» des femmes au moment de l'accouchement, raccourcit
la durée de la période de travail mais elle ne réduit
pas le risque d'accouchement par césarienne. En fait, révèle
un article synthèse publié par un groupe de chercheurs dans
le numéro de mai de Obstetrics and Gynecology, il semble même
que l'amniotomie augmente légèrement la probabilité
de césarienne, un fait assez surprenant puisque les médecins
recourent à cette procédure de façon routinière
afin, justement, de prévenir les césariennes.
William Fraser, du Département d'obstétrique et de gynécologie
de la Faculté de médecine de l'Université Laval et
ses collègues Gisèle Brisson-Carroll (Université d'Ottawa),
Gérard Bréart (INSERM, France), Isabelle Krauss et Jim Thornton
(Université de Leeds, Royaume-Uni) ont compilé les données
de sept études portant sur cette procédure dans l'espoir de
tirer des conclusions générales sur l'efficacité réelle
de l'amniotomie. En général, le nombre de femmes participant
à chacune de ces études est trop petit pour mesurer convenablement
la morbidité engendrée par cette intervention sur les mères
et les enfants.
Les sept études retenues, dont deux sont l'oeuvre d'équipes
dirigées par William Fraser, ont permis de constituer un échantillon
de plus de 3 000 femmes et de dégager les constats suivants. En moyenne,
l'amniotomie réduit d'environ 0,6 à 2,3 heures la durée
du travail, ce qui raccourcit de 7 % à 40 % le temps de travail restant.
Les femmes qui subissent une amniotomie ont deux fois plus de chance de
donner naissance à un enfant ayant un indice Apgar (indice de vitalité)
normal. «La signification clinique de ce score plus élevé
n'est pas claire, rapportent les auteurs de l'étude, parce qu'aucun
des indicateurs de problèmes chez l'enfant, notamment le recours
à la réanimation ou encore l'admission de l'enfant aux soins
intensifs, n'est réduit par l'amniotomie.»
Enfin, les femmes qui subissent une amniotomie courent 20 % plus de risque
d'avoir une césarienne. Bien que cette différence ne soit
pas significative sur le plan statistique, elle constitue néanmoins
une tendance relevée dans la plupart des études. «Les
amniotomies de routine comportent des avantages et des inconvénients
mais les données ne confirment pas l'hypothèse de réduction
des risques de césariennes, conclue l'article synthèse. Il
faudrait peut-être, comme le suggère l'une des sept études,
limiter les amniotomies aux patientes dont le travail ne progresse pas de
façon normale.»