Les ados abandonnent l'activité physique
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Les ados abandonnent l'activité physique
Entre l'âge de 12 à 17 ans, la proportion de jeunes pratiquant
une activité physique chute de 57 % à 38 % et ceux qui demeurent
actifs délaissent progressivement le sport organisé à
la faveur de la pratique de type «libre». Voilà les deux
principaux constats qui se dégagent d'une étude menée
auprès de 600 adolescents de la polyvalente Louis-Jacques-Casault
de Montmagny par les chercheurs Raymond Desharnais, du Département
d'éducation physique, et Gaston Godin, de l'École des sciences
infirmières.
Les chercheurs ont suivi les mêmes adolescents pendant trois ans et
ils ont ainsi pu documenter l'évolution de leur profil d'activité
physique et de leurs habitudes de vie sur une base individuelle. Ceci a
permis de démontrer que la baisse de la pratique de l'activité
physique s'accompagne d'une hausse de la fréquence des comportements
néfastes à la santé notamment le tabagisme, la consommation
de drogues, les mauvaises habitudes alimentaires et le manque de sommeil.
Par ailleurs, les deux chercheurs constatent que l'estime de soi, considérée
comme un bon indicateur de l'état de santé psychologique des
adolescents, augmente en fonction de la pratique de l'activité physique.
Dans leur étude, les chercheurs soulignent l'influence déterminante
jouée par la famille et les amis dans la persévérance
à la pratique de l'activité physique. En général,
les jeunes qui pratiquent un sport de compétition ont des parents
et des amis plus actifs que la moyenne et ces proches les soutiennent et
les encouragent davantage à poursuivre dans leur discipline. «Le
choix de pratiquer une activité physique semble être une façon
de reconnaître, d'exprimer et de renforcer ce qui est «correct»
à l'adolescence», constatent les deux chercheurs.
Raymond Desharnais et Gaston Godin jugent que pour favoriser la pratique
de l'activité physique chez les adolescents, il faut, entre autres,
associer cette pratique à des bénéfices perçus
comme importants par les adolescents. «On ne les convaincra pas de
faire plus d'exercice en leur disant que ça prévient les infarctus»,
croit Raymond Desharnais. Les deux sujets qui préoccupent le plus
les adolescents sont la réussite scolaire et leur avenir, deux sujets
qui, à prime abord, ont peu de liens avec la pratique de l'activité
physique. «C'est d'abord sur cette perception qu'il faut jouer. L'activité
physique ne rend pas plus intelligent mais elle favorise un état
de réceptivité et d'alerte propice à la réussite
scolaire.»Il faudrait aussi, poursuit le chercheur, créer une
pression sociale autour de la pratique régulière d'activités
physiques de loisir et fournir un encadrement adéquat aux jeunes.
«On ne peut pas s'attendre à ce que tous les adolescents en
viennent un jour à pratiquer régulièrement une activité
physique, conclut Raymond Desharnais. Pour l'instant, les interventions
doivent surtout viser à limiter la décroissance.» L'étude
Desharnais-Godin, effectuée dans le cadre du programme Kino-Québec,
a été déposée à la Direction de la santé
publique, de la planification et de l'évaluation qui en assurera
la diffusion auprès des kinologues oeuvrant dans les CLSC.
JEAN HAMANN