23 mai 1996 |
En dépit de la fréquence élevée des problèmes
d'insomnie dans la population et des risques associés à l'utilisation
prolongée de médicaments contre les troubles du sommeil, les
médecins de famille préconisent peu les traitements cognitifs
et comportementaux de l'insomnie, révèle une enquête
menée auprès de 300 médecins de la région de
Québec. Les auteurs de l'étude jugent qu'il serait essentiel
d'améliorer les connaissances des médecins sur les interventions
non pharmaceutiques de l'insomnie si on espère contrer les problèmes
occasionnés par la consommation prolongée de médicaments
contre l'insomnie.
Lucie Baillargeon et Lucie Demers, de la Faculté de médecine,
Jean-Pierre Grégoire, de l'École de pharmacie, et Michel Pépin,
de l'École de psychologie, ont réalisé cette enquête
auprès de médecins de famille de la région de Québec
afin de décrire le type d'interventions préconisées
pour des patients souffrant d'insomnie. Les conclusions de leur étude,
publiées dans un récent numéro de la revue Le médecin
de famille canadien, révèlent, entre autres, que le traitement
pharmacologique de l'insomnie demeure courant puisque 25 % des répondants
disent prescrire souvent des médicaments pour le sommeil et 56 %
en prescrivent à l'occasion. Près de 71 % des répondants
rencontrent au moins une fois par semaine un patient insomniaque.
Autre constat, près de 58 % des médecins recommandent des
techniques de relaxation pour traiter l'insomnie mais seulement 8 % d'entre
eux enseignent ces techniques à leurs patients insomniaques. Pourtant,
84 % des répondants disent qu'ils ne réfèrent jamais
ou rarement ces patients à d'autres professionnels.
Parmi les interventions non pharmacologiques fréquemment suggérées
par les médecins se retrouvent la réduction de consommation
de stimulants (87 %), l'exercice physique (42 %), la consommation de lait
chaud ou de tisane (59 %), un bain chaud (50 %) et la musique (43 %). Les
femmes médecins suggèrent plus souvent ces approches de traitement
que leurs collègues masculins. Enfin, plus de 85 % des médecins
jugent qu'il serait pertinent de suivre une formation sur les traitements
non pharmacologiques des troubles du sommeil.
L'insomnie frappe entre 15 et 30 % de la population adulte. Des études
réalisées antérieurement ont montré que plus
de 60 % des insomniaques consomment des médicaments depuis plus d'un
an bien que leur usage ne soit pas recommandé pour des périodes
excédant quelques semaines.