«La meilleure façon de tuer un homme (sa créativité),
c'est de lui donner une pension à vie.» «Plusieurs sont
des morts-vivants parce qu'ils ont peur du changement.» Maurice Clermont
tranche. Comme son approche d'ailleurs. Le psychologue est venu servir aux
quelque 95 membres de l'APAPUL attablés, le vendredi 10 mai, dans
une grande section du Cercle du pavillon Alphonse-Desjardins, quelques plats
de son cru susceptibles de répondre à la question au menu
du dernier dîner-conférence organisé par le Comité
des activités professionnelles et sociales de l'association : «Comment
composer avec les changements pour garder la tête hors de l'eau?»
Mouvement perpétuel
«La loi de la vie est celle du changement continu», a rappelé
cet ancien professeur de l'École de psychologie devenu consultant
au Québec et de par le vaste monde. Devant (et dans) ce mouvement
inéluctable de l'éternel présent deux attitudes sont
possibles, indique Maurice Clermont: «vouloir bouger» ou «ne
pas vouloir que ça change». Ce dernier comportement ou «mouvement
d'inertie» mène inévitablement vers la destruction, vers
la mort, croit-il.
«La vie du couple meurt lorsque l'inertie s'installe», a-t-il
imagé. Qui dit changement continu, dit chocs de vie. Ce sera parfois
tomber en amour, toucher le gros-lot ou obtenir une promotion. Ou le côté
moins rose, à prime abord: être malade, perdre un être
cher ou son emploi, faire faillite. Comment réagir en face de ces
événements qui ensoleillent ou assombrissent l'existence humaine?
Le cadeau du présent
La prescription du psychologue reprend une recette millénaire véhiculée,
entre autres, par la «voie initiatique»: accroître sa capacité
d'être dans l'instant présent, dans le «ici et maintenant»...
et non se laisser conduire par un mental qui nous fait constamment rabâcher
sur le passé ou appréhender le futur. «La seule façon
d'être, c'est d'être "dedans"», soutiendra Maurice
Clermont. Et pour ce faire, il faut être attentif aux signaux de son
corps. «Agir dans le réel fait baisser l'effet de tension»,
a-t-il constaté.
Il importe donc, selon lui, de décoincer l'habituel ­p; et bien
ancré ­p; système de perception «très primaire»
qui nous restreint dans notre champ d'action en rétablissant l'équilibre
entre nos deux hémisphères cérébraux. En fait,
il s'agit de redonner son vrai poids à notre cerveau droit (siège
de la créativité, de l'ouverture, de l'intuition), atrophié
par notre éducation au profit du gauche, qui «abrite» notre
capacité logique de penser, de réfléchir, de structurer.
Prendre le temps de regarder la nature, de méditer ou de faire des
pauses, par exemple, deviendront alors des gestes très nourrissants.
En redonnant sa place au créateur en soi, on développe tous
les personnages qui nous habitent, pense Maurice Clermont. «Ce qui
nous tue, c'est de rester dans l'inertie de quelques personnages»,
prévient-il. Pour le psychologue, l'état de bien-être
est un état d'expansion: la vie est mouvement, et le mouvement est
vie, pourrait-on dire.