Zoom sur Anne Lortie: La leçon de géographie
ANNE LORTIE: LA LEÇON DE GÉOGRAPHIE
Avant la Révolution tranquille, les élèves apprenaient
très tôt, dans leur cours d'histoire du Canada, que des «sauvages»
aux moeurs barbares avaient martyrisé les missionnaires venus leur
porter la Bonne nouvelle. Pour des générations de Québécois,
l'image du valeureux missionnaire mourant à petit feu dans une marmite
d'eau bouillante symbolise en quelque sorte les débuts de l'histoire
de «leur» pays.
«Cette manipulation du savoir à des fins religieuses a créé
un vide dans la population et oblige maintenant à refaire le passé
sur des considérations beaucoup plus scientifiques», explique
Anne Lortie dans son mémoire de maîtrise dirigé par
Jean-Louis Raveneau, du Département de géographie.
Dans cette étude portant sur la question autochtone dans l'enseignement
de la géographie au secondaire et au collégial, la chercheuse
explique que l'enseignement du sujet à l'intérieur des programmes
actuels de géographie ne permet pas aux jeunes de développer
une perception plus juste des autochtones et par là, de mieux saisir
les problématiques actuelles et les tendances futures de la question.
«Au secondaire, la réalité autochtone est réduite
au pluralisme de la population, au développement du Nord et à
l'adaptation de l'homme en milieu froid (dans le cas des Inuit). Traités
à la pièce, les thèmes s'empilent et se juxtaposent
les uns aux autres sans trop de logique. En fait, les élèves
n'ont jamais une vision globale du sujet.» Dans cette optique, Anne
Lortie propose que les élèves acquièrent des connaissances
générales sur les causes d'un phénomène plutôt
que d'en connaître les aspects particuliers et aussi, que soient définis
des objectifs identiques, axés sur les mêmes concepts, tant
au secondaire et au collégial.
Par ailleurs, les paramètres de l'enseignement devront supporter
l'explication des réalités géographiques en précisant
les causes et les facteurs tels que le dynamisme démographique, la
discontinuité du peuplement, la fragmentation ethno-linguistique
et la complexité des cadres administratifs territoriaux, pour ne
nommer que ceux-ci.
«En classe, indique Anne Lortie, l'enseignant pourra susciter le questionnement
et les mises en relation chez l'élève, notamment en déstabilisant
les représentations sociales qu'il se fait des autochtones et en
utilisant un élément déclecheur relié à
l'actualité, par exemple. Il pourra également inviter les
élèves à s'interroger sur les facteurs de développement
de la population autochtone.»
RENÉE LAROCHELLE