9 mai 1996 |
Des chercheurs de la Faculté des sciences de l'agriculture et
de l'alimentation (FSAA) s'associent à sept villes et à sept
entreprises du Québec pour réduire de 50 % l'usage des pesticides
en milieu urbain au cours des trois prochaines années. Annoncé
à la fin avril, ce projet a été initié conjointement
par le Centre de recherche en horticulture de la FSAA et l'Association des
services en horticulture ornementale du Québec.
Le projet consiste à transposer les principes de la lutte intégrée
développés en agriculture à la gestion des espaces
verts en milieu urbain. Pour y parvenir, les partenaires mettront sur pied
un réseau de dépistage des problèmes de pelouses, d'arbres
et d'arbustes et ils miseront sur les méthodes alternatives et préventives
de type biologique pour lutter contre les mauvaises herbes, les insectes
nuisibles et les maladies des plantes. L'emploi d'insecticides et d'herbicides
chimiques sera une solution de dernier recours.
Haro sur la punaise velue
Les responsables du projet à l'Université, les professeurs
Jacques Brodeur et Yves Desjardins, et leur équipe de recherche,
dont font partie Yves Carrière et Sophie Rochefort, assureront l'implantation
du programme de lutte intégrée et ils étudieront les
diverses alternatives aux pesticides (variétés de plantes
résistantes, prédateurs naturels, parasites pathogènes,
déchaumage, aération, fertilisation équilibrée).
Ils évalueront notamment la résistance aux pesticides et le
seuil de nuisance des ravageurs. La punaise velue, l'insecte qui cause le
plus de dommages aux pelouses en milieu urbain, sera constamment dans le
collimateur des chercheurs.
Pour la première année, chaque municipalité comptera
un site public ainsi que cinq à dix sites privés recommandés
par les municipalités et les entreprises participantes. Ces sites
seront visités une fois par semaine par les chercheurs et par des
spécialistes des entreprises participantes qui évalueront
l'état des espaces verts et les méthodes appropriées
pour les maintenir en santé. Le nombre de sites augmentera à
plusieurs centaines lors de la deuxième année.
Changement de mentalité
Les villes de Montréal, Québec, Charlesbourg, Saint-Lambert,
Boucherville, Dollard-des-Ormeaux et Saint-Raphël-de-l'île Bizard
participent à ce projet pilote. Pour le maire de Québec, Jean-Paul
L'Allier, ce projet innovateur favorisera un changement des mentalités
des citoyens en les sensibilisant à la gestion durable de l'environnement
et en leur faisant développer une attitude plus responsable face
à l'utilisation des pesticides en milieu urbain.
Le budget de fonctionnement du projet est évalué a 120 000
$ par année. Le financement provient de six entreprises membres de
l'Association des services en horticulture ornementale du Québec
(Chemlawn, Fertisol+, le Groupe Vertdure, Nature Plus, Nutrite, Pelouse
Santé et Weed Man) et des gouvernements provincial et fédéral.
Le projet compte également sur les partenaires associés suivants:
Arrosages Dion, Services Horticoles Spraytech et Entretien de Pelouses Hamel.
Par ailleurs, une partie d'une subvention de 200 000 $ attribuée
par le Secrétariat de l'autoroute de l'information au professeur
Laurent Gauthier du Département de génie rural sera consacrée
au projet de lutte intégrée en milieu urbain. «Le site
servira à la fois de point d'ancrage pour les partenaires et de vitrine
pour le projet, dit Jacques Brodeur. Au terme du projet, toute l'information
disponible devrait être diffusée sur ce site.»