CAPTIES: L'ordinateur, un jeu ou un outil pour le professeur
Colloque sur les application pédagogiques des technologies
de l'information
en enseignement supérieur
JOINDRE L'UTILE À L'AGRÉABLE
Les nouveaux systèmes multimédia réintroduisent les
concepts de plaisir et de jeu dans la relation d'apprentissage. Ils remettent
aussi en question le rôle du professeur comme distributeur du savoir.
L'ordinateur est-il un jouet pour le professeur ou un outil d'apprentissage
pour l'étudiant? La tenue du CAPTIES (Colloque sur les applications
pédagogiques des technologies de l'information en enseignement supérieur
) les 25 et 26 avril était un moment on ne peut mieux choisi pour
soulever cette importante question «existentielle» à laquelle
semble confronté actuellement un monde de l'éducation en profonde
mutation.
Pour Philippe Marton, professeur au Département de didactique, psychopédagogie
et technologie éducative de la Faculté des sciences de l'éducation
et directeur du Groupe de recherche sur l'apprentissage interactif multimédia
(GRAIM), la réponse est claire: l'ordinateur devrait d'abord et avant
tout être utilisé comme un outil d'apprentissage par le professeur...
ce qui ne devrait pas empêcher ce dernier de le considérer
parfois comme un jouet.
L'avers et l'envers
Le terme «ordinateur» est d'ailleurs devenu trop restrictif aux
yeux du professeur Marton. Celui-ci préfère plutôt parler
de «systèmes multimédias», lesquels sont de plus
en plus capables, selon lui, de «démontrer» mieux qu'un
professeur.
Invité à se prononcer lors d'un débat présenté
le vendredi 26 avril, le directeur du GRAIM voit du reste dans leur utilisation
plusieurs avantages évidents: entre autres, respect du rythme individuel
de l'apprenant, interactivité, variété des messages,
instantanéité de la rétroaction (feedback). Il décèle
par contre quelques défauts dans leur cuirasse: «Leur intelligence
est faible, ils ne peuvent pas remplacer l'être humain, ils n'ont
pas les aspects «affectifs» propres aux professeurs», tranche-t-il.
Remise en question
Force lui est de reconnaître, par ailleurs, que ces nouveaux systèmes
sont en train de remettre en question le rôle du professeur comme
«distributeur du savoir». Le prochain pédagogue sera davantage
un guide. «Les systèmes multimédias vont permettre d'augmenter
les «heures de contacts» du professeur avec ses étudiants,
avec de petits groupes», croit Philippe Marton. D'où la «vraie
pédagogie par la vraie communication», créée par
ces «alliés pédagogiques» qu'il faut essayer d'utiliser,
d'intégrer intelligemment. Car, insiste-t-il, l'ajout de ces technologies,
qui se pointent comme un iceberg, devrait aller de pair avec un réaménagment
du rôle du professeur qui avait cours jusqu'à maintemant.
«Il n'y a pas que du péjoratif dans le jouet», devait concéder
d'autre part Philippe Marton. Le directeur du GRAIM réagissait ainsi
à deux interventions de la salle, sympathiques au côté
joujou de l'ordinateur, dont le propos pourrait se résumer ainsi:
la notion de plaisir peut être importante chez le professeur, pour
le motiver à mener à terme un projet; l'introduction de tout
aspect ludique dans la démarche pédagogique risque fort de
créer de l'intérêt chez les étudiants. Comme
quoi, il faut parfois savoir marier plaisir et travail!
GABRIEL CÔTÉ