9 mai 1996 |
Julie Fradette, de la Faculté de médecine et deux étudiants
de la Faculté des sciences et génie, Julie St-Pierre (Biologie)
et Simon Thibault (Physique), n'oublieront pas de sitôt le 64e Congrès
de l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences
(ACFAS). Au cours de cette grande fête de la science francophone qui
s'ouvre le 13 mai à l'Université McGill, les trois étudiants-chercheurs
recevront tour à tour l'un des quatre prix d'excellence remis par
l'ACFAS à des étudiants démontrant à la fois
un grand intérêt et un fort potentiel pour la recherche.
La recherche dans la peau
À la dernière année de son baccalauréat en biochimie,
Julie Fradette s'est présentée au Laboratoire d'organogenèse
expérimentale (LOEX) et a dit à la professeure Lucie Germain
qu'elle voulait apprendre à faire de la recherche. «Elle a travaillé
pendant huit mois pour se familiariser aux différentes techniques
utilisées dans notre labo sans recevoir de rémunération
ou de crédits universitaires en échange, juste par intérêt
scientifique», raconte la chercheure qui supervise aujourd'hui son
doctorat.
L'intérêt de Julie Fradette pour les sciences ne date pas d'hier.
«Je l'ai rencontrée pour la première fois en 1989, poursuit
Lucie Germain, quand la direction du Collège Notre-Dame-de-Foy m'a
invitée, à titre d'ancienne, à lui remettre le prix
de la meilleure étudiante en sciences naturelles du collège.
C'est une personne très déterminée, une étudiante
brillante et une travailleuse acharnée qui a déjà deux
publications et deux communications à son actif. De toute évidence,
elle aime beaucoup faire de la recherche.»
Julie Fradette a remporté le prix Bernard-Belleau, décerné
à un étudiant ou une étudiante entamant des études
de doctorat et dont le dossier universitaire de deuxième cycle est
excellent. Ce prix, instauré depuis l'année dernière
seulement, est doté d'une bourse de 2 500$. L'étudiante a
terminé ses études en biochimie à la Faculté
des sciences et de génie en 1994 avec une moyenne cumulative fort
respectable de 5.0. Elle a aussitôt commencé des études
de maîtrise au LOEX en mai 1994 sous la supervision de Lucie Germain
et, depuis janvier 1996, elle poursuit des études de doctorat dans
la même équipe.
Ses travaux, qui s'inscrivent dans la foulée des recherches menées
au LOEX sur la culture cutanée pour le traitement des grands brûlés,
portent sur les cellules de la peau qui possèdent le plus grand pouvoir
régénérateur. La chercheuse tente de trouver des marqueurs
permettant d'identifier ces cellules souches afin de pouvoir les isoler
et les multiplier in vitro. Elle effectue présentement un stage de
quatre mois à la Johns Hopkins University School of Medicine de Baltimore.
L'emploi de la physique
Le curriculum vitae de Simon Thibault (Prix d'excellence Desjardins, doctorat,
2 500$) «en jette». Rares sont les étudiants-chercheurs
qui ont occupé sept postes en recherche pendant leur bac et encore
plus rares sont ceux qui peuvent revendiquer une quinzaine de publications
scientifiques à leur actif. «J'ai eu la chance d'être
au bon endroit, au bon moment, commente simplement cet étudiant du
Département de physique. Je me suis souvent retrouvé dans
des labos au moment où les professeurs travaillaient sur des choses
très "hot". Mais j'ai aussi fait des démarches pour
qu'il se passe des choses. À la fin de ma première année
de bac en génie physique par exemple, j'ai décidé que
je voulais un emploi d'été en recherche et, à la fin
avril, je suis allé voir Roger Lessard qui était alors directeur
du Centre en optique, photonique et laser. Il est resté tellement
surpris qu'un étudiant non éligible à des bourses se
présente si tard pour un emploi d'été qu'il m'a engagé».
Un mois à peine après avoir entrepris ce travail d'été,
Simon Thibault voyait déjà son nom apparaître parmi
les auteurs d'un article portant sur une recherche à laquelle il
avait collaboré. «Ça m'a fait un drôle de sentiment
et j'ai eu le goût de continuer.» Une chose menant à la
suivante, il décroche pendant les trois années suivantes des
emplois d'assistant de recherche en physique, en génie électrique
et au Centre de recherche pour la défense de Valcartier. Tous ces
emplois ne l'empêchent pas de compléter son bac en génie
physique en 1994 avec une moyenne cumulative de 4,9.
Sa maîtrise, effectuée à l'Institut national d'optique
sous la supervision du professeur Ermanno Borra, du Département de
physique, traitait de l'évaluation de la lumière parasite
produite par les lentilles hybrides. Ses travaux de doctorat, réalisés
dans le même cadre, portent sur la conception de systèmes optiques
pouvant trouver des applications industrielles. «Après avoir
travaillé en recherche à l'Université et à Valcartier,
j'avais le goût de toucher à la recherche industrielle. Je
réalise que j'aime ce genre de recherche qui porte sur des problèmes
concrets de l'industrie. C'est un challenge permanent qui apporte une satisfaction
incroyable quand on réussit à trouver des solutions.»
Comme un poisson dans l'eau
Julie St-Pierre a deux passions scientifiques: le métabolisme et
la température. Pas étonnant qu'elle se sente comme un poisson
dans l'eau dans le laboratoire de Helga Guderley, du Département
de biologie, où la recherche en physiologie aquatique est la spécialité-maison.
Ses singuliers intérêts pour les questions de température
et de métabolisme, Julie St-Pierre les a d'abord découverts
dans les cours de premier cycle donnés par les professeurs Jacques
Larochelle et Helga Guderley. Puis, elle les a patiemment cultivés
en travaillant pendant deux étés dans le laboratoire du professeur
Guderley et en y faisant son Initiation à la recherche.
C'était donc dans le cours normal des choses qu'elle entreprenne
dans le même labo, tout de suite après avoir obtenu son baccalauréat
en biologie en 1995, une maîtrise sur les adaptations métaboliques
du muscle des poissons à la température. Pourquoi les poissons?
«Tout simplement parce que ce sont des poïkilothermes (la température
du corps varie avec celle de leur milieu), ce qui en fait un bon modèle
d'étude», répond-elle.
Sa moyenne cumulative de 4,86 au premier cycle et la qualité du dossier
qu'elle a présenté à l'ACFAS lui ont valu le Prix d'excellence
Desjardins (maîtrise), doté d'une bourse de 2 500$. Julie St-Pierre
est également boursière de la Fondation de l'Université
Laval. «J'aime la recherche et j'espère pouvoir continuer longtemps
à en faire, dit-elle. C'est un milieu qui nous amène sans
cesse de nouveaux défis et qui nous force continuellement à
apprendre.»