25 avril 1996 |
Vous avez le goût d'assister à un spectacle éclaté
comme du maïs, surprenant comme le résultat de votre dernier
examen et énergique comme la poignée de main d'un gorille
perdu dans la brume? Si tel est le cas, courez voir Ubu d'Alfred Jarry,
une pièce de théâtre à laquelle une vingtaine
d'étudiants et d'étudiantes du programme d'études théâtrales
du Département des littératures de la Faculté des lettres
mettent actuellement la dernière main.
«Il s'agit en fait d'un collage d'Ubu roi et d'Ubu enchaîné»,
indique le metteur en scène, Jean-François Lessard, qui a
choisi les morceaux les plus savoureux de ces deux pièces afin d'en
faire ressortir tout le mordant. «Lors de la première en 1896,
à Paris, Ubu roi fit scandale, créant tout un remous chez
un public habitué à un théâtre plus classique.
Essentiellement, la pièce a choqué, non seulement parce qu'elle
faisait la critique du pouvoir politique en place et mélangeait différents
genres artistiques, mais aussi à cause du personnage d'Ubu, un être
grotesque constamment avide de pouvoir, en qui plusieurs personnes se sont
probablement reconnues.»
Bardé de titres magnifiques et dérisoires, («roi de Pologne
et d'Aragon», «maître des Phynances», «docteur
en pataphysique»), Ubu est, dans Ubu roi, un chevalier qui décide
de renverser le roi, alors qu'il décide de devenir «le plus
royal des esclaves» dans Ubu enchaîné, dont l'action se
déroule en Amérique. «Avant tout, Ubu est un être
machiavélique qui souhaite tirer profit de toutes les situations,
constate Jean-François Lessard. En fait, c'est un cerveau au service
de son ventre.»
Qui Ubu boira
Privilégiant une mise en scène dynamique, Jean-François
Lessard promet à ceux et celles qui assisteront aux folles aventures
du père Ubu de ne pas les décevoir: chorégraphies de
combats, musique «live» et humour grinçant figurent en
effet au menu de ce spectacle conçu pour divertir le monde. En montant
Ubu, le metteur en scène souhaite davantage «questionner»
que de donner des réponses, et ce, même s'il estime que «le
théâtre doit être un catalyseur social»:
«Personnage universel, Ubu nous bouscule car il est le reflet de notre
société individualiste où chacun en veut toujours plus,
en dépit de ce qu'il possède déjà. En ce sens,
le propos d'Alfred Jarry est profondément actuel.» Cette pièce
est présentée dans le cadre de la Tournée des Cégeps,
un concept développé par Jean-François Poirier et Jérôme
Bourque, de l'Association des Étudiantes et Étudiants en études
théâtrales.
Supervisé par le responsable du Programme d'études théâtrales,
Luis Thenon, ces mordus du théâtre ont consulté les
professeurs de français de tous les Cégeps de la province,
leur offrant, en représentation, un choix de pièces compatibles
avec les oeuvres au programme dans leurs cours de français. Avant
d'être présenté au TCU, le 2 mai, Ubu a ainsi été
vu aux cégeps de Victoriaville, de Limoilou, F.-X.-Garneau et au
Petit Séminaire de Québec, au cours du mois d'avril.
Les billets sont disponibles au Service des activités socio-culturelles
au coût de 10$ en prévente et de 12$ au guichet. Pour réserver:
656-2765.