18 avril 1996 |
Des semaines de travail de 60 à 70 heures passées en bonne
partie assis, des quarts de travail irréguliers, des repas de fast-food
pris sur le pouce entre deux appels, des clients pas toujours commodes,
de longues attentes stressantes pendant lesquelles l'argent ne rentre pas
et une vie de famille qui subit les conséquences de ce drôle
de métier, voilà le lot du chauffeur de taxi. Pas étonnant
dans ces conditions que ces travailleurs comptent parmi les groupes prioritaires
identifiés par les responsables gouvernementaux du dossier de la
santé au travail.
Éric Plante, étudiant à la maîtrise au Département
de médecine sociale et préventive, s'est penché sur
le cas des chauffeurs de taxi de la région de Québec lors
d'un stage effectué au sein de l'équipe régionale en
santé au travail du Centre de santé publique (CSP) de Québec.
Avec la collaboration de Sylviane Gignac du CSP et des professeurs Chantal
Brisson et Fernand Turcotte, l'étudiant-chercheur a réalisé
une étude exploratoire sur les problèmes de santé rencontrés
dans ce milieu ainsi que sur la pertinence de mettre sur pied un programme
de prévention à l'intention des chauffeurs de taxi.
En interrogeant des informateurs-clés du monde du taxi de même
qu'une quinzaine de chauffeurs de la région, Éric Plante a
constaté que les problèmes les plus fréquemment rencontrés
sont le stress provoqué par les longues attentes, les maux de dos,
les problèmes de circulation sanguine dans les jambes, l'obésité,
les maladies cardio-vasculaires et les problèmes matrimoniaux. «Le
fait de devoir travailler de longues heures pour tirer un revenu décent
contribue en grande partie à accentuer tous ces problèmes»,
souligne-t-il.
Malgré ces constats et l'existence de solutions simples comme l'exercice
et une alimentation saine, Éric Plante recommande de ne pas mettre
sur pied de programme spécial de prévention. Le milieu du
taxi, composé à 84 % de travailleurs autonomes, a sa propre
culture et les chauffeurs estiment, entre autres, que l'alimentation et
l'exercice sont des choses personnelles qui ne concernent qu'eux. «Il
y a déjà un début de prise en charge de ces problèmes
par le milieu et une intervention extérieure risquerait d'être
mal accueillie et de nuire aux efforts déployés à l'interne»,
estime-t-il.
Parmi les initiatives de prise en charge, mentionnons qu'en novembre dernier,
le milieu du taxi a mis sur pied un programme provincial de concertation
économique en vue de favoriser l'ouverture de nouveaux marchés
pour leur industrie (virage ambulatoire, transport d'écoliers, de
personnes handicapées et de conducteurs en état d'ébriété).
Le milieu espère qu'en perçant ces marchés, les chauffeurs
pourront réduire le nombre d'heures passées derrière
le volant. De plus, depuis un an, les nouveaux chauffeurs doivent suivre
un cours de 85 heures au Centre de formation en transport routier de Charlesbourg
pendant lequel on les initie, entre autres, aux mérites de l'exercice
et de la bonne alimentation.
Il y aurait présentement entre 450 et 500 voitures de taxi dans la
région de Québec et la valeur du permis de taxi atteint 60
000 $.