18 avril 1996 |
Les douleurs aux articulations et aux muscles des mâchoires
toucheraient deux fois plus de femmes que d'hommes, révèle
une étude menée par un groupe de chercheurs en médecine
dentaire. Cette recherche, réalisée auprès
de 2 043 Québécois âgés de 35 à
44 ans, montre également qu'environ une personne sur trois
présente des craquements aux articulations de la mâchoire
et que 3 % des répondants ont éprouvé, dans
le mois précédant l'enquête, des épisodes
hebdomadaires de douleurs aux articulations ou aux muscles des
mâchoires. Les auteurs de l'étude, Jean-Paul Goulet
de la Faculté de médecine dentaire de l'Université
Laval, et ses collègues montréalais, Gilles Lavigne,
Jean-Marc Brodeur, Marie Olivier, Martin Payette et Mike Benigeri,
ont présenté ces résultats lors du récent
congrès de l'International Association for Dental Research
qui avait lieu à San Francisco.
«On estime que 2 à 3 % de la population a déjà
consulté un dentiste ou un autre professionnel de la santé
pour des problèmes de mâchoires (craquements réguliers,
blocage, douleurs ou difficultés d'ouverture), une proportion
nettement inférieure à la prévalence de ces
symptômes dans la population, constate Jean-Paul Goulet.
Parmi les personnes qui consultent pour ces problèmes,
les cliniques rapportent en moyenne de 4 à 8 fois plus
de femmes que d'hommes.»
«Notre enquête montre d'une part que les craquements
articulaires sont courants mais qu'un bon nombre sont sans conséquences
et ne nécessitent aucun traitement particulier si ce n'est
d'informer le patient de la nature de ces bruits. D'autre part,
il existe des cas où les craquements et les douleurs finissent
par affecter la qualité de vie en raison de leur persistance
et des limitations fonctionnelles qu'ils entraînent (douleurs
gênant la mastication, blocages articulaires, limitation
de l'ouverture de la bouche) et ces cas doivent être traités.»
Dépister pour mieux prévenir
Ce type de problèmes, regroupés sous l'appellation
de désordres temporomandibulaires, ont des causes multifactorielles,
dit Jean-Paul Goulet. Certains surviennent à la suite d'un
traumatisme alors que d'autres sont reliés au stress et
aux tensions quotidiennes qui provoquent la crispation des mâchoires
ainsi que des serrements ou des grincements de dents. Ces derniers
cas peuvent être traités à l'aide d'un appareil
buccal, appelé plaque occlusale, grâce auquel le
patient prend davantage conscience des habitudes nocives qui ont
un impact sur sa mâchoire. Parmi les autres traitements
prescrits pour ces douleurs, mentionnons l'application de compresses
d'eau chaude suivie d'exercices musculaires, les traitements pharmaceutiques,
et, en dernier recours, la chirurgie.
À l'aide des données additionnelles recueillies
lors de l'enquête auprès de 225 répondants
habitant la région 03, Jean-Paul Goulet et ses collaborateurs
espèrent identifier certains marqueurs psychosociaux qui
favorisent l'évolution des désordres temporomandibulaires
et ainsi tracer le profil des personnes à risque. «Ce
genre d'information pourra aider les dentistes à identifier
les cas où de simples craquements ou de petites douleurs
à la mâchoire peuvent dégénérer
en désordres temporomandibulaires plus sérieux.»