Lancement de la revue Environnement et Sécurité
Lancement de la revue Environnement et Sécurité
Les frontières entre pays deviennent très perméables
lorsqu'il est question d'environnement. La destruction de la forêt,
le manque de mesures de sécurité autour des centrales nucléaires,
l'érosion des sols, la surpêche ont des conséquences
qui débordent largement les limites administratives d'un État.
Les stratèges internationaux qui détectent et analysent les
menaces militaires entre les pays s'intéressent donc de près
depuis une dizaine d'années à un nouvelle notion, la sécurité
environnementale.
«Lorsqu'un pays, comme la Palestine ou la Syrie, dépend entièrement
d'un autre pour son alimentation en eau, cette question prend une importance
stratégique», explique Paul Painchaud, professeur au Département
de science politique. Le directeur du Groupe d'études et de recherches
sur les politiques environnementales (GERPE) vient de lancer avec Simon
Dalby, professeur à l'Université de Carleton une nouvelle
revue scientifique pour mieux explorer ce sujet d'actualité.
Intitulée Environnement et Sécurité, cette revue pluridisciplinaire
et bilingue, publiée par l'Institut international de stratégies
de sécurité de l'environnement (IISSEN), pourrait servir de
forum aux recherches spécialisées sur les menaces que font
peser sur l'ensemble de la planète la dégradation de l'environnement.
Depuis la Conférence de Rio en 1992, les gouvernements ont pris conscience
qu'un problème comme la destruction de la forêt amazonienne,
véritable poumon de la Terre, prenait une dimension réellement
internationale. De la même façon, les États ont réussi
à faire pression sur la France pour qu'elle cesse d'utiliser l'atoll
de Muruoa en Polynésie comme banc d'essai de ses tirs nucléaires,
en mettant en avant le désastre écologique potentiel.
La sécurité environnementale devient donc une composante indispensable
des relations environnementales, même lorsque les gouvernements considèrent
certains conflits avec leurs administrés comme purement locaux. Les
Cris ont bien démontré à la face du monde entier qu'on
ne pouvait se contenter de gérer leur opposition à l'inondation
d'un grand territoire dans le Nord du Québec comme une vulgaire lutte
régionale. En prenant la parole sur nombre de tribunes internationales,
ils ont réussi à créer un sentiment d'insécurité
dans des pays bien éloignés de la Baie James, jusqu'à
obtenir l'abandon du projet.
PASCALE GUÉRICOLAS