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11 avril 1996 ![]() |
Selon une enquête sur la violence familiale effectuée auprès
de 34 848 femmes par Santé Québec, près de trois parents
sur dix ont recours à la punition physique pour régler un
conflit avec leur enfant. On apprend notamment qu'un enfant sur cinq aurait
subi de la violence physique mineure, c'est-à-dire qu'il se serait
fait bousculer, secouer ou pousser, gifler ou taper par un adulte du ménage.
D'autre part, les résultats de cette enquête exploratoire réalisée
à travers le Québec en 1992-1993 montrent que les enfants
les plus jeunes (trois à six ans) subissent davantage de violence
physique mineure (45 %) que ceux âgés de 15 à 17 ans
(10 %).
Telles sont quelques-unes des conclusions qu'a présentées
Camil Bouchard, du Groupe de recherche et d'action sur la victimisation
des enfants (GRAVE) à l'UQAM, lors d'une conférence organisée
conjointement avec le Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence
familiale et la violence faite aux femmes (CRI-VIFF), le 28 mars, au pavillon
Charles-de-Koninck. Cependant, a précisé Camil Bouchard, l'échantillon
n'est pas représentatif de la population québécoise,
entre autres pour des raisons d'ordre méthodologique. Ce qui n'a
pas empêché les chercheurs de faire un peu plus de lumière
sur le phénomène de la violence au Québec.
D'après les données recueillies, les risques sont plus élevés
pour un enfant de se faire bousculer, taper ou tabasser s'il vit dans une
famille pauvre et surtout dans une famille où la pauvreté
sévit depuis plus de quatre ans. Les risques de violence augmentent
également si la mère est aux prises avec des difficultés
psychologiques et des idées suicidaires.
Ces femmes battues
Maryse Rinfret-Raynor, du CRI-VIFF à l'Université de Montréal,
a présenté les résultats du second volet de l'enquête
qui portait sur la violence conjugale. Près des trois-quarts des
1 823 répondantes avaient un revenu familial moyen tandis que près
de la moitié possédaient un niveau de scolarité variant
entre 12 et 14 ans. Si environ une femme sur cent a déclaré
avoir été victime de violence plus grave, comme recevoir des
coups de pied ou des coups de poing, 6 % des femmes interrogées ont
affirmé avoir été secouées, bousculées
ou poussées par leur conjoint.
La consommation d'alcool chez le conjoint et la dépendance économique
représentent des contextes favorisant la violence, constatent les
chercheurs. En outre, les jeunes femmes de 18 à 24 ans sont deux
fois plus victimes de violence physique que leurs aînées âgées
de 35 à 44 ans. Finalement, si les femmes séparées
de leur conjoint représentent moins de 9 % de l'échantillon,
il reste que 60 % à 100 % des actes de violence grave ont été
rapportés par celles-ci.
Présenté par May Clarkson, du ministère de la Santé
et des Services sociaux, le troisième volet de l'enquête concernait
les conduites à caractère violent à l'endroit des personnes
âgées de 65 ans et plus. Parmi les 1 058 personnes de ce groupe
ayant répondu au questionnaire proposé, 15,7 % ont dit avoir
subi de la violence de la part d'un proche; 1,2 % ont dit avoir été
physiquement violentées et 2,3 % auraient été victimes
de menaces d'abandon, de négligence, de fraude ou de vol.
Selon les responsables de l'enquête, ces bas pourcentages témoignent
du peu de violence dans la résolution de conflits chez les personnes
âgées. Toutefois, précisent-ils encore, la méthode
de collecte de données rendait l'échantillon peu représentatif
de l'ensemble des personnes âgées au Québec. Le fait
de s'adresser seulement à des informateurs clés autonomes,
en mesure de rencontrer l'interviewer face-à-face, rendait assez
improbable la possibilité de rejoindre les personnes les plus à
risque, soit celles rendues vulnérables par un état de santé
affaibli et une dépendance accrue.