Des chercheurs de plus en plus responsables
Des chercheurs de plus en plus «responsables»
Au cours des prochaines années, la responsabilité sociale
des chercheurs scientifiques prendra de plus en plus d'importance. À
l'instar du peintre Pablo Picasso qui disait «Je ne cherche pas, je
trouve», les chercheurs ne pourront plus se contenter de chercher,
mais devront rendre des comptes à la société qui supporte
financièrement leurs projets. Ils feront face à plusieurs
obligations nouvelles, dont celles d'être à l'écoute
de la population et de faire connaître leurs travaux dans un langage
clair et accessible.
Tel est l'un des constats qu'a livrés Germain Godbout, directeur
général de l'Association canadienne-française pour
l'avancement des sciences (ACFAS), au cours d'une conférence organisée
le 4 avril par l'Union des gradués inscrits à Laval (UGIL)
sur le thème des enjeux et des perspectives de la recherche universitaire.
«Le modèle même de la recherche et du développement
change, a soutenu le conférencier. Les frontières entre les
différents domaines de recherche disparaissent; par exemple, les
physiciens font parfois de la chimie, de la sociologie. Nous assistons
à l'émergence de la multidisciplinarité; conséquemment,
la recherche va s'effectuer de plus en plus en équipe et les chercheurs
devront posséder une culture scientifique de plus en plus étendue.»
Des chercheurs à valoriser
Selon Germain Godbout, il existe de grands problèmes mondiaux -
comme le sida ou la dégradation de l'environnement - qu'une seule
et même équipe de recherche ne peut régler, d'où
la nécessité de créer des réseaux de chercheurs
à l'échelle du globe. Cette situation exigera des chercheurs
qu'ils développent des compétences en travail d'équipe
et en gestion des équipes de recherche.
Si on se fie au fait que l'un des indices de la productivité en recherche
concerne le nombre de publications, la communauté scientifique québécoise
est très structurée et très productrice, produisant
1% des publications scientifiques internationales, a souligné Germain
Godbout. «Comparativement aux artistes ou aux hommes d'affaires, notre
société ne met cependant pas ses chercheurs en évidence.
Certes, nous leur décernons des prix, mais il n'existe pas de reconnaissance
sociale comme en France, par exemple, où les chercheurs ont la possibilité
de gravir des échelons.»
Parmi les conseils qu'il prodigue à ceux et celles qui se destinent
à la recherche universitaire, Germain Godbout place en premier lieu
la nécessité d'élargir sa culture scientifique et de
développer des habiletés de gestion en communication, toujours
dans cette optique de responsabilité sociale du chercheur envers
la société. En conclusion, il encourage fortement les futurs
chercheurs à créer leurs propres réseaux de contacts
et surtout, à s'ouvrir sur le monde en effectuant des stages à
l'étranger.
RENÉE LAROCHELLE