Les très riches heurs de Marcel Jean
À LA GALERIE DES ARTS VISUELS
Les très riches heurs de Marcel Jean
Du bronze et du bois. Un sentier lumineux. Le sculpteur propose.
Le promeneur dispose.
Jusqu'au 4 février, à la Galerie des arts visuels, Marcel
Jean expose des sculptures dont le sens est à découvrir. Le
visiteur qui pénètre dans la salle où il expose ses
sculptures aura l'impression de sillonner une forêt lumineuse. Il
sera traversé d'une étrange sensation de bien-être,
de liberté et d'espace. En effet, les oeuvres exposées par
cet artiste sont toutes faites de bois et de bronze, le bronze imitant en
quelque sorte le bois. Lorsqu'on demande à ce professeur à
l'École des arts visuels de dire ce que représentent ses sculptures,
il répond tout bonnement qu'il est impossible pour lui d'expliquer
ses oeuvres.
Pour cet artiste, l'art ne fonctionne pas sur le mode représentatif.
«Souvent dans l'art, les artistes accordent trop de sens à l'objet
créé; ils sont axés sur le "vouloir dire"
et l'explicite, laissant ainsi de côté la poésie dégagée
par leur création». Marcel Jean trouve plutôt ses sources
dans la réalité concrète, tel un morceau de bois, mais
la façonne toujours dans l'espoir d'aller au-delà et à
travers l'objet. De cette manière, ses créations ne suggèrent
aucune représentation mais donnent des ouvertures à l'imagination.
Parce qu'il estime que l'oeuvre en tant que telle est réelle par
elle-même, on ne reconnaît pas d'entités concrètes
dans ce qu'il crée. Marcel Jean souhaite que chacune de ses productions
parle d'elle-même et attire forcément le regard de l'observateur.
«Chaque objet doit assumer sa réalité et développer
sa propre aura. Suite à cela, mon second défi sera de faire
ressortir la lumière de mes oeuvres par le simple jeu des couleurs.»
Au-delà du temps
Marcel Jean tire son inspiration du grand peintre Paul Klee, qui l'a dirigé
vers un style abstrait et a été pour lui une grande révélation.
Les heurs, titre de son exposition, est la preuve la plus éloquente
de l'abstraction de son art. Lorsque prononcé, on pense immédiatement
au sens commun du terme, soit le temps. Mais pour Marcel Jean Les heurs
se réfèrent plutôt aux bons heurs et aux mauvais heurs,
ce qui pour lui, démontre bien que «le son ne donne pas tout
le sens possible sans le visuel».
Pour Marcel Jean, l'art est une aventure intellectuelle et une méditation.
«C'est une genre de drogue, elle nous possède au point de nous
éveiller la nuit. L'art nous propulse sans cesse vers l'avant, ce
qui fait qu'une oeuvre est continuelle; le fait de prétendre qu'elle
est achevée c'est d'accepter qu'elle ne nous concerne plus».
C'est bien ce qui angoisse l'artiste; exposer avec l'impression que la pièce
pourrait être retravaillée encore et encore. «Mais il
faut tout de même savoir s'arrêter à quelque part!»,
lance ce grand perfectionniste.
Comme le dit si bien Marcel Jean, «Les oeuvres sont les traces que
laisse un artiste et l'art n'a pas de sens si les autres ne sont pas concernés».
C'est donc pour cette raison que l'artiste présente le fruit de son
travail à la Galerie des arts visuels située à l'Édifice
de la Fabrique, au centre-ville,jusqu'au 4 février. Les heures d'ouvertures
sont, du mercredi au vendredi, de 9 h 30 à 16 h, et les samedis et
dimanches, de 13 h à 16 h. Pour informations:656-7631.
GUYLAINE CHAREST
Stagiaire
-30-