28 mars 1996 |
«Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée». Pour
toutes sortes de raisons, les universités sont parfois obligées
d'avoir recours au contingentement pour freiner l'accès à
certains de leurs programmes. Un rapport du Conseil des universités
publié en 1992 nous apprend, par exemple, que 39,5 % des 95 399 demandes
d'admission formulées à l'automne de 1990 dans l'ensemble
des programmes contingentés du réseau universitaire québécois
avaient été acceptées. On y justifie les 60,5 % de
refus en raison, surtout, du contingentement des places disponibles (38,7
%).
Ces statistiques, pour «visuelles» qu'elles puissent paraître,
n'en cachent pas moins la douloureuse réalité à laquelle
seront confrontés plusieurs étudiants et étudiantes
ayant entretenu, parfois, un rêve d'enfance ou d'adolescence qui,
avec l'arrivée du mois de mars et du printemps, se mettra à
fondre comme neige au soleil.
Le cégep «revisité»
On compte une douzaine de programmes contingentés à l'Université
Laval, qui auront reçu, au cours du présent mois ­p; comme
c'est le cas chaque année ­p; de 1 500 à 2 000 demandes
d'admission.
Henri Hamel, Daniel Tremblay et Louise Turgeon, conseillers et conseillère
d'orientation au Service d'orientation et de counseling de l'Université,
reçoivent régulièrement de ces étudiants et
de ces étudiantes qui «attendent» ou qui ont dû essuyer
un refus. Nombre d'entre eux «patientent» depuis un an, espérant
changer de programme. «Ils sont là à surveiller leurs
notes, à attendre des réponses, comme s'ils revivaient l'attente
qu'ils ont vécue au cégep», témoigne Daniel Tremblay.
Frapper un mur
Si soulagement, détente, fierté, gratification, satisfaction
de voir ses efforts récompensés sont le lot de ceux et de
celles qui ont vécu l'expérience d'être accepté,
l'envers de la médaille est frappé à l'«ici-gît»
du revers de médaille. Là, c'est le choc, la rencontre d'un
mur, une expérience empreinte de frustration, comme dans toute situation
où une personne est confrontée à des limites. «Une
expérience humaine fondamentalement difficile», diront les trois
conseillers d'orientation, pour qui les solutions ne semblent pas évidentes.
«Il faut prendre la réponse de l'Université pour ce qu'elle
est: l'expression d'une limite administrative, et non une sanction de la
valeur personnelle», renchérira Henri Hamel.
Il est fréquent que des étudiants et des étudiantes
tentent de nouveau leur chance à la suite d'un premier refus. Un
geste que Louise Turgeon comprend, étant donné l'«investissement
affectif» qui a motivé, bien souvent, une orientation de carrière
remontant aux études secondaires. «Le jour où l'on découvre
que l'on ne pourra pas tout faire ce que l'on veut, comme on le veut, c'est
toujours difficile...», raconte-t-elle. Il faut alors, comme le dit
l'expression, «faire avec».
Savoir interpréter
À ceux et à celles qui ont vu leur demande d'admission refusée
dans un programme contingenté, les trois conseillers du Service d'orientaton
et de counseling de l'Université prodiguent ces quelques conseils:
interpréter correctement le refus et le prendre pour ce qu'il est,
c'est-à-dire l'expression d'une limite administrative; reconnaître
les émotions éveillées par l'événement
(colère, frustration, tristesse, déception, inquiétude,
insécurité, scepticisme); rechercher les informations permettant
une évaluation juste de sa situation et se donner du temps; partager
son expérience avec des personnes de confiance.
Le Service d'orientation et de counseling est situé au 3445, pavillon
Jean-Charles-Bonenfant (tél.: 656-7987).