Subvention de 25,5 millions de l'ACDI au CCISD
SUBVENTION DE 25,5 MILLIONS
DE l'ACDI AU CCISD
Le Centre de coopération internationale en santé et
développement de l'Université Laval va gérer jusqu'en
2001 la seconde phase du programme canadien de lutte contre le sida en Afrique
francophone.
Le Centre de coopération internationale en santé et développement
(CCISD) de l'Université Laval recevra une subvention de 25,5 millions
de dollars de l'Agence canadienne de développement international
(ACDI) pour aider à la lutte contre le sida en Afrique de l'Ouest.
La direction de l'Université et les responsables de l'Agence ont
paraphé le protocole d'entente quelques jours seulement avant le
temps des Fêtes. La nouvelle a été rendue publique le
lundi 8 janvier, à l'occasion d'une rencontre informelle qui se déroulait
dans les locaux du CCISD, au pavillon de l'Est. Le ministre des Affaires
étrangères du Canada, André Ouellet, avait annoncé
en décembre 1994, lors de la Conférence ministérielle
de la Francophonie, qui se tenait à Ouagadougou, capitale du Burkina
Faso, l'intention du gouvernement fédéral d'allouer jusqu'à
25 millions de dollars pour mener la lutte contre le sida sur le continent
africain. La signature toute récente de l'entente entre l'Université
Laval et l'ACDI vient donc officialiser, voire concrétiser la déclaration
du ministre Ouellet.
Dans l'ombre des MTS
La subvention de 25,5 millions de dollars permettra en fait au Centre de
coopération internationale en santé et développement
de mener à bien, de 1995 à 2001, la deuxième phase
du programme canadien de lutte contre le sida en Afrique francophone. Son
objectif, cette fois, visera à minimiser la transmission du VIH/sida
grâce au contrôle des maladies transmissibles sexuellement.
Au cours de la première phase, de 1990 à 1995, le CCISD avait
reçu quelque 22 millions de dollars pour fournir un support aux programmes
nationaux de lutte contre le sida. «Nos interventions s'appuyaient
sur les besoins exprimés à ce moment-là par les différents
pays. On a donc travaillé sur des projets d'éducation, d'animation,
de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles, de surveillance
épidémiologique. On espérait que l'éducation
populaire arriverait à changer les mentalités et les comportements
sexuels. L'expérience nous a démontré que pour être
plus efficaces, il fallait absolument cibler nos interventions», explique
Pierre Viens, directeur du CCISD.
La conclusion est alors apparue: le contrôle du sida passe par celui
des MST ou MTS. D'ici à l'an 2001, le projet financé par l'ACDI
concentrera ainsi ses activités en Côte d'Ivoire, au Mali,
au Burkina Faso, au Sénégal, en Guinée, au Bénin,
au Niger et au Ghana.
Africaniser l'opération
L'intervention du CCISD, qui sera supporté dans son action par quatre
partenaires institutionnels canadiens (Université de Montréal,
Université de Sherbrooke, Centre d'épidémiologie de
l'Hôpital du Saint-Sacrement, Développement International Desjardins),
se déroulera sous le signe de l'efficacité et de la durabilité,
indique Pierre Viens. «Ce qu'on vise avant tout, c'est que l'Afrique
soit très vite en mesure de se passer de l'aide extérieure,
en fait, de se passer de nous», souligne-t-il.
Par conséquent, seront mis à contribution des réseaux
de santé primaires (ou de base) et communautaires renforcés,
desservant prioritairement les groupes à haut risque (notamment,
le monde de la prostitution: à titre d'exemple, on compte plus de
12 000 prostituées «officielles» dans la seule ville d'Abidjan,
en Côte d'Ivoire), en zones urbaines défavorisées et
le long des axes migratoires. Les activités seront également
axées sur la formation du personnel, l'accès aux médicaments
essentiels, la formation et l'appui aux organismes communautaires. Les stratégies
d'intervention seront du reste conçues régionalement, mais
exécutées et gérées nationalement dans les huit
pays d'Afrique concernés.
Le Centre de coopération internationale en santé et développement
a été créé en 1987, à la Faculté
de médecine de l'Université Laval, pour «coordonner,
planifier et gérer les interventions financées par des bailleurs
de fonds ayant lieu dans les pays en voie de développement»,
peut-on lire dans le Rapport annuel 1995 du CCISD. Le document révèle
d'autre part que, depuis 1989, plus de 56 projets ont été
mis en chantier dans 18 pays, pour des budgets totalisant plus de 54 millions
de dollars.
GABRIEL CÔTÉ
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