Procrastination:pourquoi vous peinturer dans le coin?
Les études
POURQUOI VOUS PEINTURER
DANS LE COIN?
Les étudiants et les étudiantes désirant prendre
en main leur problème de procrastination peuvent s'inscrire (avant
le 2 février) à un atelier de six rencontres qui auront lieu
les vendredis, de 9 h à 11 h 30, à compter du 9 février.
Adressez-vous au Service d'orientation et de counseling, bureau 3445, pavillon
Jean-Charles-Bonenfant (656-7987).
Qui n'a pas eu, un jour, à remettre au lendemain ou à repousser
une échéance? Ce phénomène, pour tout à
fait humain qu'il soit, prend parfois des proportions chroniques et tragiques
quand il sévit dans le milieu scolaire, plus encore, universitaire.
«On a tous tendance, comme êtres humains, à agir de la
sorte devant des tâches qui semblent complexes ou désagréables.
Mais quand un individu reporte constamment à plus tard et qu'il se
place ainsi dans des conditions pénibles, on peut alors vraiment
dire qu'il y a un problème, qu'il y a procrastination.»
Louise Careau, conseillère au Service d'orientation et de counseling,
sait de quoi il retourne. Sa consoeur Anne-Louise Fournier et elle se penchent
sur le traitement en groupe de la procrastination.
Un phénomène d'évitement
Les scénarios habituels, que la conseillère fait se dérouler
sous nos yeux, nous font voir un procrastinateur universitaire qui remet
un travail à plus tard, quitte à perdre des points, qui se
retrouve la veille d'un examen, à 2 h 45 du matin, en train d'étudier
parce qu'il n'avait pas encore commencé à le faire, et qui
se crée des situations périlleuses pouvant entraîner,
pour beaucoup, l'abandon de cours... et des échecs.
«Les gens aux prises avec ce genre de problème vivent un cycle
qui se répète toujours, confie Anne-Louise Fournier. Ils se
disent : «Cette fois-ci, je vais m'y mettre». Ils pensent, ils
pensent et ils s'organisent, mais ils ne vont jamais arrivés à
démarrer. Ils vont se qualifier de paresseux, mais ils vivent davantage
dans la culpabilité, la peur. Dans le fond, la procrastination, c'est
un phénomène d'évitement.» Et le salut est loin
d'être dans la fuite car, fait remarquer la conseillère, plus
ils reportent, plus cette peur augmente et devient omniprésente.
La plupart des étudiants procrastinateurs rencontrés ont bien
réussi à l'école sans avoir à mettre trop d'efforts,
a observé Louise Careau. Les premiers symptômes ayant sans
doute commencé à se manifester au cégep, ils se sentent
dépourvus une fois rentrés à l'université, car
ce n'est pas normal pour eux d'investir les efforts requis. Ils s'interrogent
alors sur ce qui cloche, et se demandent s'ils ont perdu leurs talents.
Une société de la performance
«J'ai peur qu'on s'en aille vers une société «procrastinatrice»,
car elle valorise énormément LA performance au détriment
de l'effort, craint-elle. Dans le contexte actuel, faire des efforts revient
à dire qu'on n'est pas intelligent, qu'on n'a pas de talent. Voilà
pourquoi, parmi les gens qui ont peur de l'échec, on compte aussi
nombre de perfectionnistes devenus des procrastinateurs qui se fixent des
objectifs irréalistes, beaucoup trop élevés. En fait,
au sein de cette société qui a délaissé un peu
la discipline pour ne pas brimer les gens, encore trop d'étudiants
s'imaginent pouvoir atteindre le succès sans s'imposer de sacrifices.»
Temps et psychologie
Le temps fuit, il fuit très vite pour les procrastinateurs. «Ce
serait toutefois une erreur de vouloir les «traiter» en abordant
uniquement la gestion du temps», déclare Anne-Louise Fournier.
La recette miracle n'existe pas... comme dans tout traitement psychologique,
d'ailleurs. Et on doit livrer bataille sur deux fronts à la fois
: la gestion du temps (établir des priorités, des objectifs
réalistes, apprendre à planifier) et les facteurs psychologiques
(perfectionnisme, peur de l'échec, des contraintes, du contrôle,
etc.). «Et souvent, derrière, apparaît un problème
de confiance en soi. La procrastination, c'est le symptôme d'un malaise,
de quelque chose de plus important», rajoute la conseillère.
Le cadre de la «thérapie» que l'on privilégie :
d'abord les entrevues individuelles, puis, pour ceux et celles qui le désirent,
le traitement en groupe, au début de chaque trimestre, au sein duquel
les étudiants s'appuient, se donnent des trucs... et s'aperçoivent
qu'ils ne sont pas seuls à vivre ce problème.
La procrastination, quand on lit la littérature sur le sujet, est
probablement le problème scolaire le plus difficile à résoudre.
«On essaie toujours de trouver les solutions les plus efficaces, explique
Louise Careau. On ne parle pas de réussite en termes de guérison
totale, mais de progrès, d'amélioration, de conscientisation.
Notre but, ce n'est pas tant de les guérir que de les mieux outiller
pour que, lorsqu'ils seront confrontés à une situation problématique,
ils soient capables de surmonter cette difficulté.»
GABRIEL CÔTÉ
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