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11 janvier 1996  |
Diplômés
«Connaître et gérer son territoire»
En trois ans seulement, le Groupe Korem a fait sa niche dans le marché de la cartographie de pointe.
À voir la gigantesque horloge accrochée à l'un des murs du bureau où logent les membres du Groupe Korem, on se dit que, pour eux, la maxime «Le temps c'est de l'argent » doit valoir son pesant d'or et que mieux vaut poser les bonnes questions afin de ne pas faire perdre trop de temps à ces jeunes loups pour qui chaque minute compte.
Cette intuition s'avère pourtant une illusion quand l'un des trois gaillards composant cette joyeuse équipe confie avoir acheté cette horloge à la suite d'un véritable coup de coeur: «Nous savions que cela ferait parler les gens et tant mieux si ça marche», lance Luc Vaillancourt, pendant que Sébastien Vachon et Antonio Silva s'esclaffent, piaffant d'impatience à l'idée de parler de leur bébé, de leur joyau, bref, de l'entreprise qu'ils ont créée en 1993: le Groupe Korem, du mot «chorème», un concept développé par un géographe français et qui exprime le fait de simplifier un phénomène pour en retirer l'essentiel ou pour rendre compréhensible une problématique complexe.
Cela étant dit, n'attendez pas de ces trois bacheliers en géographie de l'Université Laval qu'ils vous entretiennent de concepts et d'abstractions tout en tournant mollement les pages d'un cahier de réalisations assez impressionnant, merci. «Le Groupe Korem est une boîte combinant l'information, l'infographie et la cartographie, précise Sébastien Vachon. Nous avons ainsi développé une expertise de pointe réunissant le monde du traitement et de l'analyse de bases de données à celui de la représentation graphique et cartographique d'informations factuelles ou de résultats d'analyses complexes.»
Des cartes vivantes
Le but visé: offrir une cartographie vraie et vivante pour faciliter la compréhension de réalités géographiques, économiques ou sociales dans la perspective d'objectifs pédagogiques ou d'aide à la prise de décision. Le Groupe Korem propose deux catégories de services: la cartographie thématique et l'exploitation des systèmes d'information géographique. «Entre autres, cela signifie reproduire une image numérique à partir d'un document source, mettre à jour l'information et le contenu d'une carte géographique, explique Luc Vaillancourt. Cela veut aussi dire utiliser la cartographie thématique pour livrer un message clair, synthétique et efficace, dans une souci constant d'allier la rigueur cartographique à une représentation finale de haute qualité graphique.»«Nous voulons faire parler la réalité, renchérit Antonio Sylva. En fait, ce n'est pas par hasard si la phrase-clé de notre entreprise est "Connaître et gérer son territoire". Cela concerne aussi bien le propriétaire de chaîne de restauration voulant avoir un portrait fidèle de la région où il compte ouvrir un restaurant, que les médias écrits qui souhaitent visualiser rapidement et globalement les résultats d'un référendum ou d'une élection. Dans tous les cas, nous voulons donner des outils aux gens et les aider à voir plus clair.»
Des clients et des prix
Équipés des toutes dernières technologies disponibles et animés d'un professionnalisme incroyable, ces jeunes géographes-cartographes n'ont pas chômé depuis leurs débuts en affaires: en une année seulement, ils ont conçu près de 500 cartes figurant dans des manuels scolaires, des études scientifiques, des atlas et des rapports de toutes sortes. Parmi leur clientèle, on compte le ministère de l'Éducation, le ministère de la Santé et des Services sociaux, le ministère des Affaires municipales, le groupe Éducalivres, le Collège de Limoilou, ainsi que de nombreuses autres organisations.En octobre dernier, lors de la quatrième édition du gala «Les meilleures créations réalisées sur Macintosh», le Groupe Korem recevait un Pixel d'or (premier prix) de l'entreprise Omer DeSerres Informatique dans la catégorie «Cartographie, architecture, ingénierie et design industriel» pour la carte «L'espace muséal québécois». Quelque 720 pièces y étaient présentées dans 23 catégories différentes.
Comme un honneur ne vient jamais seul, le Groupe Korem remportait deux premier prix en mai dernier, lors du concours «Un monde à imager,1995», organisé par l'Association québécoise de cartographie. En plus de sortir grands gagnants de la catégorie professionnalisme «Le Tourisme», l'équipe a également obtenu le prix du public qui jugeait l'ensemble des oeuvres présentées dans toutes les catégories. Selon les membres de ce trio infernal éminemment sympathique, leur succès dépendrait largement du maillage des fonctions artistiques et graphiques avec les possibilités scientifiques de la cartographie, aspect qu'ils ont si bien su exploiter.
«Nous voulons devenir "la" référence en matière de cartographie au Québec, résume Sébastien Vachon. Mais pas au détriment de la qualité du produit.» Si les membres du Groupe Korem n'ont pas de conseils précis à donner aux jeunes qui voudraient se lancer en affaires, leur expérience parle d'elle-même. Durant leurs études au Département de géographie, Sébastien Vachon, Luc Vaillancourt et Antonio Sylva ont été, dans l'ordre et dans le désordre, assistants de cours, préposé à l'informatique et responsable de projet d'études. Les bras croisés, à regarder les heures s'égréner, ils ne connaissent pas. Encore aujourd'hui, ils ne voient pas le temps passer, jouant leur carte, et pas la dernière: celle de la passion du travail bien fait.
RENÉE LAROCHELLE