Soutenance de thèse via Internet
Soutenance de thèse via Internet
Entre Laval et Sophia Antipolis, la distance n'a plus d'importance.
Une petite case de l'agenda du professeur Clément Gosselin du Département
de génie mécanique porte cette curieuse note: «Mercredi
20 décembre 1995, 8 h 30, soutenance de thèse de Luc Tancredi,
à l'INRIA en France, local 00113, pavillon Adrien-Pouliot.»
Examinateur externe de la thèse de cet étudiant de Sophia
Antipolis, près de Nice, Clément Gosselin n'est ni un grand
distrait, ni un ubiquiste. Mais, le 20 décembre dernier, il est cependant
devenu le premier professeur de l'Université Laval à profiter
du potentiel d'Internet pour accomplir sa tâche d'examinateur externe
d'une thèse.
Bien sûr, il a raté le contact humain, le soleil de la Côté
d'Azur et le café bien corsé pris sur la terrasse avec les
collègues juste avant le début de la soutenance. Mais il a
économisé bien du temps et une somme appréciable d'argent.
«Comme j'étais rentré d'Europe au début du mois
de décembre, je ne tenais pas particulièrement à y
retourner tout de suite pour assister à une soutenance de quelques
heures», explique-t-il. La nécessité aidant, Clément
Gosselin a proposé à ses collègues de l'INRIA (Institut
national de recherche en informatique et automatique), des gens très
ouverts aux nouvelles technologies, de participer à la soutenance
via Internet.
Il a suffit d'utiliser une station de travail munie d'un logiciel du domaine
public (IVS), produit par l'INRIA, d'une caméra, d'un microphone
et d'un haut-parleur et d'établir une connexion entre le Laboratoire
de robotique de l'Université Laval, situé au pavillon Pouliot,
et le local de l'INRIA où se déroulait la soutenance. Une
caméra et un microphone braqués sur le thésard permettaient
à Clément Gosselin de voir et d'entendre, en temps réel,
tout ce qui se déroulait à quelques milliers de kilomètres
de là. Une autre fenêtre de son écran lui retransmettait
le contenu des acétates projetées au même moment à
l'INRIA. Les Français, quant à eux, pouvaient voir Clément
Gosselin sur écran mural et entendre ses interventions lors de la
période de questions.
Malgré quelques difficultés attribuables à un manque
de luminosité pendant la présentation du thésard, l'expérience
a été intéressante et concluante, estime Clément
Gosselin. «Je craignais ne pas entendre les questions des autres examinateurs
mais tout s'est bien déroulé. La vitesse de transmission des
images et du son aurait pu causer des problèmes mais l'événement
avait lieu le matin et le réseau est moins utilisé pendant
cette période de la journée.» «Une chose est certaine,
conclut-il. À défaut d'être là, l'option Internet
est de loin supérieure au simple lien téléphonique,
bien moins compliquée et moins dispendieuse que la vidéoconférence.»
JEAN HAMANN
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