La présence anglicane à Québec
Architecture
Dans la chair de la pierre
En 1800, les architectes anglicans de la Holy Trinity Church inscrivaient
à jamais la «nouveauté britannique» dans le bâti
du pays conquis.
Si on demandait aux Québécois de nommer le nom de la plus
ancienne église de la ville de Québec, parions que beaucoup
seraient embêtés par la question. Notre-Dame-des-Victoires?
La basilique-cathédrale Notre-Dame-de-Québec? Que non. En
fait, la palme du plus vieux monument religieux de la ville de Champlain
à être conservé dans son état original revient
à la Holy Trinity Cathedral, située près de la place
d'Armes.
Récemment, Luc Noppen et Lucie K. Morisset, historiens d'architecture
et chercheurs au Centre d'études sur la langue, les arts et les traditions
populaires des francophones en Amérique du Nord (CELAT) de l'Université
Laval, lançaient un livre-album consacré entièrement
à cette église communément appelée «la
cathérale anglicane». Dans cet ouvrage intitulé La présence
anglicane à Québec: Holy Trinity Cathedral, les auteurs retracent
l'aventure de ce chantier entrepris en 1800, «qui livre à Québec
une oeuvre d'architecture exceptionnelle, appelée à changer
l'image de toutes les églises construites au Québec, et dont
la conception (Robe et Hall, architectes) a été guidée
par un inébranlable désir, celui d'inscrire à jamais
la "nouveauté britannique" dans le paysage de la capitale».
Visite guidée
Le livre s'ouvre sur une visite extérieure de l'édifice et
des bâtiments qui l'entourent: le Bishopthorpe (presbytère),
la petite All Saints Chapel, le Church Hall. Nous pénétrons
ensuite à l'intérieur de la cathédrale Holy Trinity,
qui est le siège de l'Église Épiscopalienne du diocèse
de Québec. Ultime attrait de la cathédrale: l'impressionnante
collection des Memorial Windows, des vitraux qui captent la lumière
du jour. La seconde partie de l'ouvrage s'attache à explorer les
projets, les métamorphoses et les réseaux d'influence de la
cathédrale.
Selon Lucie K. Morisset et Luc Noppen, il est faux d'assimiler la cathédrale
à une copie de l'église St Martin in the Fields, ce bâtiment
londonien construit dans les années 1720, et ce, bien que les architectes
Hall et Robe y aient fait référence lorsqu'est venu le temps
d'établir le projet d'une cathédrale de l'Église d'Angleterre
à Québec. Pour les auteurs, il est clair et net que l'oeuvre
de Hall et Robe ne constitue pas une imitation mais une «oeuvre franchement
novatrice».
Enfin, la troisième partie de ce livre contenant plus de 200 photographies
dépeint la présence de l'Église d'Angleterre dans la
ville à travers différentes architectures: Mount Hermon Cemetery,
Bishop Mountain School, Ladies Protestant Home, Marine Hospital, Female
Orphan Asylum, pour ne nommer que ces sites et bâtiments.
Classée monument historique en 1989, la cathédrale Holy Trinity
constitue un trésor à découvrir ou à redécouvrir,
soulignent les auteurs: «Par la visite qu'elle offre, par l'histoire
qu'elle dévoile, par les paysages qu'elle a alimenté ou inspiré,
par les institutions auxquelles elle a donné vie, la cathédrale
Holy Trinity est un peu, aujourd'hui, le symbole d'un commencement, et d'une
ère entière; explorant la mémoire et la matière,
ce sont ses moments que l'ouvrage propose de retrouver.»
La présence anglicane à Québec.
Lucie K.
Morisset, Luc Noppen. Septentrion, 1995, 192 p.
RENÉE LAROCHELLE
-30-