Ribosomes et syndrome du X fragile
Le X fragile associé aux ribosomes
Des chercheurs de Laval sont les premiers à démontrer qu'une
maladie héréditaire humaine est liée au fonctionnement
des ribosomes.
Des chercheurs de la Faculté de médecine viennent de démontrer
que le syndrome de retard mental du X fragile dépendrait d'un problème
touchant les ribosomes, ces petites structures cellulaires intervenant dans
la synthèse des protéines. Édouard Khandjian, François
Corbin et François Rousseau du CHUQ (Centre hospitalier universitaire
de Québec, pavillon Saint-François d'Assise), et leur collègue
Stéphane Woerly d'Organogel Canada ltée, publient les conclusions
de leurs travaux dans le numéro de janvier de Nature Genetics .
Le syndrome du X fragile est caractérisé par une répétition
anormalement longue de trois nucléotides (CGG) dans une région
spécifique du chromosome X. Le gène normal présente
entre 6 et 55 répétitions de cette séquence alors que
le gène muté en a plus de 230. Cette mutation cause l'inhibition
du gène codant pour un groupe de protéines appelées
FMRP (Fragile X Mental Retardation Proteins). Ces protéines sont
présentes dans tous les tissus du corps mais leur concentration est
100 fois plus élevée dans les cellules nerveuses.
Les quatre chercheurs viennent de démontrer que, en conditions normales,
ces protéines se retrouvent liées aux ribosomes dans la cellule.
«On savait déjà que les sujets atteints du syndrome du
X fragile ne possèdent aucune de ces protéines et notre étude
vient montrer que les FMRP sont associées aux ribosomes, résume
François Rousseau. Ceci nous porte à croire que les FMRP sont
des facteurs ribosomiques qui interviennent dans la traduction d'ARN messagers
ou encore dans la synthèse de certaines protéines. Leur absence
se fait surtout sentir là où elles sont normalement abondantes,
soit dans les cellules nerveuses, ce qui expliquerait le problème
de développement des fonctions cognitives chez les individus atteints
du syndrome du X fragile.»
Le syndrome du X fragile constitue la deuxième cause de retard mental
après la trisomie 21. Elle frappe deux fois plus de garçons
(1 sur 2 000) que de filles (1 sur 4 000). Identifiée pour la première
fois en 1969, cette maladie se manifeste, chez l'enfant, par un retard d'apprentissage
du langage et des comportements hyperactifs ou autistiques. Le syndrome
du X fragile serait la première maladie héréditaire
associée à un problème de fonctionnement des protéines
ribosomiques. «Notre étude suggère cependant que d'autres
maladies, telles que l'autisme ou l'hyperactivité, pourraient également
dépendre des ribosomes», dit François Rousseau.
Pour ceux qui veulent en savoir plus long sur le sujet, Édouard Khandjian
présentera, dans le cadre des Conférences du pavillon de la
Recherche en sciences de la vie et de la santé, les résultats
de cette étude le vendredi 19 janvier, à 10h30, à l'Auditorium
Hydro-Québec du pavillon Charles-Eugène-Marchand.
JEAN HAMANN
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