7 d�cembre 1995 |
Lieux communs: troisi�me prise
Les anthropologues Bernard Arcand et Serge Bouchard bouclent leur tour du chapeau chez Bor�al avec Du p�t� chinois, du baseball et autres lieux communs.
Les anthropologues Bernard Arcand et Serge Bouchard sont de retour de leur troisi�me safari au lieu commun et, encore une fois, leur besace est bien remplie. Notre soci�t�, semble-t-il, offre un habitat particuli�rement propice � la prolif�ration de cette esp�ce et les exp�ditions pr�c�dentes des deux comparses, rapport�es chez Bor�al dans Quinze lieux communs et De nouveaux lieux communs, ont aiguis� leur habilet� � traquer cette b�te dans les moindres recoins de l'existence et � la reconna�tre derri�re son camouflage de banalit�.
Arcand et Bouchard pr�sentent dans Du p�t� chinois, du baseball et autres lieux communs, le journal de bord de leur plus r�cent p�riple au royaume du lieu commun. Douze troph�es de chasse regroupant une faune vari�e qui ne menace pas de dispara�tre de sit�t: le p�t� chinois, la plante verte, le baseball, la neige, le dictionnaire, la chasse, les mouches, le commandant, le golf, les explorateurs, le crapaud, la poubelle. Fid�les � leur habitude, les deux auteurs font du chass�-crois�, se relayant la plume � tour de r�le, l'un encha�nant sur les propos de l'autre sans v�ritablement y donner suite. Leurs textes, incisifs, po�tiques, humoristiques et philosophiques, d�crivent, par le bout de la lorgnette que le commun des mortels utilise rarement, les menus objets du quotidien ainsi que les travers et les tics de l'esp�ce humaine en cette fin de 20e si�cle.
Comme pour leurs deux premiers ouvrages, les textes regroup�s dans Du p�t� chinois, du baseball et autres lieux communs ont d'abord �t� diffus�s sur les ondes de la radio FM de Radio- Canada dans le cadre de l'�mission �Le Lieu commun�. Les deux auteurs, �convaincus que les choses les plus ordinaires sont infiniment complexes, alors que les interpr�tations compliqu�es du r�el demeurent toujours trop simples, visent encore une fois � rien de moins qu'� rendre plus incertains et moins intelligibles quelques d�tails communs qui semblaient pourtant clairs et faciles, dans le but avou� de mieux les faire appr�cier.� Gr�ce � cette publication, un public plus large que celui des automobilistes coinc�s dans leur auto, le mercredi entre 17 h 05 et 17 h 30, peut maintenant partager cette odyss�e dans le monde de l'ordinaire.
Si certains passages donnent une image peu flatteuse de la soci�t� actuelle, il est tout de m�me rassurant de penser que notre �poque trouble, domin�e par la productivit� �conomique et les coupures, permet encore � certains de r�fl�chir et de deviser sur des sujets aussi contre-productifs mais � combien humains que les lieux communs qui peuplent leurs ouvrages. JEAN HAMANN
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