7 d�cembre 1995 |
On accusait le coyote de nuire au troupeau de caribou du parc de la Gasp�sie. On avait raison.
Il semble que les biologistes avaient raison de crier au loup en accusant le coyote de d�cimer la fragile population de caribou qui habite le sommet des Chic-Chocs dans le Parc de la Gasp�sie. En effet, les preuves s'accumulent peu � peu contre ce canid� qui, au cours des derni�res ann�es, a port� de durs coups non seulement aux caribous mais aussi aux cerfs de Virginie de l'Est du Qu�bec.
Michel Cr�te, chercheur au Centre d'�tudes nordiques et biologiste au minist�re de l'Environnement et de la Faune (MEF), et Alain Desrosiers du MEF, viennent de verser une preuve suppl�mentaire au dossier en publiant dans The Canadian Field- Naturalist des donn�es sur la reproduction du troupeau de caribou, avant et apr�s une op�ration de contr�le de pr�dateurs men�e dans le Parc de la Gasp�sie.
Rencontre au sommet
Au milieu des ann�es 1980, alors que le coyote �tait encore rare dans le Parc de la Gasp�sie, le nombre de faons par 100 femelles variait entre 20 et 30 lors du recensement d'automne du troupeau. La prolif�ration du coyote en Gasp�sie a co�ncid� avec une chute dramatique du recrutement chez le caribou; en 1987, on ne d�nombrait plus que 4 faons par 100 femelles. Afin de mieux comprendre ce qui mena�ait cette population d'� peine 200 � 250 b�tes, les chercheurs Cr�te et Desrosiers ont captur�, entre 1987 et 1990, des femelles et des faons et ils les ont munis de colliers �metteurs gr�ce auxquels ils ont suivi leurs d�placements. Lorsqu'un caribou mourait, les colliers permettaient, dans plusieurs cas, de retrouver la carcasse et de d�terminer la cause du d�c�s.
Au printemps 1988, les chercheurs ont observ� que 13 des 19 femelles avec collier �metteur avaient eu un petit. � l'automne, un seul de ces treize faons �tait toujours vivant. En 1989 et 1990, les chercheurs ont captur� 25 faons au moment de la mise bas; 16 d'entre eux n'ont pas surv�cu jusqu'au premier automne. Des indices trouv�s pr�s de onze carcasses ont montr� que le coyote �tait responsable de sept d�c�s, alors que l'ours noir et l'aigle royal causaient respectivement trois et un d�c�s.
En 1990, les autorit�s du parc mettaient en vigueur un plan de r�tablissement du troupeau de caribou incluant, entre autres, un programme de contr�le des pr�dateurs qui a amen� l'�limination de 70 coyotes et de 37 ours noirs entre 1990 et 1992. Suite � cette intervention, le nombre de faons par 100 femelles, qui �tait de 4,5 en 1989, a augment� rapidement pour atteindre 41 en 1995. �Nous avons d�pass� l'objectif de 30 faons par 100 femelles pr�vu dans le plan de r�tablissement, rappelle Michel Cr�te. Il y a probablement un lent accroissement de la taille du troupeau mais on ne peut pas encore l'observer parce que les m�thodes d'inventaire sont trop impr�cises. Reste que le troupeau est en bien meilleure situation maintenant qu'il y a cinq ans.�
Originaire de l'Ouest du continent, le coyote est arriv� au Qu�bec dans les ann�es 1940, puis en Gasp�sie dans les ann�es 1970. Apr�s une phase de colonisation o� il s'est fait relativement abondant, le coyote semble maintenant stabiliser ses effectifs � un seuil beaucoup plus bas dans l'Est du Qu�bec. Le milieu forestier gasp�sien offrirait, semble-t-il, un habitat peu propice � cette esp�ce. D'ailleurs, depuis 1992, l'�limination du coyote n'est plus effectu�e que de fa�on ponctuelle dans le Parc de la Gasp�sie, signale Michel Cr�te. JEAN HAMANN
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