23 novembre 1995 |
�Je voulais m'expliquer la guerre, voir, en quelque sorte, pourquoi des gens d'une m�me famille pouvaient s'entretuer�, r�pond Tristan Landry, lorsqu'on lui demande de justifier le sujet de son m�moire de ma�trise intitul� �L'�criture et la discordance: la repr�sentation de l'autre dans deux r�cits historiques serbe et croate�. Dans cette �tude r�alis�e sous la direction de Bogumil Jacek Koss, du D�partement d'histoire, le chercheur montre comment, � travers l'�criture de l'histoire nationaliste, on arrive � pr�senter l'autre comme l'ennemi par excellence.
�Bien que les deux r�cits diff�rent, il s'en d�gage toutefois un point commun: chacun des deux auteurs, qu'il soit serbe ou croate, �d�monise� l'autre�, dans une volont� de le pr�senter sous un jour d�favorable pour le lecteur�, souligne Tristan Landry. Sous la plume du Serbe, la minorit� albanaise devient ainsi le peuple par qui le malheur arrive. De son c�t�, le Croate d�crit le Serbe comme �tant une v�ritable menace pour l'Europe et le fer de lance de la Russie nationaliste. Finalement, on repr�sente toujours l'autre en fonction de notre projet id�ologique, estime le chercheur. Fascin� par la fa�on dont l'homme se repr�sente le monde, il affirme que �l'histoire en tant que telle n'existe pas, elle s'�crit�. En un mot, c'est l'homme, ce grain de poussi�re dans l'univers, qui donne du sens au monde par le regard qu'il jette sur les �v�nements. Dans la th�se de doctorat qu'il vient tout juste d'entreprendre, Tristan Landry analyse le r�alisme socialiste en Russie, de 1934 � 1980. Pour mieux comprendre la mani�re dont ce mouvement a justifi� le pouvoir sovi�tique �dans toute son entreprise de d�portation et de mutilation�, le chercheur se penchera sur l'oeuvre du premier �crivain �social� russe qui eut une influence sur la litt�rature mondiale, Maxime Gorki. Afin de lire cet auteur dans le texte, il n'a pas h�sit� � aller apprendre le russe sur le terrain, c'est-�-dire � l'Universit� de Moscou, o� il a suivi des cours intensifs de cette langue durant deux �t�s cons�cutifs.
Ayant pu s'entretenir avec des �tudiants et des professeurs de cette universit�, Tristan Landry soutient que �la r�alit� de la Russie est beaucoup moins sombre que les images qu'on nous pr�sente � la t�l�vision�: �Il y a �norm�ment d'espoir fond� sur la d�mocratie. Apr�s la chute du syst�me communiste, toute l'histoire a �t� � r��crire. La Russie est un pays qui doit se r�approprier son histoire.� Dns le cadre de sa th�se, l'historien compte retourner � Moscou � l'automne prochain, pour fouiller les archives et les journaux de l'�poque. Gageons qu'� fa�on, il r��crira lui aussi l'Histoire.
REN�E LAROCHELLE
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