23 novembre 1995 |
Une femme sur 259 serait porteuse d'un g�ne susceptible de s'alt�rer pour �ventuellement causer un retard mental chez ses enfants.
Une femme sur 259 serait porteuse de pr�mutations qui, bien que ne causant aucun probl�me pour sa propre sant�, peuvent, chez ses enfants, �voluer en mutation provoquant un maladie caract�ris�e par un retard mental, r�v�le une �tude publi�e dans le num�ro de novembre de l'American Journal of Human Genetics. Cette maladie, appel�e �syndrome de retard mental du X fragile�, constitue la deuxi�me cause de retard mental apr�s la trisomie 21 � travers le monde. Elle frappe deux fois plus de gar�ons (1 sur 2 000) que de filles (1 sur 4 000).
L'�tude, r�alis�e par Fran�ois Rousseau, Patricia Rouillard, Marie-Lou Morelet et Edward W. Khandjian de la Facult� de m�decine de l'Universit� Laval (H�pital Saint-Fran�ois d'Assise) et leur coll�gue de l'Universit� McGill, Kenneth Morgan, constitue le premier estim� fiable de la pr�valence de ces pr�mutations dans une population. Pour l'obtenir, les chercheurs ont analys� l'ADN provenant d'�chantillons anonymes de sang de 10 624 femmes de la r�gion de Qu�bec. �Il nous semblait important d'�valuer la pr�valence de ces pr�mutations parce qu'elles sont dynamiques et qu'elles peuvent d�g�n�rer en mutations compl�tes et entra�ner une hausse des cas de syndrome du X fragile�, explique Fran�ois Rousseau.
Un g�ne instable
Le syndrome du X fragile est d� � une r�p�tition anormalement longue de trois nucl�otides (CGG) dans une r�gion pr�cise du chromosome X. Le g�ne normal pr�sente entre 6 et 55 r�p�titions de cette s�quence, alors que la pr�mutation en compte entre 55 et 230, et le g�ne mut�, plus de 230. Les femmes porteuses de pr�mutations ne pr�sentent aucune caract�ristique particuli�re de sorte que seule une analyse g�n�tique permet de les identifier.
Le syndrome de retard mental avec X fragile est la premi�re maladie dont on a d�montr� l'association avec des mutations instables ou dynamiques. Une dizaine d'autres maladies, dont la chor�e de Huntington et la dystrophie myotonique de Steinert, partagent cette particularit�. En raison de la nature dynamique de la pr�mutation, une porteuse saine peut donner naissance � un enfant atteint du syndrome du X fragile. C'est ainsi que le syndrome fait son apparition dans des familles qui n'ont aucun ant�c�dent de retard mental. Plus le nombre de r�p�titions est grand, plus une femme porteuse d'une pr�mutation risque de donner naissance � un enfant porteur de la mutation. Cette probabilit� varie de 10 � 100 %, selon la longueur de la r�p�tition, dans les familles o� des cas de X fragile ont d�j� �t� rapport�s.
Les hommes, qui n'ont qu'un chromosome X, sont frapp�s par la maladie d�s qu'ils h�ritent d'une copie du g�ne d�fectueux. Chez les femmes, qui poss�dent deux chromosomes X, la pr�sence d'une seule copie du g�ne d�fectueux ne s'accompagne, dans 45 % des cas, d'aucun sympt�me particulier (on parle alors de porteuse saine de la maladie). Par contre, 55 % de celles qui h�ritent d'un g�ne d�fectueux souffriront de la maladie mais, en g�n�ral, � un degr� moindre que les gar�ons.
Test pr�natal
Le syndrome du X fragile a �t� identifi� pour la premi�re fois en 1969. Chez l'enfant, la maladie se manifeste par un retard d'apprentissage du langage et des comportements hyperactifs ou autistiques. Certains traits du visage tels que de grandes oreilles, un large front, un visage allong� et un menton pro�minent servent �galement d'indices r�v�lateurs chez les malades ayant atteint l'�ge adulte mais ils peuvent aussi �tre totalement absents.
Il y a quelques ann�es, le diagnostic de cette maladie �tait laborieux et co�teux. Mais, en 1991, une �quipe de recherche, dont faisait partie Fran�ois Rousseau, annon�ait coup sur coup, dans les revues Science et New England Journal of Medicine, l'identification du g�ne responsable de la maladie et la mise au point d'une sonde capable d'identifier la mutation et les pr�mutations du g�ne.
Il n'existe pas de traitement pour soigner le syndrome du X fragile mais les enfants atteints, d�pist�s en bas �ge, peuvent b�n�ficier d'un encadrement particulier qui leur permet de d�velopper au maximum leurs aptitudes. Les sondes d�velopp�es par l'�quipe de Fran�ois Rousseau sont maintenant utilis�es en diagnostic pr�natal. �Contrairement au test utilis� auparavant, les sondes permettent de distinguer les embryons porteurs de la mutation et ceux qui n'ont qu'une pr�mutation, ce qui, dans certains cas, facilite grandement la d�cision que les parents ont � prendre�, fait valoir Fran�ois Rousseau. JEAN HAMANN
-30-