23 novembre 1995 |
Les patients qui franchissent la porte de la Maison Michel- Sarrazin savent que le temps est pr�cieux. Dans onze jours, la moiti� d'entre eux seront morts. Dans deux mois, seulement un sur dix sera toujours vivant. On comprend facilement pourquoi � leur arriv�e � la Maison Michel-Sarrazin, ou dans un autre centre de soins palliatifs, un patient canc�reux et ses proches veulent savoir combien de temps il leur reste.
Mais voil�, les m�decins sont souvent incapables de r�pondre pr�cis�ment � cette question pourtant cruciale non seulement pour la famille mais aussi pour l'�quipe soignante. En effet, le temps de survie constitue une composante importante de la strat�gie de soins et de soulagement des souffrances. Une admission trop h�tive peut avoir des r�percussions n�gatives sur les patients et leurs proches puisque les soins sont con�us en fonction des mourants. De plus, des centres, comme la Maison Michel-Sarrazin qui ne compte qu'un petit nombre de lits (15), accordent priorit� aux malades dont la survie est estim�e � moins de deux mois. D'o� l'importance de bien �valuer le temps qui reste � chaque patient.
Le grand �deadline�
Dans le but de jeter un peu de lumi�re sur les facteurs influen�ant la dur�e de survie des patients en phase terminale, Pierre Allard et Diane Potvin, de la Facult� de m�decine, et Albert Dionne, de la Facult� des sciences de l'administration, viennent de publier dans le Journal of Palliative Care une �tude portant sur 1 081 patients admis � la Maison Michel-Sarrazin entre 1985 et 1991. Les chercheurs rapportent que le principal facteur associ� � un s�jour de courte dur�e est un faible indice de mobilit� au moment de l'admission. Dans les quatre premiers jours suivant l'arriv�e � la Maison Michel-Sarrazin, le taux de d�c�s est 5,5 fois plus �lev� chez les patients alit�s au moment de l'admission que chez les patients se d�pla�ant par eux-m�mes. Entre les jours 5 et 19 apr�s l'admission, ce taux demeure 2,8 fois plus �lev�.
La survie est �galement plus courte chez les hommes que chez les femmes (m�diane 9 jours contre 13), chez les personnes ayant un cancer du poumon (8 jours contre 11 pour tous les autres types de cancer confondus) de m�me que chez les personnes mari�es (9 jours contre 14). Les chercheurs interpr�tent ce dernier r�sultat comme une indication que les personnes mari�es ont un conjoint qui veille sur elles de sorte que l'admission en soins palliatifs se fait � un stade plus avanc� de la maladie.
Les trois chercheurs concluent que la mobilit� peut sembler un indice grossier mais qu'elle contribue n�anmoins � aider les m�decins dans leur pronostic de survie des patients canc�reux en phase terminale.
JEAN HAMANN
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