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30 novembre 1995 ![]() |
�Ce que l'on con�oit bien...�
La r�daction juridique constitue un aspect n�glig� dans les facult�s de droit des universit�s qu�b�coises et canadiennes. En effet, on y privil�gie la plaidoirie orale au d�triment de l'expression �crite, avec le r�sultat que les juristes qui arrivent sur le march� du travail font bien pi�tre figure quand vient le temps de r�diger un m�moire ou un article. Tel est le triste constat qu'a dress� l'Honorable Claire L'Heureux-Dub�, juge de la Cour supr�me du Canada, � l'occasion du lancement de la Revue juridique des �tudiants et �tudiantes de l'Universit� Laval, le 22 novembre.
Pr�sidente d'honneur de cet �v�nement annuel, Claire L'Heureux- Dub� a prononc� une allocution portant sur le th�me de l'importance de la valorisation des habilet�s de recherche. Alors qu'on s'attendait � ce qu'elle se lance dans de grands discours th�oriques sur la question, la conf�renci�re a choisi de d�noncer la m�diocre qualit� de l'�criture de ceux et celles qui se destinent � la carri�re de juriste: �� la Cour supr�me, nous travaillons avec des clercs qui sont choisis parmi les meilleurs �tudiants des facult�s de droit au Canada. Ils sont souvent tr�s brillants mais ils ne savent malheureusement pas �crire. Et si on se sait pas �crire, on ne sait pas penser.�
Les mots pour l'�crire
En plus de cette lacune, beaucoup de juristes ne poss�dent aucun esprit de synth�se, accouchant d'un m�moire d'une centaine de pages concernant un texte qui n'en compte pas trois. Selon Claire L'Heureux-Dub�, le juriste aura beau tenir les meilleurs arguments au monde, il reste que s'il est incapable de les communiquer correctement, le travail sous-jacent � la recherche ne sert � rien. Citant le mot de Boileau: �Ce que l'on con�oit bien s'�nonce clairement�, la juge estime que l'esprit de synth�se et d'analyse se d�veloppe au fil des ans, de m�me que �l'�criture s'apprend au berceau�:
�Les juristes sont tous des disciples de la langue. En effet, qu'ils plaident, exposent ou n�gocient, ils parlent constamment, d'o� la n�cessit� de ma�triser parfaitement la langue �crite et parl�e. Les mots sont les atomes de la mati�re juridique.� Pour cette raison, Claire L'Heureux-Dub� ne peut qu'encourager les �tudiants � participer � un projet comme la Revue juridique, �cet apprentissage merveilleux que la pr�sence aux cours ne vous fournira jamais�.
Le droit de publier
Destin�e aux juristes, La Revue juridique des �tudiants et �tudiantes de l'Universit� Laval se veut le moyen de diffusion privil�gi� des meilleurs travaux de recherche r�alis�s par des �tudiants au baccalaur�at en droit de l'Universit�. Dans un premier temps, un jury form� de trois �tudiants de droit s�lectionne les dix meilleurs travaux de recherche, lesquels sont ensuite soumis � un comit� de trois professionnels du monde juridique. Les auteurs des cinq travaux prim�s sont alors publi�s dans la Revue, en plus de se voir attribuer des bourses d'excellence.
Cette ann�e, les gagnants sont: Philippe Boivin et �ric Labb� pour �La protection de l'artiste-interpr�te d'oeuvres musicales:
une approche comparative� (Prix Julien-Chouinard de 1 000$, offert par McCarthy T�trault); Alain Morissette pour �Droit des obligations des usagers des centres de r�adaptation pour jeunes en difficult� d'adaptation� (500 $, offerts par Grondin, Poudrier, Bernier); Anne-Marie Savard pour �Analyse juridique de la prostitution de la rue� (400 $, minist�re de la Justice du Qu�bec); Eug�nie Brouillet pour �La comp�tence provinciale en mati�re de langue et son ex�cution au Qu�bec� (250 $, Jeune Barreau de Qu�bec) et Daniel Lamer pour �La Chartre des droits et des libert�s de la personne et la protection du droit de propri�t�: bilan critique� (800$, Chambre des notaires du Qu�bec).
REN�E LAROCHELLE