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28 septembre 1995 ![]() |
�PID�MIOLOGIE
Parler pour survivre
Se confier r�duirait les risques de d�c�s chez les femmes atteintes d'un cancer du sein
Les femmes atteintes d'un cancer du sein ont plus de chance de survivre longtemps si elles se confient ou si elles parlent de leurs probl�mes avec des confidents pendant les premiers mois qui suivent le traitement de leur maladie, r�v�le une �tude du Groupe de recherche en �pid�miologie de la Facult� de m�decine (H�pital du Saint-Sacrement). Le taux de survie, apr�s sept ans, de femmes qui ont eu un ou plusieurs confidents pendant les trois premiers mois suivant leur diagnostic de cancer est de 72 % contre 56 % chez celles qui n'en ont pas eu. Le nombre de confidents semble �galement un facteur important puisque le taux de survie est de 66 % chez les femmes ayant eu un confident et de 76 % chez celles qui en ont eu deux ou plus. Ces confidents pouvaient �tre aussi bien des conjoints, des parents ou des amis que des m�decins ou des infirmi�res.
Les chercheurs Elizabeth Maunsell, Jacques Brisson et Luc Desch�nes publient, dans le dernier num�ro de la revue am�ricaine Cancer, ces �tonnants r�sultats qui soulignent l'importance du soutien social pour les patientes. L'�tude porte sur 224 femmes chez qui un cancer du sein a �t� diagnostiqu�, en 1984, dans sept h�pitaux participants de la r�gion de Qu�bec. Ces patientes ont subi une ablation totale (143) ou partielle (81) du sein et, en plus, 73 % d'entre elles ont re�u des traitements de radioth�rapie, de chimioth�rapie ou d'hormonoth�rapie. Les patientes ont �t� rencontr�es trois mois apr�s la chirurgie pour compl�ter un questionnaire portant notamment sur leurs relations interpersonnelles et sur le soutien social re�u. Elles devaient sp�cifier si elles s'�taient confi�es ou si elles avaient parl� de leurs probl�mes personnels avec quelqu'un, et si oui, avec qui. Trente-deux patientes ont admis ne s'�tre confi�es � personne pendant cette p�riode pourtant tr�s �prouvante. Parmi les 192 qui se sont confi�es, seulement une sur cinq l'a fait avec un m�decin ou une infirmi�re.
Les chercheurs ignorent par quels m�canismes le soutien social intervient pour accro�tre le taux de survie et ils se montrent prudents dans l'interpr�tation de leurs r�sultats. �On ne sait pas si le fait de se confier � quelqu'un peut avoir un effet sur le stress et cons�quemment sur le syst�me immunitaire ou si les femmes qui se confient sont plus susceptibles de bien suivre leur traitement ou d'adopter de meilleures habitudes de vie, dit Elizabeth Maunsell. Il se peut que l'effet protecteur observ� soit une combinaison de tout �a. Tant que l'on aura pas d�couvert ce qui cause cette protection, l'importance du suivi psychosocial des femmes risque de ne pas �tre reconnu � sa juste mesure.� Dans cette �tude, l'effet protecteur associ� au fait de se confier serait au moins aussi �lev� que celui engendr� par des traitements de chimioth�rapie ou d'hormonoth�rapie.
Les chercheurs continuent de suivre ce groupe de patientes et les donn�es sur le taux de d�c�s apr�s dix ans devraient �tre bient�t disponibles. Le Fil avait rapport�, il y a deux ans, les r�sultats des analyses des taux de survie apr�s cinq ans. Elizabeth Maunsell m�ne pr�sentement une �tude clinique de d�pistage de la d�tresse psychologique chez les femmes atteintes d'un cancer du sein. Cette �tude devrait donner quelques pistes sur les m�canismes intervenant dans l'effet protecteur du soutien social.
JEAN HAMANN
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