![]() |
21 septembre 1995 ![]() |
COOP�RATION
Un �t� au Vietnam
Six �tudiants ont pass� deux mois au Vietnam pour y �tudier les probl�mes de sant� des paysans. Ils ont affront� un double choc culturel. Le premier � l'aller, l'autre au retour.
Ils sont partis six, dispos�s � affronter la mis�re humaine, des conditions de vie difficiles et probablement le froid et la faim si cela avait �t� n�cessaire. Pr�ts � tout et par�s au pire, d�sireux d'aller voir ailleurs, de d�couvrir et d'aider. Les neufs longs mois qu'ils avaient pass�s � pr�parer leur projet avec Sant� Tiers-Monde, � convaincre l'ACDI de leur accorder 12 000 $ et � persuader les autorit�s vietnamiennes de les accueillir leur avaient donn� tout le temps voulu pour laisser derri�re eux les pr�jug�s culturels et le confort et l'indiff�rence de l'Occident.
Six jeunes dans la vingtaine pour qui tout se peut encore:
Annabelle Blanchet, Val�rie Labb�, Tinh-Nhan Luong (m�decine), Van Diep Doan (biologie), Sylvia Geeurickx (physioth�rapie) et Christian Duval (m�decine, U. de Montr�al). Pour deux d'entre eux, Tinh-Nhan Luong et Van Diep Doan, ce stage constituait un �mouvant retour au pays de leur enfance apr�s une quinzaine d'ann�es d'absence. Pour Val�rie Labb�, cette aventure rev�tait aussi un cachet bien sp�cial puisqu'elle empruntait le chemin que son p�re, le professeur de p�diatrie Jean Labb�, avait ouvert avec d'autres confr�res de m�decine, il y a 25 ans, en fondant Sant� Tiers-Monde.
Traitement royal
Mais la coop�ration internationale n'en est pas � une surprise pr�s. Bien s�r, ils ont vu la vie difficile des paysans du Vietnam et, comme leur projet le pr�voyait, ils ont dress�, en travaillant aupr�s des patients de l'h�pital de Tra Vinh, un portrait du triste cort�ge de maladies qui frappent les femmes, les hommes et les enfants qui font la culture du riz dans la province la plus pauvre du Vietnam. Mais, contre toutes attentes, ils ont �t� accueillis et trait�s comme des princes et des princesses. �Nous �tions les premiers �trangers � aller dans la province o� est situ�e la ville de Tra Vinh depuis la r�ouverture des fronti�res du Vietnam, raconte Val�rie Labb�. Le Premier Ministre de la province et les dirigeants du Comit� populaire nous ont re�us plusieurs fois � d�ner et ils nous ont log�s dans le plus chic h�tel de la ville, avec air climatis� et tous les services. D�s notre arriv�e, les gens nous reconnaissaient dans la rue, ils voulaient nous parler, nous toucher et nous inviter � manger chez eux. Nous avions l'impression d'�tre des vedettes de cin�ma. Il faut dire que le journal de H� Chi Minh-Ville (Saigon) et celui de Tra Vinh avaient reproduit, avec nos photos, un article publi� en avril, dans Le Soleil, qui d�crivait notre projet.�
En plus de cette publicit� inesp�r�e, les contacts fournis par des Vietnamiens de Qu�bec, avec qui ils s'�taient li�s d'amiti� pendant la pr�paration du stage, et par le repr�sentant de CECI- Canada au Vietnam leur ont ouvert des portes et des coeurs au Vietnam. Si bien qu'� la fin du stage, ils recevaient pratiquement plus d'invitations � manger � la maison qu'il n'y avait de repas.
Priorit� � la pr�vention
Au terme du stage, � la mi-juillet, les �tudiants ont pli� bagage et pris, pendant quelques semaines, la route de l'aventure qui les a conduits dans quelques-uns des pays de ce coin du monde. En plus, Annabelle Blanchet et Val�rie Labb� ont fait un petit crochet du c�t� de P�kin pour assister, � titre de d�l�gu�es de Sant� Tiers-Monde, � la Conf�rence mondiale sur les femmes. Le bilan du stage? �Il y a encore des probl�mes de sant� chez les paysans vietnamiens mais les conditions s'am�liorent beaucoup, dit Val�rie Labb�. Les prochains stagiaires devraient sans doute donner priorit� aux programmes de pr�vention.� Sant� Tiers-Monde, un organisme � but non lucratif cr�� � la Facult� de m�decine, organise depuis 25 ans des stages cr�dit�s dans des pays en voie de d�veloppement � l'intention des �tudiants en sciences de la sant�.
Rentr�s au pays � la fin ao�t et au d�but septembre, les stagiaires ont repris les cours, les travaux et la petite vie. �Le plus gros choc culturel, dit Val�rie Labb�, c'est au retour que le l'ai v�cu. Apr�s toutes les �motions qu'on a connues l�- bas, apr�s avoir �t� trait�es comme des personnes importantes et s'�tre senti utiles aux gens, le plus difficile c'est de redevenir une simple personne ordinaire parmi tant d'autres.� JEAN HAMANN
-30-