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21 septembre 1995 ![]() |
LUTTE BIOLOGIQUE
Sporothrix flocculosa: 1, Mildiou: 0
Une �quipe de chercheurs en phytologie met la derni�re main � la fabrication du premier biofongicide canadien r�sistant au pesticide utilis� pour la culture du concombre.
Les producteurs biologiques qui cultivent du concombre en serre se heurtent actuellement � un adversaire de petite taille mais qui a une forte incidence sur le rendement, le mildiou. Les champignons utilis�s actuellement pour combattre la formation des t�ches blanches du mildiou sur les feuilles s'av�rent inefficaces dans des conditions climatiques difficiles ou lors d'une trop forte pr�sence du parasite. Une �quipe de chercheurs, dirig�e par Richard B�langer professeur au D�partement de phytologie de la Facult� des sciences de l'agriculture et de l'alimentation, vient donc de mettre au point un biofongicide r�sistant au pesticide le plus courant dans la lutte chimique contre le mildiou. Le r�sultat de ces recherches en lutte int�gr�e devrait sortir prochainement sur le march� � destination des producteurs de concombres et des horticulteurs.
Les chercheurs du D�partement de phytologie ont r�ussi � isoler une souche de champignon capable � la fois de lutter contre le mildiou du concombre et de la rose, et de r�sister au fongicide le plus couramment utilis� dans ces cultures. Ce champignon agit en fait comme un antibiotique et provoque l'explosion de la membrane de la cellule du parasite en 12 heures sous microscope et 48 heures en serre. Caract�ristique remarquable, cette souche originale parvient �galement � r�sister � l'action du pesticide, ce qui permet au producteur de passer � l'artillerie chimique, d�s que son guerrier biologique fait d�faut, sans lui nuire. �Avec la lutte int�gr�e, les agriculteurs peuvent diminuer l'utilisation de pesticides, tout en conservant leurs rendements, explique Richard B�langer. Cette r�duction est indispensable car certaines maladies d�veloppent avec le temps une r�sistance face aux fongicides. On pourrait bient�t se retrouver � court d'armes chimiques.�
Un int�r�t international
Le projet, qui a d�marr� en 1990, b�n�ficie d'un solide coup de pouce de l'industrie horticole dans le cadre d'une entente Synergie, financ�e en partie par le gouvernement du Qu�bec. D�j�, les demandes de collaboration en provenance de pays comme la Hollande ou l'Angleterre, qui restreignent d�sormais l'emploi de pesticides, ou de Californie, d'Australie, d'Afrique du sud, d'Isra�l affluent sur le bureau de Richard B�langer. Si les tests permettant de juger la toxicit� du produit s'av�rent concluants, le premier biofongicide canadien arriverait sur les tablettes des distributeurs au d�but de l'ann�e prochaine. Une fois l'�tape de l'homologation franchie, les producteurs pourraient donc acqu�rir le fameux champignon sous forme de poudre � m�langer � l'eau. Conserv� sous vide, sa dur�e de vie s'�l�verait � un an.
�Ce projet prouve que la recherche universitaire peut favoriser le transfert technologique, remarque Richard B�langer. De plus, nous associons �troitement les �tudiants aux diff�rentes �tapes de cette recherche. Depuis cinq ans, plusieurs ont fait des stages d'�t� en laboratoire, effectu� leur ma�trise ou leur doctorat sur le sujet.� Le professeur utilise �galement les r�sultats obtenus pour illustrer son cours sur les maladies des plantes ou la lutte int�gr�e. Les �tudiants prennent ainsi conscience d�s le premier cycle des difficult�s que posent la s�lection d'un champignon capable de combattre un autre parasite, ou tout simplement de la complexit� que repr�sente le d�pot d'un brevet. Une fa�on de proc�der qui montre que la recherche ne s'effectue pas toujours au d�triment de l'enseignement.
PASCALE GU�RICOLAS