14 septembre 1995 |
MICROBIOLOGIE
Cliniques dentaires: le mal
de l'air
Les traitements dentaires provoquent la formation de nuages de bact�ries dans l'air des cliniques. Un orage bact�rien menace-t- il le personnel et les patients?
Apr�s avoir d�montr� il y a quelques mois que l'eau des unit�s de soins dentaires contenait des concentrations inqui�tantes de bact�ries (voir le Fil du 16 mars 1995), Daniel Grenier, de la Facult� de m�decine dentaire, r�cidive en s'attaquant, cette fois, � la contamination bact�rienne de l'air des cliniques dentaires. Dans le num�ro d'ao�t de la revue scientifique Applied and Environmental Microbiology, le chercheur du GREB (Groupe de recherche en �cologie buccale) montre que les traitements dentaires g�n�rent la mise en suspension dans l'air de quantit�s importantes de bact�ries qui repr�sentent un risque potentiel pour le personnel des cliniques et pour les patients.
Aires ferm�es ou multichaises?
Dans les cliniques � aires ferm�es, la concentration de bact�ries de l'air avant les traitements dentaires se situe � environ 12 bact�ries/m3 d'air. Ce chiffre passe � 75 bact�ries/m3 lors de traitements dentaires traditionnels et il atteint m�me 216 bact�ries/m3 lors de traitements de d�tartrage aux ultrasons. Il faut compter environ deux heures apr�s la fin du traitement pour que la concentration de bact�ries retourne � son niveau d'avant-traitement. �La quantit� totale de bact�ries dans l'air est cependant beaucoup plus �lev�e puisque nos donn�es ne tiennent compte que des bact�ries de type ana�robie et ana�robie facultative �chantillonn�es � 4 pieds de la bouche du patient�, pr�cise Daniel Grenier.
Des �chantillons pr�lev�s dans une clinique multichaise (une clinique o� plusieurs patients sont trait�s simultan�ment dans un environnement ouvert) montrent que la contamination bact�rienne g�n�r�e par les traitements peut se propager sur plus de 11 m�tres. �Il est probable que la ventilation et les d�placements des personnes soient responsables de cette diss�mination, dit le chercheur, mais, � la lumi�re de ces r�sultats, il faut se demander si les cliniques multichaises sont une bonne chose puisqu'on est susceptible d'y traiter en m�me temps des patients porteurs d'infections et des patients immunosupprim�s.�
On ignore pour l'instant si la pr�sence de ces bact�ries augmente le risque d'infections chez le personnel des cliniques ou chez les patients. N�anmoins, des �tudes am�ricaines ont d�j� signal� que
l'incidence des infections respiratoires �tait significativement plus �lev�e chez les �tudiants en m�decine dentaire que chez les autres groupes d'�tudiants. �Je pense que les r�sultats de notre �tude rappellent l'importance des mesures prophylactiques standards (masques, gants, lunettes) pour les dentistes et le personnel des cliniques, dit Daniel Grenier. En plus, il existe d'autres moyens de pr�vention qui pourraient �tre facilement appliqu�s, notamment le brossage de dents ou l'utilisation d'un rince-bouche antiseptique juste avant le traitement. Un syst�me de ventilation ad�quat, soufflant l'air du plafond vers le plancher, contribuerait �galement � r�duire la quantit� de bact�ries en suspension dans l'air.�
JEAN HAMANN
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