14 septembre 1995 |
CONGR�S MONDIAL DE LA ROUTE
L'avenir: le b�ton, plus la privatisation
En se rendant � Montr�al par la route la semaine derni�re, n'importe lequel des 3 000 experts qui ont assist� au 20e Congr�s mondial de la route se serait cru en excursion illustrant, � la fa�on qu�b�coise, l'un des th�mes majeurs du congr�s: la d�t�rioration des r�seaux routiers. Qu'on en juge. La facture annuelle des travaux de r�paration des routes qu�b�coises: 120 millions $, celle des ouvrages en b�ton (ponts et viaducs): 50 millions $, celle d'une hypoth�tique restauration du pont de Qu�bec: 63 millions $. Les r�seaux routiers, construits pendant les ann�es de vaches grasses, sont aujourd'hui cribl�s de nids de poule et des sommes consid�rables doivent �tre investies, ann�e apr�s ann�e, pour r�parer ce que le temps et le mauvais temps d�truisent. Mais, comment construire et entretenir des routes sans engouffrer des fortunes? C'est ce que se sont demand� des professionnels de la route pr�sents � Montr�al la semaine derni�re.
L'une des avenues propos�es, entre autres par les chercheurs du CRIB (Centre de recherche interuniversitaire sur le b�ton), est le recours au b�ton, un mat�riau surpassant l'asphalte � bien des points de vue. Mais, parce que la fabrication du b�ton est essentiellement empirique, les r�parations d'ouvrages en b�ton durent souvent moins de cinq ans, rappelle Michel Pigeon, directeur du CRIB et titulaire de la Chaire industrielle sur le b�ton projet� et les r�parations en b�ton � la Facult� des sciences et de g�nie. Si on parvenait � am�liorer notre connaissance du b�ton de fa�on � prolonger jusqu'� 20 ans la durabilit� des r�parations, ce que l'on croit possible, les �conomies r�alis�es se chiffreraient en termes de dizaines de millions de dollars au Qu�bec seulement.
Des exp�riences tent�es �a et l� tendent � lui donner raison. L'an dernier, raconte Fran�ois Saucier, chercheur au CRIB, l'Ontario a confi� � une firme priv�e la construction et la gestion d'un tron�on de la route 407 pour une dur�e de 30 ans. Soucieuse de rentabiliser sa mise de plus de 6 milliards de dollars, cette firme a justement choisi de construire sa route en b�ton. Dans la r�gion de Vaudreuil, un contracteur, qui vient de refaire un tron�on de l'autoroute 40, a garanti la durabilit� des travaux pour dix ans, du jamais vu au Qu�bec. Encore l�, la route est faite de b�ton. �La privatisation des r�seaux routiers, qui est d�j� tr�s avanc�e dans certains pays comme la France, va changer la fa�on de construire des routes, estime Fran�ois Saucier. On ne cherchera plus uniquement � construire au plus bas co�t possible mais on prendra aussi en ligne de compte les sommes que n�cessitera l'entretien des routes. Et, comme le b�ton est un mat�riau tr�s r�sistant, on l'utilisera de plus en plus.�
Pour passer son message, le CRIB avait retenu un stand au Congr�s mondial de la route avec ses partenaires B�ton Canada (le R�seau canadien de centres d'excellence sur le b�ton) et l'Association canadienne du ciment Portland. �Nous �tions l'un des seuls groupes de recherche universitaire pr�sents, souligne Marthe Beauchamp du CRIB. On voulait profiter de cette tribune internationale pour montrer qu'au Qu�bec les recherches universitaires sur le b�ton trouvent rapidement des applications pratiques dans l'industrie.�
JEAN HAMANN
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