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26 octobre 1995 ![]() |
RECHERCHE
Traitement chirurgical de l'ob�sit� morbide
Une proc�dure chirurgicale permet � certaines personnes ob�ses de perdre 62 % de leur exc�s de poids et d'augmenter significativement leur qualit� de vie.
Une �tude r�alis�e par des chercheurs de la Facult� de m�decine � l'h�pital Laval d�montre qu'il est possible, par chirurgie, de r�duire consid�rablement l'exc�s de poids de personnes souffrant d'ob�sit� morbide. En effet, le suivi des 82 premiers patients soumis � ce traitement � l'h�pital Laval a montr� que, 17 mois apr�s chirurgie, les patients avaient perdu, en moyenne, 69 % de leur exc�s de poids. Cinq ans apr�s l'intervention, ce taux atteignait toujours 62 % et les effets secondaires tels que la fatigue, la diarrh�e et autres probl�mes gastro-intestinaux s'�taient progressivement att�nu�s au point de dispara�tre chez pr�s des trois quarts des patients. Enfin, le traitement a r�ussi � r�soudre 75% des probl�mes de sant� que ces patients �prouvaient avant l'intervention. Voil� une partie de l'encourageant bilan � long terme de ce traitement contre l'ob�sit� morbide que dressent les m�decins Simon Marceau, Simon Biron, Marc Lagac�, Fr�d�ric-Simon Hould, Martin Potvin, Roch- Andr� Bourque et Picard Marceau dans le dernier num�ro du journal scientifique Obesity Surgery.
Les sujets, 62 femmes et 20 hommes, �g�s de 38 ans en moyenne, pr�sentaient un exc�s de poids de 103 % au moment de l'op�ration, une des manifestations de l'ob�sit� morbide. Une personne souffre d'ob�sit� morbide lorsqu'elle p�se plus de deux fois son poids id�al et que cet exc�s de poids entra�ne des maladies comme le diab�te ou l'hypertension. Le traitement chirurgical exp�riment� � l'h�pital Laval s'inspire d'une technique d�velopp�e en 1979 par le chirurgien italien Scopinaro. Cette technique repose, d'une part, sur l'ablation d'une partie de l'estomac et, d'autre part, sur la d�rivation des enzymes digestives produites par le foie et le pancr�as. Il r�sulte de cette proc�dure que les aliments et les enzymes digestives entrent en contact plus loin qu'auparavant dans l'intestin et que, cons�quemment, la digestion des graisses se fait de fa�on incompl�te, r�duisant d'autant la quantit� de calories absorb�es par l'organisme.
Chez certains patients, ce traitement cause cependant une d�ficience en �l�ments nutritifs ce qui provoque, entre autres, de la faiblesse, de la fatigue et de l'an�mie. De plus, un transit plus court des aliments dans l'intestin et une absorption incompl�te des liquides obligent les patients � se rendre � la toilette trois � quatre fois par jour. Depuis 1990, les m�decins de l'h�pital Laval exp�rimentent une variation de ce traitement qui semble solutionner une bonne partie des effets secondaires ind�sirables. Plut�t que d'enlever l'extr�mit� de l'estomac o� se trouve le muscle contr�lant le passage des aliments vers l'intestin, ils coupent la partie gauche de l'estomac qui sert surtout de r�servoir. Les r�sultats, qui feront bient�t l'objet d'une nouvelle publication dans Obesity Surgery , montrent que cette proc�dure r�duit de consid�rablement le nombre de visites quotidiennes � la salle de bain. �En n'enlevant que la section r�servoir de l'estomac, on conserve les parties qui servent � broyer la nourriture et � contr�ler son passage vers l'intestin. Cette approche est tellement plus physiologique qu'on regrette presque de ne pas y avoir pens� plus t�t�, dit le chirurgien Simon Biron.
De l'avis des chirurgiens et des patients, l'am�lioration de la qualit� de vie attribuable au traitement chirurgical d�passe grandement les d�sagr�ments qu'il engendre.
JEAN HAMANN
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