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19 octobre 1995 ![]() |
SYMPOSIUM SUR LA S�CURIT� ALIMENTAIRE
La fin de la faim?
En Afrique, la circulation des denr�es alimentaires ressemble encore, le plus souvent, � un parcours � obstacles.
Lorsqu'ils ont fond� � Qu�bec, le 16 octobre 1945, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, commun�ment appel�e FAO, les signataires pensaient en finir une fois pour toute avec la faim. Cinquante ans plus tard, ce fl�au persiste toujours puisqu'on estime � 800 millions, sur la plan�te, le nombre de personnes ne disposant pas d'une alimention suffisante. Sans parler des 2 milliards d'�tres humains souffrant d'une d�ficience en min�raux et en vitamines. En fait, si la production agricole a fait des progr�s �normes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le partage et la juste distribution demeurent encore bien souvent une vue de l'esprit. R�unis quelques jours avant le symposium de la FAO � l'invitation de l'Association internationale d'�conomie alimentaire et agroalimentaire, et de G�rard Ghersi, professeur au D�partement d'�conomie rurale de la Facult� des sciences de l'agriculture et de l'alimentation, des chercheurs, des experts en coop�ration internationale ont confront� leurs points de vue sur la s�curit� alimentaire en Afrique.
La s�curit� alimentaire induit en fait l'acc�s de tous et � tout moment � une nourriture suffisante pour mener une vie saine et active, selon une d�finition donn�e par la FAO. Mais le trajet du grain de bl� qui pousse dans le champ du producteur, � la galette de pain chez le villageois burkinab�, ressemble plus souvent qu'autrement � un parcours � obstacles. � travers l'examen de quelques cas concrets de coop�ration internationale, les participants au colloque ont donc tent� de comprendre comment les Africains peuvent am�liorer leur sort. Un entrepreneur qu�b�cois, Jacques Lampron, tente ainsi actuellement de mettre sur pied, au Congo, un projet de m�canisation agricole. Il aimerait vendre des tracteurs, assembl�s sur place, � un regroupement qui se chargerait de la commercialisation de la machinerie. En passant par un interm�diaire franchis� assurant la formation des utilisateurs, l'entrepreneur esp�re �viter l'abandon de l'outillage lorsqu'il survient des pannes, comme cela arrive trop souvent.
� Vers l'entrepreneuriat agricole
Les projets d'aide au d�veloppement se heurtent en effet fr�quemment � une centralisation excessive des pouvoirs, concentr�s entre les mains d'une �lite. De telle sorte, comme l'ont remarqu� les participants au colloque, que les populations qui re�oivent du mat�riel, comme de la machinerie agricole ou des pompes � l'eau, s'en d�sint�ressent d�s que leur outil montre des signes d'essoufflement. Ils ne se sentent tout simplement pas concern�s. Certains, au Mali, favorisent donc la cr�ation d'un organisme, ind�pendant des instances gouvernementales, charg� de promouvoir l'entreprenariat agricole. Cette nouvelle instance devrait stimuler l'expansion du secteur priv� en favorisant les domaines de production les plus porteurs. Un autre projet, exp�riment� � Brazzaville, vise pour sa part � d�velopper une zone mara�ch�re, susceptible d'alimenter la capitale du Congo en l�gumes et de cr��r plusieurs milliers d'emplois. La mise sur pied de cette ceinture verte donne des r�sultats inesp�r�s puisqu'elle am�liore l'alimentation des m�nages congolais, notamment quand les viandes et les poissons atteignent des prix inabordables, et fournit un emploi non seulement aux producteurs mais �galemnt aux interm�diaires.
Ces quelques initiatives, ainsi que l'instauration d'un outil de suivi et d'�valuation appliqu� � un projet de gestion des ressources naturelles au Sahel, d�montrent que la lutte pour la s�curit� alimentaire passe aussi par des projets r�gionaux. Par le pass�, les gouvernements ont peut-�tre eu trop tendance � imposer des politiques, comme celle de la m�canisation agricole � outrance, sans trop se soucier des effets de leur application. Le XXI�me si�cle sera peut-�tre celui des petits pas qui m�nent aux grandes avanc�es.
PASCALE GU�RICOLAS