12 octobre 1995 |
DIPL�M�S
Semer � tout vent
Et ce vent, la jeune entreprise Abies-Abena semble l'avoir dans les voiles, gr�ce aux coups de pouce du gouvernement du Qu�bec et d'Entrepreneuriat Laval.
Chaque fois que Benoit Lamarche et Fr�d�ric Garneau empruntent le boulevard Charest entre Du vallon et Saint-Sacrement, ils ont tendance � fr�ler dangereusement les bas-c�t�s de la chauss�e. En s'�tirant le cou, ils cherchent � apercevoir le doux reflet vert du gazon qu'ils ont sem� dans le courant de l'�t�. Depuis le printemps dernier, ces deux dipl�m�s de la Facult� des sciences de l'agriculture et de l'alimentation proposent en effet leurs services de semeurs de pelouse au minist�re des Transport, aux municipalit�s, aux industriels ou aux particuliers qui souhaitent am�liorer leur environnement sans grever leur budget. Leur entreprise, Abies-Avena, se veut notamment une bonne alternative aux plantations de gazon en tourbe commun�ment pratiqu�es.
Selon les deux complices-entrepreneurs, la mise en place de plaques de gazon ne constitue pas la panac�e universelle pour reverdir un terrain nu. R�cemment, ils ont ainsi engazonn� un mur de terre destin� � prot�ger certaines r�sidences de Saint- Augustin-de-Desmaures du bruit de usine de cong�lation toute proche. Une r�alisation permise gr�ce � l'utilisation de leur semoir hydraulique qui projette sur la surface � ensemencer un jet de fibre de paillis, m�lang� � de l'engrais soluble, des graines de gazon, de l'eau et m�me un peu de colle. Quelques jours plus tard, si le temps le permet, les premi�res pousses font leur apparition. Depuis avril dernier, Benoit Lamarche, qui ach�ve sa ma�trise en g�nie rural, et Fr�d�ric Corneau, qui termine actuellement un baccalaur�at en phytologie, exercent donc leur talent sur les bords des rivi�res afin de limiter l'�rosion par l'installation d'un couvert v�g�tal, les terrains de football, de golf ou les pelouses des particuliers.
Tout calculer
�En combinant nos connaissances, nous gagnons du temps, explique l'ing�nieur des deux. Lorsque le gazon a tard� � lever sur le boulevard Charest, on a pu expliquer au client, gr�ce � des tests de sol appropri�s, que le manque d'eau �tait responsable de ce retard et qu'il suffisait d'attendre qu'il pleuve. Un autre entrepreneur aurait peut-�tre repris le travail, sans plus de r�sultat.� Benoit Lamarche pr�cise �galement que ses �tudes en g�nie rural l'aident � pr�senter des offres de service d�taill�es qui d�finissent clairement tous les param�tres utilis�s. Il applique, par exemple, les m�thodes apprises pour le calcul diff�rentiel, � celui du co�t horaire d'utilisation de leur camion ou aux multiples conversions en acres, hectares, ares, m�tres cube de terre...
Pour acqu�rir leur semoir hydraulique, la pierre angulaire d'Abies-Avena, un �quipement informatique de base, et quelques appareils de t�l�communication indispensables, les deux associ�s ont contract� un pr�t de 50 000 $, garanti par le Minist�re de l'industrie. Le programme d'aide au d�marrage des petites entreprises permet, par ailleurs, de n'effectuer aucun paiement la premi�re ann�e, ni en capital, ni en int�r�ts. Avant de s'installer pignon sur rue, Fr�d�ric et Benoit ont tout de m�me pris la pr�caution de fr�quenter durant quelques mois les ateliers organis�s par Entreprenariat-Laval � l'intention des entrepreneurs en herbe ( voir article en cette page ).
Le coup de pouce d'Entreprenariat Laval
�M�me si j'avais d�j� une exp�rience du march� du travail et des relations avec les clients gr�ce � un emploi comme vendeur de semences pendant plusieurs ann�es et � mes origines agricoles, il me manquait des connaissances, note Benoit Lamarche. Aupr�s de professionnels, nous avons pu apprendre � monter un plan d'affaires, une convention d'actionnaires, � mieux comprendre les assurances, aussi.� Les deux dipl�m�s ont d'ailleurs d�cid� de continuer l'aventure avec le pr�-incubateur d'entreprises en participant � un club de jeunes entrepreneurs, organis� en partie sous la houlette d'Entreprenariat Laval.
Si les affaires d'Abies-Avena marchent rondement depuis le printemps, les deux associ�s savent que l'arriv�e de la neige et du gel va interrompre leurs activit�s durant plusieurs mois. L'an prochain, ils esp�rent bien d�velopper davantage leur service de consultation afin de proposer au client un projet cl�s en main, de l'�tude de faisabilit� jusqu'� son ex�cution. Ils souhaitent �galement s'attaquer � un nouveau march�, celui de la gestion de rendement des cultures. De plus en plus d'agriculteurs au Qu�bec installent en effet sur leurs moissonneuses-batteuses un �quipement qui, reli� � un satellite, fournit des indications sur les liens entre la r�colte, le type de sol, de labour, de technique d'ensemencement. Les dirigeants d'Abies-Avena pourraient devenir experts-conseils pour aider les producteurs � trier le bon grain de l'ivraie dans toutes ces donn�es. De quoi les occuper pendant les longues journ�es d'hiver o� le vent qui souffle en temp�te dissuade m�me les brins d'herbe les plus courageux de pointer le nez hors du sol.
PASCALE GU�RICOLAS