2 novembre 1995 |
L'ADN: un barom�tre environnemental
L'ADN en a long � raconter sur l'�tat de sant� de populations animales vivant dans des milieux contamin�s.
Des chercheurs de la Facult� de m�decine (Unit� de recherche en sant� et environnement, CHUL), du minist�re de l'Environnement et de la Faune, d'Environnement Canada et du CNRS signent, dans le dernier num�ro de Molecular and Cellular Biochemistry , une �tude montrant qu'il est possible, par analyse d'ADN, d'�valuer l'impact des contaminants tels que les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sur le meunier noir, un poisson rencontr� dans les cours d'eau du Qu�bec.
L'analyse de l'ADN de meuniers noirs, captur�s dans les eaux du Saint-Laurent, pr�s d'une zone fortement industrialis�e et pollu�e de Beauharnois, et dans la rivi�re Saint-Fran�ois, � proximit� de l'usine de p�te et papier de Windsor, montre qu'il existe une relation �troite entre le degr� de contamination aux HAP et la pr�sence d'adduits dans les cellules des poissons. Les adduits proviennent de la d�gradation, dans les cellules, de certaines substances comme les HAP. En se liant � l'ADN, certains sous-produits des HAP provoqueraient des mutations et des transformations malignes dans les cellules. Or, les cellules de meuniers noirs r�colt�s dans le fleuve contiennent deux fois plus d'adduits que celles des meuniers noirs de l'Estrie. Cette �tude, men�e par Chakib El Adlouni, Jean Tremblay, Pierre Walsh, Jean Lagueux, Jacques Bureau, Denis Lalibert�, G�rard Keith, Denis Nadeau et Guy Poirier, a permis de d�montrer que la technique des adduits s'applique aux animaux vivant dans un milieu contamin� aux HAP. Une autre �tude, publi�e en 1991 par d'autres chercheurs, avait laiss� planer des doutes sur cette question puisque aucune diff�rence n'avait �t� d�cel�e dans la pr�valence des adduits entre des b�lugas vivant dans des milieux contamin�s et non contamin�s aux HAP. La technique des adduits a d�j� fait ses preuves dans des �tudes portant sur des populations humaines mais elle d�marre � peine dans le domaine faunique.
�Gr�ce � cette technique, nous disposons d'un moyen efficace pour �valuer l'effet de contaminants, � des doses plus faibles que le seuil provoquant une mortalit� massive, sur la sant� de certaines populations animales, dit Guy Poirier. Nous travaillons pr�sentement � optimiser la technique afin de la rendre plus �conomique. On pourrait �ventuellement y avoir recours pour mesurer l'impact de d�versements de produits toxiques sur les organismes vivants puisque les adduits se forment en quelques jours � peine.� L'�quipe du CHUL applique la m�me technique, avec des vers de terre toutefois, pour �valuer la toxicit�, � des doses subl�thales, de sols contamin�s.
JEAN HAMANN
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