23 mars 1995 |
Id�es
M. GARON SE GOURE
PAR EDWIN BOURGET
PROFESSEUR TITULAIRE ET SECR�TAIRE G�N�RAL DU GROUPE INTERUNIVERSITAIRE DE RECHERCHES
OC�ANOGRAPHIQUES DU QU�BEC ( GIROQ )
�Il faudrait quand m�me �viter de comparer les Canadiens de Montr�al aux Pee Wee de L�vis, m�me si le nombre de buts marqu�s par partie est du m�me ordre de grandeur!�
�Il n'y a pas d'opposition recherche-enseignement dans les universit�s qu�b�coises, il s'agit simplement de deux formes diff�rentes et tout � fait compl�mentaires d'enseignement universitaire.�
Nos ministres de diff�rentes all�geances politiques nous avaient habitu�s � des interventions particuli�rement incongrues au fil des ans, mais celle du ministre Garon sur les universit�s qu�b�coises d�passe de loin ce � quoi on pouvait s'attendre. Avant l'intervention du ministre, je me disais sans ironie - ou peut-�tre avec l'ombre � peine d'un soup�on d'ironie: nous avons bien de la chance d'avoir un Garon comme ministre de l'�ducation. Toutefois, les propos de M. Garon laissent transpara�tre une telle incompr�hension du syst�me universitaire et de l'enseignement sup�rieur en g�n�ral que je me sens oblig� de pr�senter ces quelques commentaires.
L'universit� qu�b�coise de l'an 2000
Si on en juge par les propos de Monsieur Garon, le r�seau universitaire qu�b�cois est insuffisant. On devrait cr�er de nouvelles universit�s, les sp�cialiser davantage tout en assurant une meilleure r�partition territoriale. Le ministre justifie son d�sir d'accro�tre le nombre d'universit�s en comparant le nombre d'institutions universitaires dans la r�gion de Qu�bec (n=3: U. Laval, l'ENAP, l'INRS) avec celui des universit�s dans la r�gion de Boston (71 aux dires du ministre). Je ne reprendrai pas ici les quelques commentaires �mis lors de l'�mission Le point de la mi-f�vrier, portant sur les propos du ministre. Ceux-ci montraient clairement que l'assiette budg�taire des universit�s am�ricaines priv�es, bien assur�e par de riches fondations priv�es, n'a rien de comparable avec celle des universit�s qu�b�coises. Par exemple, l'universit� Harvard, qui compte plus de 18 000 �tudiants (et non 4 000), dispose d'un fonds de plusieurs milliards de dollars, administr� par plus de 100 personnes disposant d'un budget annuel de pr�s de 10 000 000 $.
� cet �gard, il faut souligner l'appui quasi-ind�fectible et tout � fait exemplaire des Am�ricains � leur alma mater. J'ajouterai cependant que les frais d'inscription dans une universit� d'�lite am�ricaine, excluant les frais de logement et de s�jour, sont pr�sentement de l'ordre de 23 000 $ et que le National Center for Educational Statistics (US) pr�voit qu'ils seront de l'ordre de 40 000 $ en l'an 2000. J'ose croire que le minist�re de l'�ducation a autre chose en t�te pour les universit�s qu�b�coises de l'an 2000.
Il faut aussi rectifier les chiffres du ministre en ce qui a trait au nombre d'universit�s am�ricaines. V�rification faite, le syst�me universitaire am�ricain comprend 156 universit�s, 1 953 coll�ges (programmes de quatre ann�es sans programmes aux cycles sup�rieurs), 1 378 coll�ges et �coles techniques (programmes courts de deux ans, de niveau c�gep). Plus de la moiti� de ces institutions se d�finissent comme priv�es, bien que la plupart recoivent une forme d'appui financier de l'�tat ou du gouvernement am�ricain. Les colleges am�ricains ne se comparent peu ou pas aux universit�s qu�b�coises, et ils n'ont rien de commun avec les grandes universit�s qu�b�coises qui, quoi que puissent en penser le ministre et certains animateurs de radio populaire, sont d'excellente qualit�. Il faudrait quand m�me �viter de comparer les Canadiens de Montr�al aux Pee Wee de L�vis, m�me si le nombre de buts marqu�s par partie est du m�me ordre de grandeur!
L'enseignement universitaire de premier cycle Le ministre a visit� des h�pitaux universitaires et, ce faisant, il a rencontr� des �tudiant(e)s qui se sont plaints de suivre des cours dispens�s par des charg�(e)s de cours et d'avoir peu de contacts avec leurs professeur(e)s. Les propos de M. Garon laissent croire � tous qu'il s'agit l� d'une situation qui pr�vaut dans l'ensemble du r�seau universitaire qu�b�cois. Je refuse d'accepter cette g�n�ralisation du ministre. La population �tudiante visit�e par Monsieur Garon, celle qui se retrouve dans les h�pitaux universitaires, est tout � fait exceptionnelle dans le r�seau universitaire qu�b�cois. Elle constitue moins de 1% des �tudiant(e)s universitaires qu�b�cois et, qui plus est, elle est la seule � allier stages et �tudes pendant les m�mes sessions.
La situation des facult�s de m�decine est m�me unique � d'autres �gards. Les professeur(e)s permanents sont peu nombreux - l'offre et la demande obligent- et on doit faire appel � de nombreux m�decins charg�(e)s de cours qui acceptent de dispenser une part de l'enseignement. La situation n'est certes pas propre au Qu�bec. Sans doute y aurait-il lieu d'�largir substantiellement l'�chantillonnage pour obtenir une image r�aliste de la situation dans les universit�s. Si, comme le mentionne le ministre, il y a effectivement trop de charg�s de cours dans certaines universit�s, peut-�tre pourrait-il injecter davantage de fonds pour la cr�ation de postes permanents dans ces universit�s. L'op�ration m'appara�t relever davantage de l'utilisation du bistouri que de celle de la machette! Par ailleurs, �tant donn� que de nombreux programmes d'enseignement (par exemple de m�decine, de g�nie, d'actuariat, d'administration, etc.) re�oivent une accr�ditation d'organismes nord-am�ricains ou pan-canadiens ou de leur ordre ou corporation professionnels, ceci devrait s�curiser le ministre. ( voir article en page couverture ).
L'enseignement et la recherche
Aussi loin que je puisse me rappeler, on a mis en opposition enseignement et recherche dans les universit�s, et le ministre n'a pas �chapp� � cette mauvaise habitude. Cette opposition fait partie du discours des dirigeants des associations �tudiantes, quelquefois des syndicats de professeurs et m�me de certaines administrations universitaires. Et pourtant, la recherche, dans les universit�s qu�b�coises comme dans toutes les universit�s de la plan�te (sauf peut-�tre quelques grands laboratoires universitaires am�ricains), est effectu�e par des �tudiant(e)s de 2e et 3e cycles universitaires (ma�trise et doctorat) et des stagiaires post-doctoraux, sous la direction des professeur(e)s et des attach�(e)s de recherche qui participent aussi � la recherche.
Outre les cours qu'ils re�oivent des professeur(e)s dans les laboratoires, ces �tudiant(e)s-chercheur(e)s sont quotidiennement encadr�(e)s par ces derniers. Ils s'agit d'une forme d'enseignement par apprentissage. Je ne connais pas d'autres moyens de former des �tudiant(e)s-chercheur(e)s, ceux qui dirigeront les laboratoires de demain et qui occuperont �ventuellement des postes de cadre dans nos organisations scientifiques ou sociales. Il ne s'agit pas d'un divertissement ni d'un loisir, mais d'une forme diff�rente d'enseignement - tr�s exigeante - aupr�s d'�tudiant(e)s parmi les plus dou�(e)s. Mais peut-�tre est-ce l� le probl�me? J'ose esp�rer que ce n'est pas le cas! Ou peut-�tre est-ce parce que les professeurs qui pratiquent cette forme d'enseignement sont heureux de le faire qu'il doit forc�ment y avoir anguille sous roche?
Il n'est pas inutile de pr�ciser que l'enseignement de 2e et 3e cycles (la recherche) est vital pour la qualit� de l'enseignement au premier cycle. Les divers secteurs de la science �voluent � un rythme tel qu'il serait impensable de ne pas puiser dans les connaissances d�coulant de la recherche pour enrichir son enseignement au premier cycle. L'enseignement de 2e et de 3e cycles (la recherche) demeure donc une assurance, et la seule qui existe � ma connaissance, contre un enseignement d�suet ou scl�ros� au niveau du 1er cycle universitaire.
Le contexte de la recherche universitaire
Par ailleurs, je me permets de pr�ciser dans quel contexte les professeur(e)s-chercheur(e)s qu�b�cois �voluent. Ceci permettra peut-�tre de comprendre les forces en pr�sence et pourquoi nous n'avons pas le loisir de mener l'enseignement de 2e et 3e cycles, commun�ment appel� la recherche, � notre rythme, ni m�me d'en modifier grandement les param�tres sans des cons�quences �conomiques et p�dagogiques catastrophiques pour le Qu�bec.
Pour exercer leur enseignement de 2e et 3e cycles, les universit�s mettent � la disposition des professeurs un laboratoire - un local - de recherche et un bureau. S'ajoute quelquefois une subvention de d�marrage de quelques milliers de dollars ( < 10 000 $, souvent plus de 100 000 $ aux USA). L� s'arr�te souvent l'appui financier direct de l'universit� dans le fonctionnement des laboratoires de recherche des professeurs. Ensuite, c'est au professeur de jouer. C'est en faisant appel aux organismes subventionnaires f�d�raux, provinciaux et aux organismes priv�s que celui-ci parvient � �quiper son laboratoire, � trouver les fonds pour payer les d�penses associ�es aux travaux de recherche et pour appuyer financi�rement des �tudiant(e)s dipl�m�s(e)s, les gouvernements n'octroyant des bourses comp�titives qu'� une faible proportion des �tudiant(e)s aux cycles sup�rieurs.
L'universit� et le minist�re de l'�ducation contribuent aux infrastructures des �quipes ou des centres de recherche, mais cela se fait sur une base comp�titive, c'est-�-dire dans une large mesure selon le nombre et la qualit� des articles scientifiques publi�s dans des revues scientifiques internationales, au m�me titre d'ailleurs que pour l'obtention des subventions de fonctionnement de recherche. Rien d'acquis donc! Le point important � retenir ici c'est l'�l�ment de comp�titivit�. Qui plus est, c'est uniquement par comparaison avec les autres chercheurs dans la m�me discipline, ailleurs au Qu�bec, au Canada ou � l'�tranger que les fonds sont accord�s. Comme au moins 80 % des fonds de recherche, proviennent d'autres sources que celles du gouvernement du Qu�bec (gouvernement f�d�ral, conseils f�d�raux divers, organismes priv�s), et que les �valuateurs des demandes sont souvent des chercheurs �trangers oeuvrant dans le m�me domaine que le demandeur, c'est dire � quel point les contraintes affectant l'enseignement de 2e et 3e cycles nous �chappent.
Les contraintes ne sont pas uniquement canadiennes, elles sont surtout internationales. Ainsi, pour acc�der aux meilleures revues, pour faire partie des groupes de discussions int�ressants, pour participer aux programmes internationaux de recherche, ceux qui donnent acc�s rapidement aux infrastructures de recherche des autres pays, aux nouveaux savoirs, aux id�es et technologies nouvelles, qui n'appara�tront dans la documentation sp�cialis�e que plusieurs ann�es plus tard, et pour donner la meilleure formation possible � nos �tudiant(e)s de 2e et 3e cycles, les professeur(e)s et leurs �tudiant(e)s gradu�(e)s doivent fournir une prestation aussi bonne que celle des Am�ricains, des Britanniques, des Allemands ou des Fran�ais, etc. Il s'agit du prix � payer pour acc�der aux technologies et aux nouvelles m�thodologies bien avant les autres. L'autre voie, c'est le c�gep universitaire! Alors, s'il-vous-pla�t, �vitons d'opposer enseignement et recherche; aux �tudes sup�rieures il s'agit en r�alit� d'une seule et m�me chose, et la qualit� de cet enseignement d�pend dans une large mesure du dynamisme des professeur(e)s-chercheur(e)s d'universit�! Et quoi que vous en pensiez, Monsieur le ministre, les universitaires qu�b�cois tirent tr�s bien leur �pingle du jeu!
Le financement et les acquis
Aux �tats-Unis, l'�ducation sup�rieure est une affaire de quelque 100 milliards de dollars et repr�sente 2,7 % du produit national brut. Collectivement, les coll�ges et universit�s emploient 793 000 professeurs pour leurs 14 000 000 �tudiant(e)s. En d�pit de cet investissement massif, on pr�voit qu'en l'an 2000 de nombreuses petites universit�s auront ferm� leurs portes, ou se seront fusionn�es avec des universit�s plus grandes et plus stables. Cependant, une rationalisation des services est en cours pour �viter les chevauchements et une r�orientation vers un enseignement plus personnalis�, plus flexible, notamment en utilisant l'autoroute �lectronique pour acc�der aux biblioth�ques de films, de vid�os et de disques lasers.
Au Qu�bec nos laboratoires d'enseignement ne sont pas encore �quip�s de syst�mes vid�os informatis�s et des fibres optiques qui permettent d'acc�der � l'ensemble de ces services. Toutefois, plusieurs d'entre nous, avec l'aide de l'Universit�, ont r�cemment mont� des cours complets sur CD-ROM, qui pourraient �tre mis � la disposition de l'ensemble du r�seau universitaire qu�b�cois, une fois les laboratoires bien �quip�s. Mais l'enseignement plus personnalis� pr�conis� par le ministre exige toujours un personnel comp�tent, disponible, au del� de l'acc�s � ces nouveaux moyens. En bout de ligne, il n'est pas certain que ces nouveaux moyens permettront de r�aliser des �conomies importantes.
La disponibilit� des professeurs et les fonctions d'enseignement En d�pit du fait que je ne partage pas du tout l'opinion de M. Garon � l'effet que les professeur(e)s des universit�s du Qu�bec, en g�n�ral, soient peu disponibles pour les �tudiants, il n'est pas inint�ressant d'examiner les raisons qui pourraient conduire � une telle situation. Le ratio professeur(e)/ �tudiant(e)s est certes un des bons indicateurs de la demande relative qui est faite aux professeur(e)s d'universit�.
Comment se comparent les universit�s qu�b�coises par rapport aux autres institutions d'enseignement universitaires ailleurs dans le monde? Au Qu�bec, le ratio professeur(e)/�tudiant(e)s (donn�es de 1992-1993) est de 1/19,3, il est de 1/18,4 en Ontario, de 1/15,3 pour l'ensemble des universit�s canadiennes et de 1/17,7 aux �tats-Unis. � l'autre extr�me du spectre, le ratio est de 1/14,7 � l'Universit� de Montpellier II, de 1/8 � Harvard et de 1/5 � Tokyo (Teikyo, Daigaku: 30 000 �tudiants). Les donn�es disponibles montrent clairement que les universit�s qu�b�coises ont un ratio professeur(e)/�tudiant(e)s plus faible que celles de l'Ontario, du Canada et des �tats-Unis. En somme, on demande d�j� aux professeur(e)s qu�b�cois de fournir un rendement sup�rieur � leurs coll�gues ailleurs au pays et � l'�tranger, tout en maintenant la m�me activit� d'enseignement et de recherche aux diff�rents cycles sup�rieurs. La plupart d'entre nous parvenons � le faire. Le ministre entend-t-il changer ce ratio? Si c'est le cas on peut pr�sumer que ce sera pour augmenter le ratio professeur(e)/�tudiant(e)s.
Quelles sont ces t�ches qui occupent tant les professeurs d'universit�s, et qui pr�occupent tant le ministre et les grands �debaters� radiophoniques? Elles sont multiples. Outre l'enseignement de premier cycle (cours et laboratoires), qui soit dit en passant n�cessite une bonne vingtaine d'heures par semaine (4 ou 5�h par heure de cours), elles englobent la correction des travaux et des examens, l'enseignement formel aux cycles sup�rieurs, l'aide � la pr�paration des projets de recherche des �tudiant(e)s gradu�(e)s, l'aide � la r�daction des m�moires et th�ses de doctorat, la correction et l'�valuation des m�moires et th�ses des �tudiant(e)s de leur d�partement et d'autres d�partements, la r�daction des articles scientifiques, la pr�paration de conf�rences, la participation � des congr�s de recherche, les comit�s d'organismes subventionnaires, l'�dition de revues scientifiques, l'�valuation de manuscrits pour ces revues, la r�daction de livres, la mise en place des infrastructures (par exemple laboratoires, camions, maisons, navires, appareils et �quipements divers, etc.) n�cessaires aux travaux de recherche des �tudiant(e)s, la gestion des centres de recherche, la recherche et les demandes de subventions de recherche et d'infrastructure, etc.
Malheureusement, on per�oit mal l'importance de cette derni�re t�che, tant dans la population que dans les milieux gouvernementaux. Elle est vitale! Elle permet aux laboratoires de fonctionner, c'est-�-dire d'appuyer financi�rement les �tudiants et rend possible leur travail de recherche. Sans elle, il n'y a pas d'enseignement aux cycles sup�rieurs. Cette activit� est tr�s comp�titive et les professeur(e)s y consacrent plusieurs mois annuellement. On comprendra facilement que les subventions �tant accord�es par concours, la qualit� et l'originalit� des projets sont primordiales. Eh oui, il faut aussi penser! Les dates de d�p�t sont fixes et il n'existe aucune marge de manoeuvre. Un retard d'une journ�e et votre laboratoire de vingt personnes ou votre centre de recherche de 150 personnes (incluant ses quelque 50 �tudiants de 2e et 3e cycles) est r�duit � n�ant du jour au lendemain.
Par exemple, pour respecter l'�ch�ance d'une demande de subvention d'appareillage scientifique de plus d'un million de dollars, et deux autres demandes assez substantielles, j'ai d� consacrer personnellement 56 jours cons�cutifs de travail de 7�h du matin � minuit (samedis et dimanches inclus), pendant les mois d'�t� 1994, tout en restant disponible pour mes �tudiant(e)s dipl�m�(e)s. Plusieurs de mes coll�gues font de m�me. Voil� le contexte de travail d'un grand nombre de professeur(e)s d'universit�!
Une affaire de gros sous, une activit� �conomique et sociale importante L'activit� d'enseignement de 2e et 3e cycles (la recherche) dans les universit�s est une affaire de gros sous. Elle permet l'embauche de dipl�m�(e)s, d'assistant(e)s, de chercheur(e)s et g�n�re une activit� �conomique r�gionale importante. Dans la r�gion de Qu�bec, les professeur(e)s de l'Universit� Laval vont chercher annuellement sous forme de contrats, subventions et ententes de collaborations diverses quelque 140 000 000 $. D'autre part, ceux des constituantes de l'INRS localis�es � Qu�bec vont chercher plus de 10 000 000 $. Une proportion importante de ces fonds proviennent d'organismes priv�s et d'organismes subventionnaires ext�rieurs au Qu�bec. Ils (elles) contribuent donc substantiellement � l'enrichissement collectif des Qu�b�cois, et il en est de m�me de leurs coll�gues des autres universit�s qu�b�coises.
Il n'y a pas de miracle, toute intervention non �clair�e affectant la t�che des professeur(e)s actifs dans l'enseignement de 2e et 3e cycles se r�percutera directement sur cette activit� �conomique. Il est clair cependant qu'on peut accro�tre l'activit� de recherche dans certaines disciplines, mais il faut cibler les interventions, et �viter de jouer � Robin des bois.
Par ailleurs, au del� de l'activit� �conomique proprement dite, les travaux de recherche permettent � notre soci�t� de conna�tre. Cette dimension est loin d'�tre secondaire. La recherche universitaire permet � notre soci�t� de se doter d'un savoir utilisable par tous dans la prise de d�cision que n�cessite l'administration courante ou pour assurer les d�veloppements techniques importants. Elle fournit les d�veloppements technologiques, environnementaux, m�dicaux, sociaux adapt�s � notre soci�t�. Il ne faut donc pas croire que la recherche est forc�ment �sot�rique et d�connect�e des besoins soci�taux, les fonds de recherche �tant de plus en plus accord�s pour la recherche orient�e et pour r�pondre � des besoins sp�cifiques de la soci�t�.
Je termine en rappelant (1) qu'il n'y a pas d'opposition recherche - enseignement dans les universit�s qu�b�coises, qu'il s'agit simplement de deux formes diff�rentes et tout � fait compl�mentaires d'enseignement universitaire; (2) que, si nous voulons encourager la cr�ativit� chez nos jeunes universitaires, il nous faut apprendre � appr�cier l'enseignement aux cycles sup�rieurs (la recherche) d'une mani�re intelligente, et en venir � comprendre le r�le important, �mulateur et cr�ateur jou� par la curiosit� des �tudiant(e)s de tous les cycles. Enfin, m�me dans la situation �conomique actuelle, notre soci�t� se doit de fournir aux universit�s un appui financier de base suffisant, de telle sorte que les professeur(e)s et �tudiant(e)s puissent penser, apprendre et cr�er dans une atmosph�re d�cente et stable, plut�t que voir ses forces vives se d�battre dans un marasme �conomique.