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23 mars 1995  |
RECHERCHE
Le Nord du Qu�bec se refroidit
Les chercheurs du Centre d'�tudes nordiques attribuent ce ph�nom�ne � une anomalie de la couverture de glace recouvrant l'oc�an arctique.
Le Nord devient-il plus froid � mesure que le Sud se r�chauffe?
On serait port� � le croire en prenant connaissance d'une �tude, men�e par des chercheurs du Centre d'�tudes nordiques (CEN), qui prouve qu'entre 1987 et 1993, la temp�rature a baiss�, en moyenne, de 0,05 degr� Celsius par ann�e dans l'extr�me nord du Qu�bec. Le directeur du CEN, Michel Allard, et le chercheur Baolai Wang ont pr�sent� leurs donn�es sur les fluctuations de temp�rature enregistr�es � 20 m�tres de profondeur dans l'extr�me nord du Qu�bec, lors du 25e Arctic Workshop qui avait lieu la semaine derni�re sur le campus. Ces donn�es viennent confirmer la baisse acc�l�r�e de la temp�rature de l'air que cette r�gion a connue depuis le milieu des ann�es 1980.
Ce refroidissement de l'est de l'Arctique est un ph�nom�ne connu mais qui est noy� par toute la publicit� faite autour du r�chauffement climatique, dit Michel Allard. Pourquoi alors s'�tre donn� la peine de prendre la temp�rature � 20 m�tres de profondeur? �Au d�part, on a mis le dispositif exp�rimental en place dans le cadre d'un projet de recherche sur le suivi des a�roports nordiques construits dans les ann�es 1980 par Transport Qu�bec et Transport Canada, explique-t-il. On voulait suivre les fluctuations du perg�lisol (la zone gel�e en permanence) parce qu'elles jouent un r�le important dans la stabilit� des constructions nordiques et parce qu'on s'attendait justement � observer un r�chauffement climatique.� La tournure des choses leur a tout de m�me permis de d�montrer qu'� partir d'une certaine profondeur, les br�ves oscillations de temp�rature et celles attribuables � des conditions locales sont filtr�es par le perg�lisol . Seul un signal global, variant d'� peine quelques dixi�mes de degr� entre l'hiver et l'�t� et mettant un an � franchir l'�paisseur de sol gel�, parvient jusqu'aux sondes. Et ce signal confirme la baisse de 0,05 degr� Celsius enregistr�e � la surface.
Le refroidissement de l'Est de l'Arctique, qui survient � contre -courant de la tendance mondiale, serait attribuable � une anomalie dans la couverture de glace recouvrant l'oc�an Arctique. Selon Michel Allard, les derni�res ann�es auraient �t� marqu�es par de plus fortes pr�cipitations qui auraient entra�n� de plus grandes quantit�s d'eau douce dans l'oc�an et cons�quemment un couvert de glace plus important. En plus de refroidir le climat, ces glaces auraient modifi� les grands courants marins. La baisse de temp�rature de l'eau qui s'ensuit entraverait m�me les d�placements reproducteurs de la morue et expliquerait, en partie, l'effondrement des stocks de cette esp�ce. En contrepartie, le refroidissement rend moins probable l'effondrement des constructions nordiques puisque la zone soumise au cycle gel-d�gel est moins profonde.
R�seau m�t�o
Les trois sites �tudi�s, situ�s dans les villages de Salluit, Kangiqsujjuaq et Quaqtaq, font partie du r�seau de stations d'observations climatologiques du CEN. Ce r�seau, mis sur pied au cours des dix derni�res ann�es, est constitu� d'une soixantaine de sites r�partis en Hudsonie, en Ungava, sur la Basse C�te-Nord, sur l'�le Bylot et dans la r�gion de Qu�bec. Vingt-quatre de ces stations sont totalement informatis�es et six d'entre elles sont reli�es via radio et t�l�phone � un ordinateur central du CEN sur le campus. Une station transmet m�me ses informations climatiques via le satellite GOES. JEAN HAMANN
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