16 mars 1995 |
RECHERCHE
Les unit�s de soins dentaires
en eaux troubles
Des bact�ries se cachent par millions dans l'eau des unit�s de soins dentaires. Il n'y a pas lieu de paniquer mais il serait temps qu'on s'occupe du probl�me, estiment des chercheurs du GREB.
Une �tude du Groupe de recherche en �cologie buccale de l'Universit� Laval (GREB), rendue publique la semaine derni�re � San Antonio au Texas lors du Congr�s de l'American Association for Dental Research, d�montre que la concentration en bact�ries de l'eau des unit�s de soins dentaires d�passe de plusieurs centaines de fois la norme acceptable pour l'eau potable. Nancy Bourassa, Daniel Grenier, Denis Mayrand, Jean Morin et Laurent Dufour ont analys� l'eau de 13 unit�s de soins dentaires situ�es dans huit localit�s de la r�gion de Qu�bec. Dans chacune de ces unit�s, ils ont pr�lev� des �chantillons d'eau � m�me les instruments qui pourraient contaminer un patient: la turbine (fraise), dont l'action est accompagn�e d'un jet d'eau refroidissant, et le pistolet eau-air. La concentration moyenne en bact�ries par millilitre d'eau se situe � environ 900 000 pour la turbine et 600 000 pour le pistolet eau-air alors que la norme pour l'eau potable est de 500. Des patients � risque
�Ces donn�es repr�sentent toutefois les pires situations puisque nous avons pr�lev� les �chantillons t�t le matin avant que les conduites ne soient vidang�es, reconna�t Daniel Grenier. Une vidange de trois minutes permet de r�duire de 97 % la concentration en bact�ries. Mais m�me l�, les concentrations moyennes obtenues d�passent de beaucoup la norme accept�e pour l'eau potable.� Les microorganismes pr�sents dans les �chantillons recueillis se retrouvent normalement dans les r�seaux d'aqueduc mais en concentrations si faibles qu'ils ne menacent pas la sant� publique. Par contre, aux concentrations retrouv�es dans les unit�s de soins dentaires, ils pourraient causer des probl�mes aux individus dont le syst�me immunitaire est affaibli notamment les personnes �g�es, les individus qui consomment des immunosuppresseurs et les sidatiques.
Une question de mat�riau?
Curieusement, l'eau du robinet des cabinets de dentiste est de qualit� acceptable. �Le probl�me ne vient pas de l'alimentation en eau comme telle mais du fait que les conduites des unit�s de soins dentaires sont fabriqu�es d'un mat�riel permettant l'adh�rence bact�rienne et que l'eau y est parfois stagnante pendant des heures, explique Daniel Grenier. Certaines bact�ries adh�rent aux conduites et se multiplient jusqu'� former une pellicule qui tapisse toute la paroi int�rieure. Comme la vidange ne parvient pas � d�loger totalement cette pellicule, il faudrait, dans un premier temps, l'�liminer � l'aide d'une solution d�tergente puis, par la suite, d�sinfecter quotidiennement les conduites . Finalement, les fabricants d'unit�s de soins dentaires devraient utiliser un type de mat�riel auquel n'adh�rent pas les bact�ries.�
On ignore pr�sentement si des doses massives de ces bact�ries peuvent affecter des patients normaux puisqu'aucune �tude n'a �t� r�alis�e sur le sujet. �Il me semble cependant qu'il faudrait intervenir avant qu'on ne d�couvre que, dans un certain pourcentage de cas, l'eau contamin�e contribue � l'apparition d'infections suivant des proc�dures dentaires invasives�, conclut Daniel Grenier.
JEAN HAMANN
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