16 mars 1995 |
L'OP�RA DES MENDIANTS
Les �tudiants de l'�cole de musique pr�sentent un op�ra comique de John Gay sur la p'tite vie des gueux londoniens du XVIII e si�cle. Les 22, 24 et 25 mars, � 20 h, au Palais Montcalm.
Si La p'tite vie vous int�resse, c'est-�-dire que si vous comptez parmi les trois millions de Qu�b�cois qui, chaque lundi soir � la t�l�vision, se d�lectent des aventures de M�man et de P�pa, vous appr�cierez � coup s�r L'Op�ra des mendiants. L'analogie vous semble curieuse? Sachez que le rapprochement �mane de Marc B�gin, metteur en sc�ne du spectacle annuel de l'Atelier d'op�ra: �Malgr� un titre qui n'inspire pas n�cessairement la gaiet�, L'Op�ra des mendiants est tout le contraire d'une oeuvre sombre et triste, explique-t-il. En fait, c'est la X p'tite vieX de toute une �poque qui est d�crite. John Gay a transpos� les habitudes et le discours de la haute soci�t� anglaise du XVIIIe si�cle dans le quotidien d'une certaine p�gre.� Op�ra dans un op�ra, l'oeuvre est (fictivement) �crite par des gueux qui d�cident de se payer la t�te des d�tenteurs du pouvoir politique. D'o� le titre, L'Op�ra des mendiants.
Le propos de la pi�ce est simple: la tendre Sophie a secr�tement �pous� un bandit des grands chemins, Guillaume Laforest, et ce, contre la volont� de son p�re, Mouchard. Receleur, provocateur et indicateur de police, ce dernier profite pourtant largement des m�faits de son gendre dont il essaie de se d�barrasser par tous les moyens. Avec la complicit� du chef ge�lier Barreau, dont la fille Lucie a �galement �t� s�duite par Laforest, Mouchard fait arr�ter et condamner � mort le brigand. Laforest s'en sortira-t-il? Qui de Lucie ou de Sophie triomphera du coeur de l'imp�nitent Guillaume? C'est ce que vous saurez en assistant � cet op�ra �comique� qui a donn� lieu � de multiples versions th��trales, dont la plus c�l�bre est sans contredit le c�l�bre Op�ra de Quat'sous de Kurt Weil, sur des textes du dramaturge allemand Bertolt Brecht, cr��e en 1928.
La t�te de Haendel
Compos� en 1728 par le dramaturge britannique John Gay, L'Op�ra des mendiants (The Beggar's Opera) remporta un immense succ�s lors de sa cr�ation. Ce succ�s, de souligner Marc B�gin, tient en bonne partie au ton satirique utilis� par l'auteur dans sa critique de la soci�t� et des moeurs politiques du temps. Ainsi, les personnages poss�dent de grandes similitudes avec certains hommes politiques connus. Pas dupe pour deux sous, le public de l'�poque reconna�t vite que ce bandit notoire de Mouchard, par exemple, est le portrait tout crach� de tel ou tel ministre rompu... � la corruption.
En m�me temps qu'il brosse un tableau satirique de la high class , John Gay fait une parodie de l'op�ra alors en vogue en Angleterre, l'op�ra � l'italienne, un genre ancr� dans des habitudes et un protocole immuables, autant dans l'utilisation des chanteurs italiens que dans la forme de l'oeuvre avec ses r�citatifs, ses airs et ses ballets. S'�loignant des conventions italiennes pr�conis�es par Haendel, le po�te cr�e un genre nouveau: l'op�ra-ballade. De facture tr�s simple, cet op�ra comprend une succession d'airs � la mode tir�s autant du r�pertoire populaire (ballades, chansons) que du r�pertoire classique devenu populaire, dont la musique de Haendel. La version de Britten
Au lieu de longs r�citatifs, le librettiste fait donc alterner dialogues en prose et chansons, ce qui a pour effet de rendre l'action beaucoup plus vivante. �� l'�poque de la cr�ation de l'oeuvre, le public connaissait tous les airs interpr�t�s dans L'Op�ra des mendiants, qu'ils proviennent du folklore, de la musique populaire ou d'op�ras c�l�bres�, note Marc B�gin. En fait, on imagine sans peine le plaisir que pouvait ressentir le public en voyant des bandits se payer la t�te d'un musicien �s�rieux� et hautement consid�r� comme Haendel... La version jou�e � Qu�bec est celle du compositeur britannique Benjamin Britten qui fut cr��e en 1948 � Cambridge. C'est celle qui se rapproche le plus de la version originale en ce sens qu'elle conserve 66 des 69 chansons choisies par John Gay et qu'elle suit de tr�s pr�s l'esprit des textes de l'auteur.
La distribution de cet op�ra comprend 14 personnages, jou�s et chant�s par autant d'�tudiants et d'�tudiantes en chant de l'�cole de musique. �P�dagogiquement parlant, c'est un excellent exercice pour les chanteurs, explique Marc B�gin. D'une part, ce sont tous des r�les de composition. Et comme les personnages sont tr�s hauts en couleurs, il faut les jouer franchement, et non en demi-teinte. D'autre part, � l'op�ra, faire rire constitue un v�ritable tour de force. Pour toutes ces raisons, monter L'Op�ra des mendiants repr�sente un immense d�fi pour tout le monde. Mais au bout du compte, les �tudiants apprennent � travailler tout en s'amusant! �
Interrog� sur le sens de l'oeuvre, Marc B�gin r�pond qu'il esp�re simplement que le public passe une belle soir�e. �Mais s'il y avait un message, ce serait qu'aujourd'hui comme au XVIIe si�cle, une crapule est toujours une crapule. Finalement, rien ne change dans l'histoire. En ce sens, L'Op�ra des mendiants demeure une oeuvre tr�s actuelle.�
Outre Marc B�gin � la mise en sc�ne, on retrouve Monique Dion � la sc�nographie et Serge Gingras � l'�clairage. Louis-Marie Lavoie dirige la production et l'orchestre de l'Atelier d'op�ra est plac� sous la direction de GIlles Auger. Les billets sont en vente aux prix de 14$ et 10$ � la billetterie du Palais Montcalm et dans le r�seau Billetech. R�servation: 670-9011. REN�E LAROCHELLE
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