25 mai 1995 |
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CAROLINE COT�: LES RAISONS DE LA COL�RE
Pour Caroline C�t�, recherche et engagement personnel ne font qu'un. Depuis que des exp�riences personnelles et un voyage en Europe du Sud et en Afrique du Nord lui ont ouvert les yeux sur la dure r�alit� des conditions de vie des femmes, elle a fait sienne la cause f�ministe. Sa col�re, cette �tudiante � la ma�trise de l'�cole de service social, sous la direction du professeur Francine Ouellet, a d�cid� de l'utiliser pour aider les femmes victimes de violence conjugale. D�s 1987, elle s'est engag�e comme b�n�vole � la Maison des femmes de Qu�bec, y a accompli ses stages de formation, pour finalement devenir permanente pendant deux ans, puis pr�sidente du Conseil d'administration. �Les intervenantes s'impliquent personnellement dans les s�ances de groupes o� les femmes tentent de briser le cycle de la violence en discutant de leurs probl�mes, explique Caroline C�t�. Apr�s la naissance de ma fille, j'ai eu envie de prendre du recul, d'avoir une r�flexion sur mon travail.� La jeune femme a donc d�cid� d'entreprendre une ma�trise sur un sujet bien particulier et tr�s peu �tudi� pour l'instant au Qu�bec ou au Canada, en se penchant sur la violence conjugale chez les lesbiennes.
� la lumi�re de son exp�rience pratique, la travailleuse sociale a constat� que les modes d'intervention en vigueur dans les organismes d'h�bergement n'apportent pas une grande aide aux femmes homosexuelles, car les mod�les de discussion reposent sur l'h�t�rosexualit� des couples. Bien souvent, les lesbiennes victimes de la violence de leur conjointe n'affichent pas leur tendance sexuelle lors des discussions ou pr�f�rent s'abstenir de s'adresser aux maisons d'accueil. De plus, les intervenantes �prouvent souvent des difficult�s � distinguer la victime de l'agresseure, car cette derni�re a parfois tendance � se faire pr�senter comme quelqu'un en l�gitime d�fense. En effectuant une recherche dans la litt�rature, Caroline C�t� a constat� que si la violence physique et sexuelle existait chez les couples de lesbiennes, tout comme chez les h�t�rosexuels, il s'agit davantage de violence psychologique et verbale exerc�e par un partenaire sur l'autre.
En fait, cette recherche am�ne l'�tudiante � s'interroger sur les causes de la violence. Jusqu'� pr�sent l'intervention f�ministe pratiqu�e � la Maison des femmes consid�re en effet que les femmes sont victimes de violence conjugale tandis que leur conjoint constitue l'agresseur, � de tr�s rares exceptions pr�s. Pour les intervenantes, aucune raison ne peut excuser ce d�sir de contr�ler la vie de l'autre, l'alcool ou la drogue jouant souvent le r�le d'�l�ment d�clencheur. L'argumentation f�ministe expliquant la violence d'une femme par le fait qu'elle a int�gr� les valeurs patriarcales ne satisfait pas enti�rement Caroline C�t�. Au cours de sa recherche, elle va tenter d'interroger des lesbiennes victimes de violence conjugale pour comprendre comme ces derni�res s'expliquent ces actes. L'�tudiante esp�re pouvoir proposer un mode d'intervention adapt� au probl�me des homosexuelles � l'issue de sa ma�trise afin qu'elles re�oivent une aide appropri�e.
PASCALE GU�RICOLAS