25 mai 1995 |
JOURN�ES SIMONE-PAR�
En avant, toutes!
En travail social, dans plusieurs pays, la femme ne serait pas loin d'�tre l'avenir de l'homme.
Plusieurs sp�cialistes de l'intervention de groupe, venus du Cameroun, de France ou du Liban, pr�sentaient r�cemment le r�sultat de leurs exp�riences dans le cadre des Journ�es Simone- Par�, organis�es chaque ann�e par l'�cole de service social. Cette activit� se d�roule gr�ce � la contribution du Fonds Simone-Par�, cr�� en 1990 en l'honneur de cette professeure �m�rite de l'�cole de service social, dont une grande partie de la carri�re a port� sur la recherche en service social des groupes. Qu'il s'agisse de la r�habilitation d'aveugles camerounais � travers les coop�ratives de production, de la valorisation de l'�pargne gr�ce � la tontine ou de l'action sociale commune mise sur pied par quelques femmes libanaises, les cas relat�s par les travailleuses sociales d�montrent qu'une action collective a parfois une port�e insoup�onn�e.
Au Cameroun par exemple, la plupart des quartiers, des villages ou des villes comptent un ou plusieurs groupes de femmes qui pratiquent la tontine. Ce syst�me d'entraide de type communautaire s'appuie sur une �pargne commune et s'adapte aux besoins des membres. Les adh�rentes � ce r�seau peuvent en effet obtenir un pr�t ou simplement b�n�ficier d'une aide du groupe pour surmonter un deuil, chercher du travail, r�soudre des difficult�s familiales. Comme l'expliquait lors de la conf�rence Bernadettte Ngo Nkouth, �tudiante � la maitrise � l'�cole de service social, ces r�seaux permettent aux femmes de sortir de leur isolement, de conserver une certaine solidarit� malgr� les mutations sociales et de promouvoir leurs activit�s. Lors de sa pr�sentation, la travailleuse sociale a �galement relat� la mise en place de coop�ratives de production pour aveugles qui leur a offert l'opportunit� d'acqu�rir une autonomie financi�re et de valoriser leurs talents manuels. Pour parvenir � b�tir ce projet, il a fallu toutefois vaincre la m�fiance des handicap�s, accoutum�s � recevoir une allocation personnelle, et leur pr�senter l'avantage d'une forme d'aide plus collective.
Au Liban ravag�
Au Liban, Maya Hazaz, professeure-chercheure � l'Universit� Saint-Joseph de Beyrouth et titulaire d'une maitrise en service social � l'Universit� Laval, a soulign� les avantages du regroupement qui a permis � des veuves de guerre d'un des quartiers les plus populeux de la capitale du Liban de s'entraider efficacement. Le quartier abrite pr�s de 22 000 r�sidents issus d'ethnies diff�rentes et de confessions variables, qu'il s'agisse de Libanais, d'�gyptiens, de Kurdes, de Turcs, qui vivent dans des conditions pr�caires car ils ont d� fuir leur r�gion en guerre . Les travailleurs sociaux ont constat� que des femmes, dont les maris sont morts dans les combats, vivaient difficilement leur isolement.
�Avant de constituer un groupe de 20 femmes, il a fallu passer plusieurs mois � les rencontrer chez elles afin de les rassurer, pr�cise Maya Hazzaz. Leur culture les emp�chait de se confier � des personnes qu' elles ne connaissaient pas.� Peu � peu, leur sentiment de m�fiance a diminu� et les 13 membres r�guli�res du groupe ont appris � s'entraider, � tisser entre elles des liens pouvant ressembler aux liens familiaux. Cette exp�rience leur a permis de comprendre qu'� d�faut d'une famille proche, on pouvait aussi compter sur l'appui d'un r�seau d'amis. Ensemble, elles ont pris conscience de leurs habilet�s personnelles et r�alis� qu'elles pouvaient agir efficacement sur leur vie. Selon la professeure, leur action commune a aid� ces femmes � faire respecter leurs droits de locataires face aux propri�taires de logements qui les mena�aient d'expulsion, ainsi que leurs droits parentaux. Bien souvent, en effet, le statut des enfants n�s de mariages mixtes demeurait flou car chaque confession religieuse au Liban jouit de son propre r�gime juridique.
PASCALE GU�RICOLAS