22 juin 1995 |
10E COLLOQUE D'�CONOMIE P�TROLI�RE
P�trole: privatiser ou d�mocratiser?
Les pays de l'OPEP font face � de nouveaux joueurs et doivent, en m�me temps, se donner des r�gles du jeu plus transparentes.
La vague de privatisation et de d�r�glementation qui d�ferle sur le monde de l'�nergie, et en particulier sur celui du p�trole, n'est peut-�tre pas la panac�e aux probl�mes que connaissent pr�sentement les pays membres de l'OPEP. Voil� ce qu'a laiss� entendre l'�conomiste Antoine Ayoub lors du discours d'ouverture du 10e Colloque international d'�conomie p�troli�re qui se d�roulait les 19 et 20 juin � Qu�bec sous le th�me �L'�nergie:
privatisation, d�r�glementation et mondialisation�. Selon le professeur du D�partement d'�conomique et pr�sident- fondateur de ces rencontres internationales, les pays de l'OPEP pourraient privatiser tout ce qu'ils ont nationalis� au cours des vingt derni�res ann�es sans changer quoi que ce soit � la situation actuelle qui pr�vaut chez eux s'ils ne se dotent pas d'organismes de contr�le d�mocratiques comme il en existe dans beaucoup d'autres pays. �Le probl�me n'en est pas un opposant organismes publics versus compagnies priv�es mais il est plut�t de l'ordre de l'imputabilit� et du contr�le d�mocratique des institutions. Le gouvernement britannique de Margaret Thatcher a nationalis� BP, ce qui n'emp�che pas les repr�sentants �lus de poser des questions au Parlement sur la gestion et les agissements de cette compagnie. Les pays de l'OPEP ne disposent pas de tels organismes de contr�le d�mocratique, tout le pouvoir est concentr� dans le pouvoir ex�cutif et � la pr�sidence.�
Des bouleversements en s�rie
Depuis le choc p�trolier de 1973, le visage de l'�conomie p�troli�re a connu bien des bouleversements qui ont eu leurs �chos lors des dix rencontres internationales d'�conomie p�troli�re tenues, depuis 23 ans, en terrain neutre, � Qu�bec. �Un pays davantage r�put� pour ses richesses en or blanc qu'en or noir�, a soulign� le ministre des Ressources naturelles, Fran�ois Gendron, qui participait � l'ouverture du colloque. En g�n�ral, ces bouleversements ont contribu� � r�duire la puissance de l'OPEP dans l'ensemble du secteur p�trolier.
� l'instar des autres pays du monde, le Qu�bec a r�duit de pr�s de moiti� sa d�pendance envers le p�trole dans son bilan �nerg�tique global, a rappel� Antoine Ayoub. Par contre, la d�pendance �conomique des pays de l'OPEP envers le p�trole n'a pas diminu�. De plus, de nouveaux pays producteurs ont fait leur entr�e en sc�ne: la Syrie, le Yemen, l'�gypte, l'Angola, la Colombie et les pays de l'ancienne URSS. On attend aussi le r�veil du g�ant chinois qui pourrait bien �tre assis sur des r�serves p�troli�res importantes. Bref, les possibilit�s d'exploitation sont vastes et les compagnies p�troli�res ont le gros bout du b�ton dans les n�gociations avec les pays poss�dant des r�serves de p�trole sur leur territoire.
�Il y a seize ans, s'est souvenu Antoine Ayoub, j'avais �t� invit� par un pays membre de l'OPEP � prononcer une conf�rence que j'avais intitul�e �Apr�s le p�trole, quoi?� . Dans un contexte de privatisation et de d�r�glementation, la question se pose encore plus que jamais aujourd'hui pour ces pays.� JEAN HAMANN
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