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12 janvier 1995 ![]() |
Nancy Perron: vivre ailleurs
Bien qu'ils n'aient jamais �t� victimes de racisme � proprement parler, des jeunes immigrants et immigrantes vivant au Qu�bec demeurent encore et toujours extr�mement pr�occup�s par l'attitude hostile que pourraient avoir les Qu�b�cois � leur �gard. �Malgr� le fait que l'�cole constitue leur principal milieu de vie, ce sont encore les facteurs li�s � la sph�re sociale qui semblent peser plus lourd dans les obstacles � leur int�gration scolaire�, conclut Nancy Perron dans son m�moire de ma�trise supervis� par Roland Ouellet, du D�partement d'administration et politiques scolaires.
Pour les fins de cette �tude portant sur la perception des jeunes des communaut�s ethnoculturelles � l'�gard des obstacles � leur int�gration scolaire, la chercheuse a interrog� douzeimmigrants et immigrantes �g�s entre 14 et 18 ans provenant d'Asie, d'Am�rique Latine, d'Afrique et d'Europe de l'ouest. R�sidant au pays depuis en moyenne trois ans, ces jeunes fr�quentaient des �coles de trois commissions scolaires de la r�gion de Qu�bec. �Confront�s au racisme ou aux pr�jug�s, ces jeunes choisissent deux voies: soit le repli sur soi-m�me, soit l'offensive. Toutefois, la majorit� opterait pour le premier choix, le pacifisme.� Si les �l�ves du secteur primaire de m�me que les gens �g�s sont per�us plus racistes que le reste de la population, c'est le groupe des Noirs qui semblent �tre le plus sensible � toute forme de racisme ou de pr�jug�s, constate la chercheuse.
Au plan scolaire, les participants � cette �tude per�oivent l'�cole qu�b�coise comme �tant trop centr�e sur l'Am�rique du Nord et pas assez sur le reste du monde. Ils estiment aussi que les connaissances acquises dans les �coles qu�b�coises sont beaucoup moins �tendues que celles transmises dans celles de leur propre pays, notamment en math�matiques, en histoire et en g�ographie. � La plupart aiment vivre au Qu�bec, surtout � cause de la libert� d'expression qui y r�gne, souligne Nancy Perron. Mais les jeunes �prouvent toutefois une grande nostalgie quand ils parlent de leur pays d'origine et affirment qu'ils y retourneraient volontiers si la situation �conomique ou politique s'am�liorait chez eux.�
Apr�s avoir compl�t� un baccalaur�at en enseignement au pr�scolaire et au primaire � l'Universit� Laval, en 1989, Nancy Perron a enseign� le fran�ais dans une �cole secondaire situ�e dans un quartier d�favoris� de Toronto o� 95% de la client�le �tait multiethnique: � J'ai trouv� l'exp�rience enrichissante mais terriblement �puisante. Pourtant, je suis contente de l'avoir fait...� Grande voyageuse devant l'�ternel, cette grande jeune femme qui respire l'intelligence r�ve d'aller enseigner le fran�ais dans un camp de r�fugi�s au Vi�t-Nam.
Curieuse des gens et des choses, attir�e par la �diff�rence� depuis qu'elle est toute petite, elle estime enfin qu'id�alement, tous les �tres humains devraient pouvoir rester dans leur propre pays. En attendant que ce voeu pieux se r�alise, Nancy Perron croit que �l'immigration devrait se faire sur la base d'une certaine s�lection�: �Mais sur le plan humanitaire, on devrait pouvoir accueillir tous les r�fugi�s.�
REN�E LAROCHELLE
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