![]() |
12 janvier 1995 ![]() |
Hockey mineur: probl�me majeur?
Pour raviver la flamme du hockey chez les jeunes, il faut oublier les vedettes et la valse des millions et revenir � l'essentiel: le plaisir de jouer.
Le hockey mineur se meurt-il au Qu�bec? Entre 1984 et 1988, alors que le nombre de jeunes Qu�b�cois �g�s de 10 � 19 ans diminuait de 7%, passant de 500 000 � 463 000, le nombre de jeunes pratiquant le hockey chutait, de son c�t�, d'un d�satreux 28%, glissant de 85 000 � 61 000 joueurs. Cette forte baisse de popularit� remonte � plus loin encore puisqu'entre 1975 et 1985, le nombre d'�quipes �voluant dans le hockey mineur est pass� de 7500 � 4700, une diminution de 37%, en d�pit du fait que le nombre d'ar�nas disponibles avait grimp� de 201 � 430. Une �tude nationale r�alis�e en 1987 a d�montr� qu'au Canada, 72% des jeunes abandonnent le hockey apr�s seulement quelques saisons. Le taux d'abandon augmente dramatiquement au fur et � mesure que les joueurs acc�dent � des cat�gories plus avanc�es: 11,3% dans la cat�gorie atome, 22,8% dans le pee-wee, 34,1 % dans le bantam et 50% dans le midget et le junior. En fait, en 1988, seulement 13% des jeunes Qu�b�cois de 10 � 19 ans pratiquaient le hockey dans une ligue organis�e. � se demander si le hockey m�rite toujours son titre de sport national.
Pourquoi les jeunes Qu�b�cois abandonnent-ils en si grand nombre la pratique du hockey? C'est ce qu'a voulu savoir l'�tudiant-chercheur Guy Dugas qui vient de terminer une ma�trise sur le sujet au D�partement d'�ducation physique de la Facult� des sciences de l'�ducation. Supervis� par deux sp�cialistes de la question, les professeurs Ren� Larouche et Gaston Marcotte, Guy Dugas a enqu�t� aupr�s de 219 joueurs �voluant dans les cat�gories pee-wee et bantam de la ville de Qu�bec de m�me qu'aupr�s de 95 parents de joueurs afin de d'identifier les facteurs d'ordre personnel et contextuel favorisant la pers�v�rance ou l'abandon des jeunes hockeyeurs.
�Il s'agit d'une question complexe, reconna�t Guy Dugas, et m�me si l'�tude n'a pas permis de quantifier avec pr�cision l'influence de chacune des composantes, certaines tendances peuvent quand m�me �tre not�es.� Premier constat, les jeunes pratiquent le hockey parce qu'ils en retirent du plaisir et tout ce qui diminue ce plaisir nuit � la poursuite de la pratique de ce sport. �La pr�sence des amis, la possibilit� de s'en faire de nouveaux, un temps de glace ad�quat, la participation � certains tournois, faire de l'activit� physique, am�liorer ses habilet�s ainsi que l'aspect comp�titif du sport et la possibilit� de faire carri�re constituent des facteurs qui, de l'avis des joueurs, augmentent le plaisir que leur procure la pratique de ce sport.�
Par contre, les �l�ments qui poussent les jeunes � l'abandon sont tout aussi nombreux. �Le risque de blessures, les critiques de la part de l'entra�neur, un temps de glace insuffisant, la violence, la trop grande emphase mise sur la comp�tition, le travail de certains arbitres, le choix de la position occup�e par le joueur ainsi que l'importance accord�e par les entra�neurs aux habilet�s de base sont autant de facteurs qui peuvent affecter n�gativement le plaisir de pratiquer le hockey sur glace�, rapporte Guy Dugas.
L'�tude tend � d�montrer que les entra�neurs partagent �quitablement le temps de glace entre leurs joueurs bien que ceux-ci croient que leurs habilet�s jouent un r�le important dans le temps qui leur est accord�. Les entra�nements pourraient jouer un r�le important dans le plaisir de jouer au hockey puisque les joueurs ont alors davantage de temps de glace pour jouer et am�liorer leurs habilet�s, les erreurs qu'ils commettent sont moins co�teuses et ne leur attirent pas les sarcasmes des spectateurs. Il semble cependant que pour tirer le maximum des s�ances d'entra�nement, il faudrait fournir un meilleur encadrement aux entra�neurs.
Bien que beaucoup de parents assistent aux parties de leur enfant, le calendrier des matches ne semble pas leur plaire outre mesure puisqu'il affecte bien souvent leurs propres activit�s familiales ou de loisirs. �Il est peut-�tre temps de repenser la mani�re de concevoir le calendrier des activit�s de hockey au niveau pee-wee et bantam afin de permettre � tous les membres de la famille d'avoir des activit�s de loisirs � des heures qui leur plaisent, estime Guy Dugas.
Selon l'�tudiant-chercheur, le probl�me de d�sistement que vit le hockey a des causes multiples qui pointent cependant vers un d�nominateur commun: la perte du plaisir de jouer. Selon lui, un pourcentage non n�gligeable de joueurs abandonnent non pas la pratique de l'activit� physique mais bien le hockey puisqu'ils se tournent vers d'autres sports. �Il est clair que le hockey sur glace �tait encore en perte de vitesse en 1989-90. Le monde du hockey se doit de r�agir et tr�s rapidement.�
JEAN HAMANN