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9 f�vrier 1995 ![]() |
R�partition des fonds de recherche du gouvernement f�d�ral LE QU�BEC AURAIT TORT DE SE PLAINDRE
En ces temps de pr�-campagne r�f�rendaire, la bataille des chiffres va-t-elle reprendre de plus belle comme lors de la pr�c�dente consultation en 1980? Certains combattants semblent aff�ter leurs armes dans cette perspective et esquissent m�me quelques passes d'armes pour se remettre dans le bain. Ainsi, Aur�le Beaulnes, m�decin de formation et ancien haut fonctionnaire � Ottawa et � Qu�bec, part en guerre contre ce qu'il qualifie de fausse perception de la r�alit�, la part du Qu�bec dans le programme scientifique f�d�ral.
Selon le conf�rencier, qui s'exprimait la semaine derni�re devant les Amis de Cit� Libre, le Parti Qu�b�cois a tort de pr�tendre que la province re�oit seulement 11 ou 18 % du budget f�d�ral allou� � l'ensemble des scientifiques canadiens. � l'entendre, cette affirmation, maintes fois r�p�t�e par les souverainistes, s'apparente � un refrain mis�rabiliste qui �contribue au climat de morosit�. Pour Aur�le Beaulnes, la v�ritable part du Qu�bec s'�tablirait plut�t � 30 % des sommes redistribu�es par Ottawa.
Une question de point de vue
�En r�alit�, les performances des scientifiques et des ing�nieurs au Qu�bec sont excellentes, en particulier dans les domaine des sciences sociales et humaines et des contrats spatiaux�, affirme l'ancien conseiller au minist�re de l'Industrie du Commerce et de la Technologie. Ce scientifique de carri�re remarque que plusieurs facteurs expliquent certainement cette mauvaise interpr�tation de chiffres �pourtant disponibles dans les rapports annuels de diff�rents organismes�. Selon lui, les critiques les plus virulents ne connaissent pas les diff�rentes composantes du syst�me scientifique et ont tendance � confondre all�grement innovation, recherche et recherche fondamentale. Or, insiste Aur�le Beaulnes, la science ce n'est pas que de la recherche, c'est bien plus que cela.
Pour le conf�rencier, cette erreur fondamentale serait � l'origine de la pol�mique sur les sciences intra-muros et les sciences extra-muros. Bien des souverainistes affirment en effet que l'Ontario re�oit plus que sa juste part en mati�re de recherche scientifique car Ottawa compte un tr�s grand nombre de laboratoires f�d�raux. Pourtant, selon l'ancien haut fonctionnaire, la majorit� des activit�s de ces laboratoires concerneraient la recherche appliqu�e ou des t�ches connexes comme l'analyse ou la compilation de donn�es. �L'ensemble des Canadiens b�n�ficient des travaux effectu�s dans ces laboratoires�, remarque Aur�le Beaulnes, qui ajoute que la recherche originale �n'y occupe qu'une place marginale�. Une analyse fragmentaire
� trop calculer ce que le Qu�bec devrait retirer du budget pour la science en fonction de son poids d�mographique dans la F�d�ration, le conf�rencier craint �galement un certain nivellement par la m�diocrit�. Apr�s tout, explique-t-il, la recherche co�te tr�s cher et il est l�gitime que les crit�res d'attribution des subventions reposent sur l'excellence et la comp�titivit� des projets pr�sent�s. D'autant plus que la plupart du temps, des comit�s de pairs form�s dans de multiples disciplines scientifiques examinent les demandes des chercheurs.
�Certains pratiquent une analyse fragmentaire de la r�alit� lorsqu'ils affirment, par exemple, que la part du Qu�bec s'�l�ve � seulement 11%, note Aur�le Beaulnes. Ils ne s'int�ressent qu'� un seul type de programme dont le rendement varie selon le nombre de demandes.� Ce f�d�raliste convaincu croit donc fermement � la performance des scientifiques qu�b�cois, soutenus dans plusieurs domaines, comme l'a�ronautique, par le gouvernement central. Et de citer la pr�sence de 32 laboratoires f�d�raux au Qu�bec, dont une dizaine n'ont pas encore souffl� leurs dix bougies. �Qu'adviendra-t-il de ces �tablissements si le Qu�bec coupe les liens avec le reste du Canada?� interroge le conf�rencier. Dans les mois � venir, il ne sera certainement pas le seul � se poser ce genre de questions.
PASCALE GU�RICOLAS