23 f�vrier 1995 |
EMPLOI
UN RAYON � EXPLOITER
Anne Gauthier et Nicolas Morais visent haut: faire leur niche dans le domaine des jeux technologiques de pointe.
Les deux pieds bien camp�s sur une plate-forme tournante, le joueur du M�tropolis-laser balaye du regard le d�cor urbain qui l'entoure � la recherche des bandes de malfrats � abattre. Arm� d'un phaseur, il pulv�rise chacune des cibles fixes surgissant au d�tour d'une fen�tre ou � l'ombre d'une ruelle, de son puissant rayon laser rouge. La fum�e qui sort du plancher et la bande sonore tonitruante accentuent encore l'intensit� dramatique de la sc�ne. Voici, pr�sent� en quelques mots, le premier jeu mis au point par les Amusements Gautech-Laser, une jeune entreprise de Sainte-Foy, dont le directeur des op�rations termine sa ma�trise en g�nie �lectrique � l'Universit� Laval et la pr�sidente un baccalaur�at en sciences de l'administration.
�J'ai ressenti le potentiel offert par le laser lors d'un voyage � Toronto, en participant � un jeu d'adresse qui se d�roulait dans un labyrinthe, explique Anne Gauthier. Les jeunes de notre g�n�ration recherchent constamment de nouveaux types de divertissement de haute technologie. Il n'y a qu'� voir le nombre de petits jeux �lectroniques qui sortent sur le march�.� � son retour de la Ville reine, elle a donc r�fl�chi � un produit utilisant le laser, susceptible de devenir un amusement populaire. Cette aventure bouleversait d'ailleurs quelque peu son plan d'�tudes puisque l'�tudiante, d�j� titulaire d'un baccalaur�at en biologie, poursuivait des �tudes de premier cycle en administration afin de devenir comptable agr��e. Aujourd'hui, elle ne regrette pas son choix car elle applique directement les th�ories acquises sur les bancs de l'�cole, tout en continuant son baccalaur�at.
Premier contrat
Anne Gauthier a donc recrut� des ing�nieurs, capables de mettre au point un jeu d'adresse utilisant la technologie laser, parmi les finissants de g�nie �lectrique et de g�nie physique �afin de rester dans notre tranche d'�ge�, pr�cise-t-elle. La jeune entreprise a pris son envol en septembre dernier. Avec un contrat de vente pour le jeu M�tropolis-laser d�j� sign� avec le propri�taire de la salle de billard Le tapis vert en poche, les Amusements Gautech-Laser ont r�ussi � obtenir des pr�ts aupr�s de Desjardins.
Gr�ce � ce premier financement, ils ont pu produire en quelques mois un premier prototype dans la s�rie Les jeux du futur. �Mes �tudes m'ont fait gagner du temps notamment dans la r�daction du plan d'affaires car j'avais des notions sur les diff�rents points � aborder, explique Anne Gauthier. Mais lorsqu'on se retrouve en affaires, il faut faire face � l'impr�vu et surtout apprendre � n�gocier avec les gens.�
Nicolas Morais utilise �galement ses connaissances g�n�rales en optique, en laser, en �lectronique acquises au Centre d'optique, photonique et laser de l'Universit� Laval. L'�tudiant reconnait que la recherche de fournisseurs effectu�e dans le cadre de sa ma�trise sur la communication par fibre optique, sous la direction de Michel Duguay, professeur au D�partement de g�nie �lectrique, l'a beaucoup aid� pour acheter de l'�quipement. �Chaque cible dispose de capteurs optiques qui d�tectent le laser, explique le directeur des op�rations. L'ordinateur enregistre les coups tir�s et les coups r�ussis.� Les joueurs qui d�cident d'affronter � un niveau de difficult� plus �lev� disposent de r�serves d'�nergie dans leur phaseur. En tirant sur des cibles sp�cifiques, ils rechargent leurs batteries mais n'acqui�rent pas de points.
Les difficult�s de la vraie vie
M�me si les principes du jeu semblent assez simples, les ing�nieurs de Gautech-laser ont �prouv� quelques difficult�s � passer des essais en laboratoire � l'installation dans la v�ritable salle de jeu. L'�tape la plus difficile a �t� d'�tablir une communication sans fil entre l'ordinateur qui enregistre les coups et le phaseur, du fait d'une mauvaise alimentation �lectrique. Le fonctionnement � grande �chelle rend en effet sa r�alisation complexe. � titre d'exemple, l'ordinateur doit g�rer les coups sur 150 cibles diff�rentes, contr�ler la quantit� de lumi�re et la trame sonore, activer la machine � fum�e. Ouf!
Pour parvenir � conjuger le d�marrage de l'entreprise avec ses cours et bient�t l'entra�nement intensif pour se pr�senter au concours de comptable, la dirigeante d'Amusements Gautech-Laser explique qu'elle apprend � g�rer son temps. Mais surtout, elle s'efforce de s'entourer d'un personnel autonome, susceptible de prendre des d�cisions relatives � son secteur d'activit�. Car la jeune dirigeante voit grand. Selon elle, la commercialisation du jeu va n�cessiter le d�veloppement d'une v�ritable structure de vente puisque l'entreprise vise les march�s nationaux et m�me internationaux.
PASCALE GU�RICOLAS